Stéphane

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Cette journée est juste un cauchemar.

En me levant, je n'avais qu'une hâte, être au soir mais rien ne s'est déroulé comme prévu. Au travail, les dossiers compliqués se sont enchainés et comme, je manquais de concentration, tout a été plus fastidieux. Ensuite, Hugo m'a appelé pour me raconter comme il venait de foutre en l'air mes progrès avec Carla. Un pas en avant, deux en arrière. Je vais encore devoir ramer pour rattraper ça. Je n'avais vraiment pas besoin qu'il s'en mêle. Est-ce que moi, je mets de l'huile sur le feu avec Julie? Non, car j'ai assez à faire. En tout cas, il est mal barré. J'espère sincèrement qu'il ne lui ai rien arrivé et qu'elle va vite donner de ses nouvelles. J'ai comme l'impression qu'il vient enfin d'ouvrir les yeux et de se rendre compte de sa boulette. Dès le début, il aurait dû voir qu'elle était différente des greluches qu'il côtoie habituellement. Plus sensible, réservé et surtout amoureuse de lui.

En milieu d'après-midi, n'arrivant pas du tout à travailler, j'avais décidé de rentrer. Entre le ménage et les courses, je n'avais pas manqué d'occupations. J'ai perdu beaucoup de temps à élaborer le menu. C'est difficile de trouver le bon équilibre. Je ne voulais pas étaler ma richesse en lui mettant des mets hors de prix tout en souhaitant lui offrir un voyage gustatif. Le tout en petite portion car son petit estomac ne le supporterait pas.

Au programme :
Toast de foie gras
Blanquette de supions à la crème de lard accompagné de tagliatelles à l'encre de seiches Fondant au chocolat

Je prend des risques, soit elle adore, soit elle déteste.

Le traiteur a été super sympa, il a pris le temps de me noter le temps de cuisson. Je pense qu'il avait vite compris que toutes les petites choses auxquelles je devais penser me laissait dubitatif. Le plus compliqué, mettre les tagliatelles au bon moment pour ne pas qu'elles soient froides ou trop cuites.

La table était mise en place, je n'avais plus qu'à aller la chercher quand j'ai reçu son message disant qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle préférait annuler. Foutaise. Je sais très bien qu'elle a paniqué mais je n'ai pas encore abattu toutes mes cartes. C'est pourquoi, je suis en route pour aller la chercher malgré tout. Cette soirée, elle me l'avait promis.

Premier défi : entrer dans l'immeuble.

Je sonne à l'interphone d'Hugo. Il devrais être plus prudent, il déverrouille la porte sans prendre la peine de me demander mon identité. Je trouve ça un peu léger. On va avoir rapidement une conversation à ce sujet. 

Deuxième défi : entrer dans son appartement.

J'ai à peine frapper qu'elle ouvre la porte.

- Anne, tu as... Stéphane, qu'est ce que tu fais là? Tu n'as pas reçu mon texto?

J'ai deux options : la douceur ou la force. J'opte pour la deuxième. 

- Bonsoir Carla.

Elle baisse la tête.

- Tu es malade?

 - Oui, non.

- Oui ou non?

En la voyant tressaillir, je me rend compte que mon ton est froid, limite glaciale.

- J'ai...j'ai eu un coup de stress.

- Je ne suis pas un tyran, merde. Tu m'appelles, on en discute mais tu ne me plantes pas avec un texto. C'est pas correct.

- Je suis désolée.

Troisième étape : la convaincre.

- Tu as exactement cinq minutes pour rassembler tes affaires et on y va. Nous discuterons chez moi. 

- Mais je ne peux pas, je ne suis pas douchée, habillée, maquillée.

- Ma belle, je t'avais dit d'être prête pour dix neuf heures.
- Je ne veux pas..

Je me sens comme un gros connard de la faire pleurer. Je tente de la prendre dans mes bras, elle n'oppose aucunes résistances.

- C'est juste un repas pour faire plus ample connaissance sans pression. Elle lève son joli minois vers moi et je vois la confusion dans ses yeux.

- Hier, tu as dit que tu voulais tout savoir de moi mais il y a des choses dont je ne suis pas prête à te confier. Ce n'est pas contre toi, c'est juste trop douloureux.

- Je ne te forcerais pas. Nous serons deux amis qui apprennent à se connaître. 

- Nous ne sommes pas amis.

C'est un coup bas et ça me fait un mal de chien.

- Ah bon, alors on est quoi?

- Je ne sais pas mais je n'embrasse pas mes amis sur la bouche.

Elle sourit. Victoire.

- Tu viens?

- Oui. Laisse moi juste prendre une petite douche et me changer. Dix minutes maximum.

Comme je suis faible, je cède. J'en profite pour explorer son logement à la recherche d'indices sur ses goûts. On ne sait jamais, ça pourrait me servir.

Elle n'a pas abusé et est rapidement de retour. Nous prenons enfin la direction de mon appartement. Je sens que cette soirée n'a pas fini de révéler son lot de surprises. 

Un pas après l'autre (reecriture) Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin