~Chapitre 17: Affliction~

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Kurt ouvre les yeux et porte sa main à son visage. Il se masse les tempes. Maintenant, il prend de ses deux mains son visage affligé d'une douleur mentale. Il se redresse sur sa chaise et fixe le miroir disposé devant lui.

Pendant un long moment, il regarde son reflet, et l'homme qu'il a choisi d'être. Un frisson d'angoisse lui traverse la nuque et se dissipe dans son corps. Il ne dort pas. Il en est incapable sachant que Madeline ne ferme pas les yeux non plus.

Ce soir, Höss a donné l'autorisation à Alda, Josef et Liliane de quitter le camp. Heureusement, ils n'ont aucune sanction, ni aucune égratignure. Mais pourtant, Kurt ne se sent pas moins léger d'esprit. Il ne peut pas quitter Auschwitz sans avoir réalisé une dernière petite chose. Et cette chose, il ne peut pas la laisser tomber.

Il regarde sa montre. 1:28 am. Helga devrait arriver d'un moment à l'autre. Il espère fortement qu'elle ne l'a pas laissé tomber.

À 1:30 am, on cogne à la porte de sa pièce de détention. Il marche lentement vers celle-ci. Elle est déverrouillée. Les deux gardes qui patrouillaient à l'extérieur sont désormais étendus sur le sol, assommés. Helga tient toujours fermement sa matraque.

- Qu'allez-vous faire maintenant ? lui demande-t-elle en baissant son arme.

Ignorant sa question, Kurt vérifie qu'aucun garde ne traîne dans le secteur. Il s'exclame :

- Êtes-vous certaine que personne ne vous a vue ?

- J'en suis certaine.

- Maintenant, retournez dans votre baraque Helga.

- Et vous ?

Kurt revient sur le visage inquiet de la chef-gardienne.

- Ne vous en faites pas pour moi. J'ai pris ma décision. Maintenant, fuyez.

Kurt lui prend les épaules avant de l'étreindre chaleureusement, ce qui ne lui déplaît pas.

- Merci Helga...

Helga reste bloquée. Elle voudrait lui dire tout ce qu'elle ressent pour lui. Elle ne le peut pas. Elle ne pense qu'au moment où elle ne sera plus en face de lui et où elle pourra déverser son désespoir. Elle résiste à l'envie de l'étreindre un peu plus longtemps. Lentement, elle décroche ses bras enroulés autour de ses épaules et lui sourit timidement.

- Adieu Kurt.

Elle tourne les talons et se dirige vers la porte d'entrée du block de détention. À peine a-t-elle refermé la porte que ses larmes dégoulinent sur son visage tordu de douleur.

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Madeline suffoque. Elle peine à retrouver son souffle coupé. Elle nage dans une flaque de fluide composée d'eau, de sang, et d'autres mélanges méconnaissables. Les hurlements de la femme présente dans la salle de torture lui dévorent l'âme. Elle veut que cela cesse. Elle plaque ses mains sur ses oreilles pour éviter que les cris de souffrance parviennent à la rejoindre. Elle se débat entre ces quatre murs qui semblent se rapprocher à chaque fois qu'elle ferme les yeux.

La faim la hante, la douleur l'affaiblit, la peur la déchire. Elle ne sent plus ses pieds, ses doigts. Elle ne pourrait plus dire depuis combien de temps elle est enfermée ici.

Les hurlements déchirants de la femme se terminent enfin, et Madeline laisse tomber ses bras amaigris qu'elle ne supporte plus sur le béton inondé. Elle fixe pendant de longues minutes l'affreuse porte de sa cellule. Des ombres noires passent devant sa porte. Elle entend des rires, des blagues, mais son cerveau ne les filtre pas. Son visage crasseux est inexpressif. Du sang séché et des plaies creuses se sont tracés sur sa peau qui était autrefois douce et laiteuse. Bientôt, ce sera son tour.

Le SS qui aimait une juiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant