Chapitre 2

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Arrivé à la salle de cours, l'accompagnateur communique avec moi pour m'expliquer le cours. Ayant la tête ailleurs, je pense au jeune gothique qui m'a sauvé. Jamais quelqu'un ne m'a intrigué de la sorte. Il m'a sorti d'un sacré pétrin en y réfléchissant bien, pourquoi il a fait ça ?

Je me ressaisis et me souviens que je suis en cours, je dois me concentrer. Contrairement à ce qu'on peut penser, j'aime bien apprendre, les enseignements qu'on nous inculque me convient parfaitement. Je sais que je ne risque rien pendant les heures de cours, même pas de réflexions désobligeantes, j'ai l'impression d'être invisible et ça m'arrange. Si seulement ça peut aussi être pareil en dehors des salles de cours. Malgré que mon esprit soit rempli de questions sans réponses, les cours semblent s'enchaîner à une vitesse sans que je l'aperçoive. À la pause, je me dirige vers un coin isolé de tout regard, je préfère rester seul. Mon cœur bat assez vite rien qu'à penser comment tout s'est arrivé.

Je m'assois sur ce banc en bois, totalement usé par le temps et qui a sûrement été déplacé à maintes reprises. Un petit groupe d'élèves passent devant moi, super, moi qui veut être seul... Alors que l'une d'entre elles tourne son regard en ma direction avant de sortir un rire moqueur. Allez, une moquerie supplémentaire alors que je n'ai rien demandé. J'ignore ce qu'elle peut bien dire à mon égard, puis, sort un grand carnet vide, un critérium et je me mets à dessiner ce qui me passe par la tête. Mes pensées se libèrent de ce quotidien empoisonné que je subis sans arrêt, les traits de la mine prennent forme et un paysage prends place sur la feuille. Des montagnes sont représentés avec de la verdure, même le ciel a été détaillé avec les nuages, les arbres sont ajoutés également. Avec l'ajout des couleurs, je suis sûr que le résultat sera plus que magnifique, pourtant je n'ai jamais pris de cours de dessin avant. A force de dessiner, c'est l'habitude.

Seulement ma minute de bonheur s'estompe très vite quand je revois le groupe des trois garçons de ce matin. Je sens une montée d'angoisse me parcourir le corps. Mon instinct me dit de fuir, mais je me retrouve vite pris par un cul-de-sac. L'un d'eux m'arrache mon carnet de dessin, malgré que j'aie voulu l'en empêcher, les deux autres m'ont neutralisé. Qu'ils se paient ma tête ça reste à la limite du supportable, mais qu'on me prenne mes affaires je ne suis pas d'accord, surtout si c'est mon carnet pour dessiner. Mais, impuissant comme je suis, seul contre trois le compte est vite fait, c'est perdu d'avance.

- Alors ? Comme ça tu dessines, hein ? Ça ne te dérange pas si je jette un œil, le sourd ? Me balance celui qui a mon carnet de dessin avant de tomber sur mon croquis.

- Alors Kyle ? Il dessine quoi des grosses poitrines de femmes ? Demande l'un des de ses deux copains qui me tient.

- Laisse Zaïn il n'y a rien dedans, juste des montagnes ridicules gribouillées au crayon, rien d'intéressant, lui répond le dénommé Kyle, avant de jeter l'objet au sol tel un déchet.

- Sinon on lui règle son compte ? Demande le troisième.

Sans que prenne le temps de comprendre, je ressens une énorme douleur au niveau des côtes, puis au visage. Il ne m'a pas fallu attendre avant de comprendre qu'ils ont décidé de me ruer de coup de pieds et de coup de poings. Le souffle coupé à chaque coup reçu, je me retrouve vite recroquevillé au sol, sans défense et la douleur qui se multiplie. Le choc est tellement puissant que mes yeux se ferment, me plongeant dans le noir complet. Peut-être que ma vie doit se finir comme ça après tout, je ne vais pas manquer aux gens, désolé tante Kaïla de te rouvrir une nouvelle cicatrice.

J'ouvre difficilement les yeux, une forte lumière m'éblouie, avant de laisser la vue libre. Je vois un plafond blanc, puis l'ampoule au plafond au-dessus de moi, l'odeur me le confirme bien, je suis à l'hôpital. Je suis donc bien vivant, mais en jetant un rapide coup d'œil à mon corps, je constate que les douleurs sont toujours présentes. Cependant, c'est aux côtes que j'ai vraiment mal. Ça m'empêche de respirer, c'est atrocement douloureux. À ma droite, une infirmière me prépare les soins que je dois avoir, mais ce qui est inhabituel, c'est que ma tante n'est pas encore arrivée, ce n'est pas dans son habitude. Ayant remarqué que je me suis réveillé, l'infirmière me parle tout en articulant, étant une collègue de ma tante elle sait que je me fie aux mouvements des lèvres. D'après ce que je viens de comprendre, on m'a transporté d'urgence à l'hôpital depuis mon lycée et que c'est un élève qui a alerté les surveillants. Autant surprenant que ça peut paraître, je me demande si cet élève en question n'est pas celui qui m'a sauvé ce matin. Mais si c'est le cas, pourquoi je me retrouve ici, lui qui a bien réussi à mettre mes agresseurs à terre. Ou alors c'est quelqu'un d'autre, je ne vois pas d'autres option, enfin bref, j'ai échappé de peu à la mort, d'après ses dires. Au même moment un médecin entre dans la chambre, blouse blanche large, de corpulence mince, cheveux mi-long blond. Il me questionne si je suis bien allongé et me demande comment je me sens. Mais rien qu'à voir la tête crispée par la douleur des côtes, il comprend déjà.

Le rêveur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant