Le Texte Intégral

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– Bon sang, où diable est passé le paquet n°1138 ? Le patron ne voudra jamais partir si le chargement n'est pas complet.

Le petit homme qui avait dit cela était rouge de colère et sautait à pieds joints dans la poudreuse pour s'apaiser.

– Enfin, Jules, calme-toi, nous allons bien le retrouver, ce gredin ; et tout ira bien, comme chaque année.

– Oh, Edgar, qu'est-ce que tu peux m'énerver avec ton calme ; si tout se passe toujours bien, c'est que j'y veille.

Le dénommé Jules avait ôté son bonnet et en battait férocement le traîneau, il s'interrompit pour interroger l'autre :

– As-tu appelé la fabrication, la réserve, l'emballage, pour qu'on vérifie dessous de tables et dessus d'étagères ?

Edgar assura que les ateliers avaient été vérifiés et revérifiés, mais cela ne fit qu'énerver davantage le chef lutin.

– Et voilà, nous y sommes, Noël est foutu, et j'en suis l'unique responsable, j'ai failli à ma tâche, c'est horrible.

– Ne sois pas si catastrophiste ; Norbert vient, peut-être sait-il quelque chose à propos du paquet disparu ?

Un troisième lutin s'approchait tranquillement de la zone de chargement, l'air absorbé et le nez plongé dans un livre :

– Je n'oublie pas que c'est le but de la manœuvre, mais le punilivre de cette année est vraiment très mauvais.

Jules soupira d'agacement, mais Edgar, plus affable et joviale que son supérieur, lui demanda pourquoi il disait cela.

– L'histoire est cousue de fil blanc, le style est horrible et l'auteur prend ses lecteurs pour des imbéciles. Si vous voulez mon avis, les morceaux de charbon pour les enfants qui n'ont pas été sages, c'était moins cruel.

– Attends une minute, mais c'est quoi ça ? s'exclama Jules que les considérations littéraires n'intéressaient pas.

Norbert ferma le bouquin, le glissa dans une pochette cadeau qu'il scella à l'aide d'une étiquette, puis déclara :

– Le contenu du paquet n°1138, le dernier de la tournée si je ne dis pas de bêtise, tout doit être fin prêt.

– Bougre d'âne ! hurla Jules, et il entreprit de poursuivre Norbert à toutes jambes, le menaçant de son bonnet.

Ils n'avaient pas sitôt disparu que le Père Noël arrivait dans un tintement de clochettes, monté sur un traîneau vide.

– Aucun incident à signaler ? demanda le vieux bonhomme, avant de changer les rennes d'attelage, aidé par son lutin.

– Encore un Noël qui se passe comme sur des roulettes, Patron ; c'est le dernier chargement, tous les paquets y sont.

– Excellent, Edgar, excellent ; allons Danseur, allons Tornade, allons Furie, allons mes amis, Noël nous attend !

Noël en périlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant