Carla

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J'ai tellement de choses à lui dire mais je ne sais pas par où commencer. Je cherche mes mots pour lui résumer la situation.

- Elle m'en veut énormément. Elle a essayé d'obtenir mes coordonnées par mes parents, puis au près de Paul mais elle s'est heurtée à un mur. Je ne savais pas que ma famille faisait bloc pour me protéger.

- Tu ne peux pas leur en vouloir. Ils t'aiment et veulent le meilleur pour toi.

- J'en ai conscience et je les remercie pour leur aide mais j'aurais juste voulu savoir qu'elle me recherchait....

- Tu crois sincèrement que cela aurait pu changer la donne?

Il a raison. Je ne l'aurais pas recontacté à ce moment-là. J'avais honte. Honte que mon mariage soit parti à la dérive, honte de ne pas avoir su prendre soin de cette vie qui grandissait en moi. Jamais je n'aurais été capable d'affronter son regard, elle à qui tout réussit.

- Non mais j'aurais eu l'impression que quelqu'un se souciait de moi.

- Tu ne peux pas repousser les gens et puis leur reprocher de ne pas avoir pris tes nouvelles. Ce n'est pas logique.

- Je sais...

Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens. Tant de sentiments se contredisent en moi. Mon geste était un appel au secours. Une façon de me prouver que j'existais, que je comptais pour les autres. C'est dur de le formuler à voix haute et surtout je ne suis pas certaine qu'il puisse me comprendre. J'ai moi-même parfois du mal à le faire.

Je me concentre sur le présent et poursuit mon récit.

- Elle connait toute l'histoire car Xavier a fini par craquer et tout leur avouer. Il ne supportait plus d'entendre les gens déblatérer sur mon compte. J'étais celle à abattre, celle qui était partie, la fautive... Puis lors d'une soirée arrosée, il a craché le morceau. Ils ont tous été très choqué et n'ont pas compris son attitude. On ne trompe pas sa femme, ce n'est pas dans leurs principes. Un froid s'est ensuite installé entre eux et le temps a finit par les éloigner. Apparemment, ils ne l'ont pas revu depuis.

Ce n'est pas ce que je voulais. Ses amis, c'était tout pour lui. Je ne peux pas m'empêcher d'être triste car au final, j'ai fais tout ça pour rien.

- A quoi penses-tu?

Je m'abstiens de lui dire. Il ne comprendrait pas. C'est inutile de créer des tensions pour rien.

 - A tout et rien. Cette soirée a été épuisante. Trop d'émotions pour moi.

- Et avec Manon, vous allez vous revoir?

- Elle souhaitait nous inviter tous les deux mais j'ai refusé. Je préfère y aller seule dans un premier temps et voir comment cela se passe. J'aurais tout le temps pour te présenter à elle et son mari.

Avec une pointe de jalousie, je pense à son couple. Ils forment une parfaite petite famille avec leurs enfants. Elle a ce que je n'aurais jamais. Allez, il faut que je me concentre sur des pensées positives. J'ai un logement, une famille..

- Oh merde, ma famille. Ils ne sont pas au courant pour nous. 

- Comptes-tu leur annoncer?

- Ou, je n'ai pas le choix après notre officialisation sur les réseaux sociaux. En espérant qu'ils ne l'apprennent pas avant, cela ne serait pas correct envers eux. Ils seraient forcément déçus. Je vais leur dire au téléphone dès demain. Ils risquent d'être surpris mais je suppose qu'ils seront heureux pour moi.

- Je peux t'accompagner demain soir, sinon. On fera front ensemble.

Je sens que je vais le vexer. Il ne peut pas exiger de la franchise et ne pas aimer mes réponses, ça serait trop facile.

- Ne le prend pas mal mais je ne compte pas te les présenter avant un moment.

- Je ne compte pas assez pour toi. Je ne suis qu'une passade, un pansement sur tes blessures? 

Oh qu'il m'énerve.

- C'est bon, tu as fini de raconter n'importe quoi! Tu te rends compte de l'absurdité de tes dires? Jamais, je n'ai pensé de cela de toi. Je voulais simplement dire que je voulais que notre relation ait plusieurs mois avant de le faire. Ils ont été très affecté par mon divorce car ils étaient attaché à Xav'. Cela ne veut pas dire qu'il ne te feront pas un bel accueil mais ils seront sur leurs gardes. Alors que si je prend mon temps, que je leur parle de toi, naturellement, ils voudront faire ta connaissance.

- Si tu le dis...

Je suis fatiguée, lasse de me battre. Il ne peut pas exiger plus que je suis prête à lui donner. J'en ai vraiment marre.

- Je suis crevée, je vais me coucher. Fais ce que tu veux mais préviens moi si tu pars que je ferme à clé derrière toi.

Au moment où je m'apprête à tourner les talons. Il me rattrape et me prend dans ses bras.

 - Pardon ma puce. Je sais que je suis parfois excessif dans mes réactions.

Parfois? C'est un euphémisme. Je me retiens de tous sarcasmes, cela ne ferait qu'envenimer la situation.

- Je voudrais juste que l'on arrête de se prendre la tête pour un oui ou pour un non. J'aimerais une relation douce, calme, sans heurts permanents.

- On va y arriver. Il faut que l'on prenne nos marques mais je te préviens de suite. Nous ne serons jamais calme, ce n'est pas dans nos tempéraments. Nos deux caractères ensembles sont explosifs.

Il rigole mais je ne comprend pas. Qu'est ce qui est drôle dans notre situation? 

- Tu ne vois pas ce qui me fait sourire?

- Vraiment pas.

De toute façon, je suis nulle pour les sous-entendus.

- Cela nous promet des engueulades terribles mais aussi des scènes de sexe torrides.

J'hésite entre rire ou pleurer. Je sais que les hommes ont un appétit sexuel important mais lui, il est insatiable.

- Tu n'es qu'un obsédé.

- Oui et ce n'est pas pour te déplaire.

Effectivement, je ne peux pas le contredire. Ses mains sont aventureuses, baladeuses. Elles caressent mon dos puis mon ventre. Elles malaxent mes fesses puis me soulèvent. Même avec toute la volonté du monde, je ne le chasserais pas. C'est impossible. Nos corps sont attirés, aimantés l'un vers l'autre.

Il me dépose sur le tapis du salon. Je m'accroche à lui, j'en veux plus et tout de suite. Sauf qu'il ne semble de cet avis, il freine mes ardeurs, me met au supplice de sa délicieuse torture. Sa bouche se referme sur mon sein et son téléphone sonne. Une fois. Nous tentons de l'ignorer. Deux fois. Nous résistons. Trois fois.

- Décroche, c'est peut-être une urgence.

- Rien ne être plus urgent que m'occuper de toi.

Je le repousse fermement.

- Répond, s'il te plait.

Il se redresse et sort son portable de sa poche. J'en profite pour me rhabiller lorsque je vois son visage se renfrogner. Il me souffle alors :

- C'est Hugo!

Je le regarde s'éloigner. Ah, non, il ne peut pas sortir. Je veux savoir, moi. 

Un pas après l'autre (reecriture) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant