Chapitre 11

Depuis le début
                                    

— Et vous... vous allez vraiment patrouiller les rues ?

— Bien sûr, comme au bon vieux temps. On a récupéré nos armes. Ca fait du bien de reprendre du service. Même si je doute que ce shedu soit assez con pour se montrer sous notre nez. Mais je commençais à me sentir inutile. Et puis, comme ça, les gens auront moins peur de nous. On pourra s'intégrer, petit à petit, vivre notre vie et...

Cette fois, le sang de Sylvain ne fit qu'un tour. Peut-être en avait-il assez d'avoir peur.

— Et vous laisseront saigner à mort quelques filles comme Coralie, hein ?

Le vampire fronça les sourcils :

— Pour Coralie, Ce n'est pas du tout ça.

— Ah, non ! Elle s'est juste planté deux aiguilles à tricoter dans la jugulaire...

Le vampire sauta sur ses pieds, poussant une sorte de feulement. Sylvain n'eut pas même pas le temps d'être terrifié alors qu'il le saisissait par l'épaule et l'envoyait littéralement faire un vol plané pour finir sur le sol entre deux bancs. Il se remit debout presqu'aussitôt, à peine conscient de la douleur de l'impact, dans son dos, alors qu'un bruit de meubles renversées résonnait au fond du patio.

Un forme gigantesque, brune, vaguement humanoïde, couverte d'écailles s'avançait vers Hjalmar qui avait reculé, laissant quelques tables entre lui et la créature. La tête était allongée comme celle d'un loup avec des dents immenses qui luisaient faiblement à la lumière électrique. Le démon ! Pourtant, on n'était que lundi. Un cri retentit derrière la verrière qui entourait le patio. Cette chose allait manger tous les clients en un clin d'œil. Pendant ce temps, le vampire brandit une sorte d'objet long et pointu. Une épée. Une vraie. Comme au cinéma. Du coin de l'oeui, Sylvain vit des gens s'arrêter derrière les vitres et pointer les deux silhouettes en discutant avec animation.

— Allez-vous en ! hurla-t-il.

Sans effet.

La chose s'accroupit et sauta par-dessus les tables. Hjalmar l'esquiva et elle s'écroula avec fracas sur la tour en plastique destinée aux jeux des enfants. Des jeunes sortirent leurs téléphones croyant sans doute à un évènementiel autour du film dont Sylvain avait vu l'affiche.

— Mais, c'est un vrai démon! Barrez-vous !

Peine perdue. Les gens filmaient de plus belle. Entretemps, Hjalmar avait rejoint le monstre et abattit son épée. Celui-ci roula sur le sol pour se mettre hors de portée, renversant un cinquantenaire qui venait d'entrer dans le patio afin d'avoir une meilleure vue. Son téléphone vola dans les airs et s'écrasa quelque part derrière un pot de fleurs. Il y eut un flottement dans l'assistance. Ce genre d'épisode n'était peut-être pas prévu au scénario. L'homme s'éloigna sans demander son reste. La créature se releva d'un bond, piétinant l'homme et se rua sur Hjalmar à nouveau. Il avait vraiment l'air de lui en vouloir, à lui, pensa Sylvain. Il n'avait même pas tenté de dévorer le spectateur. Peut-être préférait-il les vampires. Hjalmar recula, feintant à gauche et à droite. Derrière lui se trouvaient les portes du Mac Donald, ses clients tous collés sur les vitres. Un vent de panique traversa Sylvain. S'ils allaient se battre là dedans, ce serait un carnage. Il fallait qu'il trouve quelque chose. La créature avançait, toute son attention semblant fixée sur sa cible. Il saisit un banc et le fit glisser entre ses jambes immenses. La chose trébucha, mais à sa grande horreur, parvint à se rattraper à une table. Cependant, cela suffit à Hjalmar pour agir. Sylvain vit un arc de cercle luire faiblement dans les airs une masse de liquide jaunâtre et poisseux l'aspergea. L'être hurla et s'évanouit dans les airs.

L'espace de quelques battements de cœur, ni Sylvain, ni Hjalmar ne parlèrent, tandis que les clients retournaient à leurs affaires après quelques photos de plus.

SAMU PS: Un stage mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant