Chapitre 22

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Je rigole, et il me fait signe de le suivre.

-Viens t'allonger sur la table s'il te plaît. Me demande Garry.

Je le suis et fait comme il m'a demandé, tandis que Lief se tient à côté de moi, attentif à ce que va dire son ami.

Il commence par dérouler le bandage, et je grogne quand il détache les croûtes de sang séchées qui étaient collées au tissu.

Je retiens un sourire en voyant les autres complètement absorbés par ce qu'il fait, comme s'ils craignaient que je ne souffre.

-Bon, a priori la balle n'a pas touchée d'organes vitaux, mais la plaie s'est infectée. Tu as beaucoup marchée entre temps ?

Je coule un regard vers Lief, qui demande :

-Pourquoi ?

-Parce que dans son état c'est tout sauf recommandé !

Je ne retiens pas un sourire devant le savon que lui passe Garry, et il me fusille du regard :

-Si tu m'avait laissé te porter on n'en serait pas là.

-Ca n'a rien à voir avec, déjà le tissu était sale, donc elle risquait une infection, mais la faire marcher rouvre les plaies, je pensais que tu étais au courant depuis le temps Lief !

-C'est bon ça va, de toute façon on a paré au plus pressé et sans lui je ne serais pas là.

Garry ne semble pas convaincu mais ne dit rien de plus, et commence à sortir un petit bistouri.

-Tu fais quoi là ? Demande Lief en se tendant comme un arc.

-Je vais devoir enlever le pus et cautériser, alors si tu ne te sens pas capable de ne pas bouger et ne rien dire, sors Lief.

Il ne dit rien et reste à mes côtés, mais prends ma main dans la sienne.

Je me concentre, et tente d'oublier la douleur : au début tout se passe bien, et il me félicite même, mais quand il commence à cautériser, au bout de la deuxième fois je suis incapable de ne pas bouger, et Lief doit lui demander d'arrêter un instant.

-Kara, tu veux que je lui demande de t'anesthésier ?

-Non, hors de question. C'est bon ça va aller, dis lui juste de le faire rapidement.

Lief lui fait signe de revenir :

-Je vais me dépêcher Kara, d'accord ? Tu t'en sors bien pour l'instant.

Je hoche la tête, et attends la seconde vague de douleur, qui ne tarde pas à arriver.

Quand il a enfin finis, j'ai l'impression qu'on a passé toute ma hanche dans un feu pour la faire rôtir, je soupire de satisfaction quand il applique une pommade, et je me relève.

-C'est tout bon, tu n'est pas blessée ailleurs ?

-Vérifie le dos, je n'ai pas fait gaffe hier.

Je m'apprête à lui dire non, quand il soulève mon tee-shirt, et sens Lief se tendre devant ce qu'il doit voir : mon dos est plein de cicatrices, je le sais et c'est pourquoi je refuse de me mettre en maillot de bain, ou de porter des robes dos nu.

Je baisse immédiatement le maillot et repose mes pieds sur le sol, mais le mal est fait : ils ont tous vus, et me dévisagent avec un mélange d'horreur et de pitié. Tous sauf Lief, qui semble prêt à commettre un meurtre.

-Kara... Gronde t-il, attendant des explications.

-Ca va, je vais bien, par contre je suis crevée, alors si vous vouliez bien m'indiquer une chambre s'il vous plaît...

Mon sourire ne trompe personne, mais Elias finit par réagir le premier.

-Pas de soucis, je vais te montrer ça.

Je me dépêche de le suivre, évitant le regard de Lief.

Nous montons des étages, et Elias m'explique :

-Les chambres sont en haut, il y a différents étages suivant la position de chacun dans le groupe, on va monter au troisième, je pense que Lief voudra te savoir près de lui.

Arrivés devant une porte, il s'arrête, l'ouvre et me laisse entrer en premier : la pièce est grande et lumineuse, un grand lit à baldaquin au milieu.

-La salle de bain est dans la chambre au cas où tu voudrais savoir.

-Merci Elias.

Je le sens hésiter, puis il se lance :

-Kara, ces marques dans ton dos... Qui te les as faites ?

Je ne me tourne pas vers lui, me contentant de répondre simplement :

-C'est du passé Elias, je suis toujours en vie et je vais très bien, donc tout va pour le mieux.

-Tu sais que tu peux te confier si tu le souhaites.

Je le regarde, son visage affichant un air sérieux que je n'ai pratiquement jamais vu depuis que nous nous connaissons.

-Oui et ensuite tu iras cafté à Lief ! Ca n'a pas d'importance Elias, je te l'assure. Et puis enlève cet air sérieux de ton visage, tu va prendre des rides à ce rythme !

Il me sourit ironiquement :

-Très drôle, et non contrairement à ce que tu crois je ne le dirais pas à Lief. Je le mettrais sur la piste du connard qui as fait ça, mais rien de plus.

Je penche la tête sur le côté, l'étudiant :

-Pourquoi cela te préoccupe tant ?

-Parce que je t'apprécie Kara, et que je te considère mon amie. Et entre amis on s'entraide.

Je souris de bon coeur cette fois :

-J'apprécie Elias. Mais ça va d'accord ? Ça remonte à des années maintenant, et je n'y pense plus, fait de même ! Bon maintenant si ça ne te dérange pas, je vais me coucher, je suis claquée !

-D'accord, je viendrais te chercher pour le repas. Bonne nuit Kara.

Je le salue, ferme la porte derrière lui, et avise la salle de bain. Un bon bain chaud serait plus que tentant, mais avec ma blessure ce n'est pas une bonne idée.

Je me contenterais d'une douche pour cette fois.

Je me déshabille, et accueille avec bonheur l'eau chaude qui dévale sur mon corps, massant mes muscles tendus par la fatigue et le stress de ces derniers jours.

Je finis de me sécher, et me regarde dans le miroir mural : de face on ne remarque presque rien, juste quelques cicatrices par ci par là sur le ventre, mais elles pourraient être confondues avec de simples opérations chirurgicales.

Mais de dos, le doute n'est plus de mise : je suis balafrée de mon épaule gauche, jusqu'à ma hanche droite, de même sur l'autre épaule.

On dirait une croix sur pattes. Sauf que le résultat est loin d'être régulier, et que sous l'effet de la douleur j'avais eu l'impression qu'on m'éviscérais vivante.

Un long frisson me secoue, et je décide de faire l'impasse sur ces événements, chose que j'avais peaufiné avec des années d'entraînement.

Mais si je parvenais à sauver la face le jour, la nuit c'était une autre histoire, et il n'était pas rare que je me réveille en hurlant de terreur, les joues baignées de larmes, sans me souvenir de mon cauchemar, mais avec l'impression persistante que mes blessures étaient de nouveaux à vifs.

Autant dire que j'avais du mal à me rendormir par la suite. Ce qui explique que je chérisse autant les grasses matinées.

Une fois propre, j'enfile un tee-shirt qui traîne et qui me semble propre, me glisse sous les draps, la tête vers la porte au cas où, et finis par m'endormir.  

La Meute TallithWhere stories live. Discover now