La Meute Tallith

chapitre 5

Là j'ai carrément du mal à déglutir : non seulement c'est bien un alpha, mais c'est celui de la meute ennemie ! La dispute que je vais me prendre va être mémorable dans bien des sens je le sens !

-J'aimerais pas être à ta place ! Chuchote Alric.

Je le fusille du regard, et il sourit légèrement.

-Alpha, je pense qu'il serait préférable de discuter. Propose Max à Luke.

Ce dernier lâche un dernier grondement, puis se retransforme, et je détourne le regard puisqu'il est maintenant nu.

Une fois habillé, il ne se départit pas de son air furieux et glacial, et Lief fais de même.

Les deux hommes se toisent avec méfiance et rage, et personne n'intervient.

-Pourquoi n'avez vous pas annoncée votre visite en avance ? Gronde Luke

-Je voulais faire une surprise. Et j'en ai eu une aussi, dit il en me lançant un coup d'oeil.

Cela n'échappe pas à Luke, et il se remet à gronder.

-La prochaine fois veillez à nous en faire part. Je ne serais pas aussi miséricordieux. L'incident est pardonné. Nous allons vous conduire au village.

Il se tourne sans attendre de réponse, me fusille du regard et m'attrape par le bras en me tirant rapidement derrière lui.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il se transforme à nouveau, et je suis contrainte de m'accrocher à lui pendant qu'il court comme s'il avait le diable aux fesses. Il défonce sa porte de maison plus qu'il ne l'ouvre, et me fais descendre sans ménagement de son dos avant de monter en quatrième vitesse dans sa chambre, sans doute pour se changer.

Je regarde les options qui s'offrent à moi : avec un peu de chance j'ai le temps de choper mes clés de voiture et démarrer rapidement le temps qu'il se calme, soit je reste ici en espérant qu'il ne me trucide pas de suite.

Le temps que je cogite, il est de nouveau en bas, le visage toujours aussi fermé et froid, me dévisageant sans rien dire, ce qui me stress au plus haut point.

N'y tenant plus j'engage la conversation :

-Je suis désolée, je ne pouvais pas savoir qui il était ! Alric a senti une présence et il m'a dit qu'il t'appelait, je ne pensait que c'était eux, tu avais dit qu'ils n'arrivaient pas avant deux jours ! Et pour ma défense c'est lui qui m'a agressé en premier !

-Et tu ne t'es pas dit qu'il valait mieux rentrer ? Alric t'a demandé de ne pas bouger, mais toi évidemment tu es incapable d'écouter ce qu'on te dit, et tu n'en a fait qu'à ta tête une fois de plus ! Tu te rend compte de la situation dans laquelle nous sommes maintenant ?

-Ce n'est pas moi qui lui ai sorti le grand jeu du mâle dominant, alors cesse de rejeter la faute sur moi ! Je m'énerve à mon tour.

-Je n'aurais pas été obligé de le faire si je ne t'avais pas vu au milieu de 6 hommes, qui plus est des métamorphes. Qu'est ce que tu aurait fait s'ils t'avaient attaqués hein ?

J'explose littéralement :

-Donc c'est entièrement de ma faute si je comprends bien ? Je tiens quand même à te rappeler que c'est toi qui a insisté pour que je reste ici, toi qui m'a inscrite à ce tour de garde avec Alric, alors avant de me hurler dessus comme tu le fais, commence par réfléchir à ça !

Je me retourne en voyant son visage se rembrunir encore plus, et vois Max accompagné de Lief, un air d'admiration et d'étonnement sur le visage en me regardant.

Je tourne les talons et monte à l'étage en claquant la porte de la chambre.

Je tourne en rond pour tenter de me calmer, mais rien n'y fait, je meurt d'envie de balancer des objets de partout dans la pièce, ce qui ne m'aurait pas dérangé s'ils étaient à moi, mais c'est l'ancienne chambre d'Emma.

Une sensation familière de déchirement me broie la poitrine, et je m'admoneste à plus de calme : je n'ai pas besoin de ça maintenant.

Un caillou tape contre ma fenêtre, et je vois Emma en bas. J'ouvre et elle me dit en chuchotant :

-Descends, il faut qu'on parle.

-Ils sont toujours en bas ? Je demande

Elle hoche la tête et je me résigne à passer par la fenêtre.

Une fois à terre, je suis Emma jusque chez elle, et elle referme la porte derrière elle avant de se mettre à parler :

-Décidément il n'y a qu'a toi que ça arrive ce genre de truc dis moi.

-Comme je l'ai déjà dit à ton frère...

-Je sais Alric m'a raconté, t'a intérêt à faire profil bas pendant un bon bout de temps, je n'avais pas vu Luke énervé comme ça depuis des années.

-Je ne vais sûrement pas faire profil bas, je n'ai rien à me reprocher, alors ses remontrances à la con ils se les carrent dans le cul !

-Du calme la furie, je te dis pas ça pour Luke, bien que je sois d'accord avec toi sur le dernier point, je te dis ça pour les Blackmorgan. Quel genre d'alpha accepterait de se faire mettre au respect par une femme devant ses propres hommes ?

-Qu'il aille se faire foutre aussi, s'il ne voulait pas se prendre une raclée, il n'avait qu'à prévenir tout le monde avant ! Je suis dans mon droit, c'était de la légitime défense.

-Oh je ne dis pas le contraire ! D'ailleurs je dois dire que je suis plutôt impressionnée par ta performance : les gars m'ont dit que tu étais douée, mais j'aurais pas cru à ce point. Ce qui m'étonne encore plus c'est que l'alpha n'ai rien fait pour te mettre à terre.

C'est vrai que même moi cela m'avait étonnée sur le coup, après tout les alphas sont des dominants purs, alors il aurait pû se débattre suffisamment pour me déstabiliser : je n'aurais pas tenu longtemps, et encore moins s'il s'était transformé. Mais pour une raison inconnue, il n'avait fait ni l'un ni l'autre et c'est bien ce qui me dérangeait dans l'histoire.

-Bon, du coup tout le monde est déjà au courant de la petite altercation, et qui plus est rien n'est totalement fini pour leur séjour, alors je pensais aller donner un coup de main pour aménager correctement la maison qui leur ai réservée. Elle marque un temps d'arrêt et me dévisage avant de reprendre doucement : Tu veux venir avec moi ?

Revenir dans la maison de mon enfance, revoir des images fugaces de ma vie d'avant, des images de ce qu'elle aurait pu être ? Non, même pour tout l'or du monde. Personne n'a pu me faire remettre les pieds dedans, et je ne compte pas faire une exception pour eux.

-Non je vais plutôt aller aider en cuisine. Ca te dérange si je dors là ce soir par contre ?

-Aucun soucis. On se rejoint ce soir.

Elle m'embrasse sur la joue puis sort rapidement, ce que je fais à mon tour et me dirige vers les cuisines.