Chapitre 2

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Le jeune homme ne put que hocher la tête. Sans plus de commentaires, Christine se retourna et marcha à grands pas vers le garage, envahi par le bruit assourdissant du moteur de l'ambulance. Elle lui fit signe de monter et il se retrouva assis à coté de l'ambulancier, un homme à la cinquantaine potelée qui devait être plutôt jovial d'habitude, mais à l'instant, affichait une mine soucieuse.

— Doit-on appeler les pompiers en renfort ? demanda-t-il.

Christine secoua la tête, les sourcils froncés.

— Non. Je crois qu'on y arrivera sans, comme l'autre fois.

Le camion démarra, sortit de l'enceinte de l'hôpital et s'engagea dans la rue toutes sirènes hurlantes. Il était près de 8h30 et le trafic était à son comble. L'ambulance louvoyait entre les véhicules, traversait au feu rouge des carrefours pleins de monde, empruntait des rues à contresens dans une combinaison d'accélérations et de coups de freins. Les dents serrés, Sylvain se cramponnait à son siège, pétrifié de terreur. C'était bien plus impressionnant qu'un jeu vidéo ! Sa chef lui serra le bras pour le faire sortir de sa transe :

— Je te présente Etienne, notre ambulancier. Etienne, voilà Sylvain, notre nouvel externe.

— Enchanté, fit l'homme sans quitter la route des yeux. Il a été briefé ?

— Non.

Il y eut un silence.

— Bon, reprit Christine. On a été appelés pour un malaise hypoglycémique chez un diabétique insulinodépendant. Tu connais les signes de l'hypoglycémie ?

L'étudiant n'eut pas besoin de se creuser la cervelle. Il avait passé son hospitalisation à potasser ses cours pour ne pas prendre de retard.

— Faim, sueurs, angoisse, malaise, agitation, délire, convulsions, coma.

— Bien ! Ce patient, on le connait. Il est très costaud et a tendance à devenir très agressif quand il est en hypo. Il est capable de frapper ou de... mordre. C'est... C'est un loup-garou.

— Pardon ?

— Un loup-garou répéta rapidement sa chef.

Ce devait être du jargon.

— C'est quoi, un loup-garou?

Elle le fixa dans les yeux:

— Un individu capable de se transformer en loup. Tu sais, cet animal au pelage gris, avec quatre pattes, une queue, une gueule et des dents.

Sans doute, faisait-elle de l'humour. Cette plaisanterie était pourrie, mais il fallait faire bonne impression. Sylvain esquissa un sourire poli. Christine secoua la tête et lui serra le bras:

— Je ne plaisante pas! Il se transforme vraiment en animal!

— C'est ça! Je sais qu'on fait toutes sortes de blagues aux nouveaux, mais tu ne penses pas que c'est un peu gros ?

Elle soupira et lâcha son bras.

— OK, tu verras bien assez tôt. Je t'aurais bien laissé dans le service, mais on manque cruellement de bras... On n'a pas encore d'infirmières, ni d'internes. Rappelle-toi de faire gaffe.

Sylvain hocha la tête. Il avait fait son stage de deuxième année aux Urgences où les patients agressifs n'étaient pas rares. Au moins, les diabétiques ne pouvaient être tenus responsables de leur comportement lors des hypoglycémies. Pas comme d'autres...

— Traitement ? continua Christine.

— Patient conscient : resucrage par voie orale. Patient comateux : deux ampoules de glucose heu... à trente pour cent en intraveineux. Si intraveineuse impossible : glucagon, une ampoule en intramusculaire.

SAMU PS: Un stage mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant