Chapitre 5

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Le dimanche matin, après le petit déjeuner, Lana informa Bastian qu'il n'y aurait pas de sortie avec Scott aujourd'hui parce qu'un ami allait lui rendre visite. Son fils se contenta de hocher la tête gravement et de retourner à ses devoirs dans la salle de séjour. Ce qui interpella sa mère puisqu'il était un naturel plus curieux d'ordinaire. Lana, quant à elle, feuilletait un magazine sans vraiment en déchiffrer une traître ligne. Lorsque la sonnette rompit le silence de la pièce, elle sursauta légèrement, le cœur tambourinant contre ses côtes. C'était Derek.

Lana se dirigea d'un pas peu assuré vers l'entrée. Pour un œil non averti, elle donnait l'impression d'avoir bu. Cependant, ce n'était que l'adrénaline qui pulsait dans ses veines qui la rendait nerveuse. Juste avant le grand saut vers l'inconnu. Elle ouvrit le battant en grand et son souffle se bloqua dans sa gorge. Ses yeux verts s'illuminèrent quand ils se posèrent sur un Derek dans une version plus mature. Pourtant, il n'avait pas réellement changé. Il était toujours aussi beau avec sa tignasse brune et ses iris bleu foncé qui l'envoûtaient corps et âme. De son côté, Derek l'étudiait également avec autant d'intensité. Comment la trouvait-il ? De longues minutes s'écoulèrent dans un silence total. Soudain, le froid eut raison d'elle. Elle revint à elle et l'invita enfin à entrer.

Dans le couloir, ils continuèrent à s'observer. Lana eut l'impression de revenir à ses seize ans, au temps où elle ne pouvait détacher ses yeux de la splendide silhouette du capitaine de football. Ils se serrèrent à s'étouffer, avant de se séparer, aussi ému l'un que l'autre.

— Lana... Tu es superbe.

— Merci, Derek. Entre. Bastian est dans le salon ; il fait ses devoirs. Je l'ai prévenu qu'un ami me rendait visite.

— Merci de ton accueil.

Lana le précéda dans le hall et se dirigea vers la salle de séjour. Pendant qu'il la suivait, il eut le temps de contempler sa démarche élégante. La jeune fille d'antan avait bien changé pour laisser place à une femme d'une beauté discrète avec des formes harmonieuses. Quel fou, il avait été ! Elle n'aurait pas déparé à son bras, lors des cocktails.

Bastian se leva et approcha pour saluer leur invité. Lana posa une main affectueuse sur l'épaule de son fils.

— Chéri, je te présente mon ami, Derek, annonça-t-elle. Il va rester avec nous toute la journée.

Derek n'avait d'yeux que pour son fils. Il ne pouvait nier sa paternité : les mêmes yeux bleu nuit, les cheveux aussi bruns que les siens. L'émotion lui étreignit la gorge et lui comprima le cœur. Pour la première fois de sa vie, il eut envie de verser des larmes. Sur le temps perdu. Sur le chagrin infligé à Lana. Ils auraient pu former une famille. Le vide intérieur semblait se combler peu à peu.

Bastian fronça les sourcils.

— Alors, c'est vous mon père ? demanda-t-il abruptement.

Les adultes sursautèrent dans un bel ensemble. Puis, ils dévisagèrent l'enfant bouche bée. Les yeux de Lana se noyèrent d'eau, incapable d'articuler un son, tant sa gorge était prise dans un étau.

— J'ai entendu Scott et maman parler de vous.

— Oui, je suis ton père, bonhomme, confirma Derek.

— Où étiez-vous pendant tout ce temps ?
— J'étais perdu, répondit-il d'une voix rauque. Est-ce que je peux t'embrasser ?

Les larmes roulèrent sur les joues de Bastian et il éclata en sanglots. Dans un élan, il se jeta spontanément dans les bras de son père qui le souleva contre lui. Papa. Il pouvait enfin prononcer ce simple mot si longtemps absent de son vocabulaire. L'enfant s'accrocha à son cou, comme pour le retenir de le quitter à nouveau. Mais Derek n'avait plus l'intention de l'abandonner. Ému par ce geste, il ne put plus se retenir ses propres larmes. Elles se mirent à ruisseler tout aussi abondamment. Lana était également en pleurs, en observant le père et le fils réunis.

Son Premier AmourWhere stories live. Discover now