L'inconnu et moi

Chapitre 12

Lui

Le moment du discours est arrivé et même si je suis habituée à ce genre de choses, mon rythme cardiaque a toujours tendance à s'accélérer. Mon père me fait signe depuis l'autre côté de la salle pour que je monte sur l'estrade. Je gravis les quelques marches et mes pieds se retrouvent à hauteur du visage de mes associés. Je me déplace d'un pas lent pour rejoindre le micro au centre de la scène, je me glisse derrière et je sors la petite feuille que m'a gentiment imprimée mon assistante. Je parcours la grande pièce du regard. Certaines têtes sont tournées vers moi, mais la plupart des gens sont pris d'une grande conversation. Dans un coin, mon père jette sur moi un air fier, ma belle – mère est dans son élément ici, entourée de tous ces gens blindés de fric. Je repère rapidement mon frère près du bar, rien de bien étonnant jusqu'ici, mais ce qui sollicite ma curiosité, c'est ce petit bout de femme qui ris à ses côtés. D'ici, je ne vois pas de qui il s'agit, mais ce corps féminin frêle et menu me rappelle Brook. C'est impossible, elle vit loin d'ici, mon manque de sommeil me joue probablement des tours. Mais de si loin et de dos, on aurait vraiment dit ma jolie brune. Je toussote dans le micro pour attirer l'attention. Tous se retournent vers moi en attente de ce fameux discours qui m'a donné des sueurs froides il y a quelques jours.

— Mesdames, messieurs, amis et associés, je me présente...

Mes paroles meurent sur mes lèvres tant mon esprit est attiré par elle. Je repère ses longs cheveux bouclés qui tombent en cascade sur ses épaules. Ses yeux dorés fuient vivement mon regard. Troublé par sa présence, je ne porte plus d'intérêts à ce foutu discours. Je sors de ma transe quand mon père m'assène une tape dans le dos.

— Excusez – le, dit – il dans le micro, c'est pour lui un grand soir qui va changer toute sa vie...

Mon père parle à l'assemblée avec une aisance naturelle et professionnelle.

— Je... Je suis Hugo Crawford, le nouveau PDG de Crawford Éditions. Je vais faire bref, je reprends en prenant bien soin de garder Brook dans mon champ de vision.

Je continue de parler sans vraiment faire attention à ce que je dis, je lis simplement ce que m'a écrit Mélissa. Ma jolie brune se penche à l'oreille d'une jeune femme blonde que j'ai rencontrée en début de soirée. Et après avoir salué mon frère, elle disparait dans la foule. Non, je ne peux pas la perdre une nouvelle fois. Mon père grogne mon prénom dans mon dos et je me rends compte que j'ai de nouveau mis mon discours en suspens.

— De la confirmation des étapes déjà franchies, de notre déploiement national qui s'était accompagné de la diffusion de nos produits sur un éventail de marché rendu infini par le développement de l'e – commerce dont je faisais mon cheval de bataille à la tête de cette entreprise. Je vous promets de veiller à notre patrimoine avec la force tranquille d'un dirigeant digne de vous. Merci à vous tous.

Je fais un signe de la main à tous ces gens et m'empresse de descendre l'escalier. Je pars à la recherche de Brook, mais avec toutes les personnes présentent ce soir, chercher Brook, petite et mince comme elle est, est un vrai challenge. Je remarque les deux filles avec qui elle parlait quelque instant plus tôt, sans attendre, je me précipite vers elles.

— Excusez – moi de vous déranger, je cherche la jeune femme qui était avec vous tout à l'heure, Brook.

Les deux femmes blondes échangent un regard inattendu. L'une d'entre elle travaille pour nous, mais l'autre ne me dit rien du tout.

— Elle m'a dit qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle repartait à l'hôtel, m'avoue l'une d'elles.

— Et où, je le trouve cet hôtel ? M'empressé – je de demander.

— Hugo ! toujours à importuner les filles, dit une voix grave et familière.

Je me tourne vers mon frère qui pour une fois a fait un effort vestimentaire, je dois admettre que moi aussi j'ai dû faire cet effort.

— Lâche – moi Raph, je veux juste savoir où est Brook.

Celui – ci ouvre la bouche comme s'il comprenait quelque chose.

— Putain, c'est à cette Brook – là que tu as acheté ce bracelet ?

— Quel bracelet ? demande une des deux blondes.

— Celui que j'ai...

— La ferme, le coupais – je, où puis – je trouver cet hôtel ?

L'une des deux finit par me donner les coordonnées de l'hôtel avec un brin de réticence. Je n'écoute pas les questions et autres remarques de mon frère et je pars à sa recherche. Avant de partir, je dois récupérer mes clefs dans ma veste à l'étage. J'appuie sur le bouton qui appelle l'ascenseur plusieurs fois de suite, agacé qu'ils mettent autant de temps à arriver.

— Hugo ! je te cherchais, annonce mon père en se positionnant à ma hauteur.

— Pourquoi ?

— Gloria ne se sent pas bien, je vais la ramener.

Je hoche la tête et miracle l'ascenseur arrive enfin. Quand les portes s'ouvrent, Brook est seule à l'intérieur, mes yeux accrochent les siens, immédiatement.

— Brook, salue mon père en me poussant à l'intérieur sans la laisser sortir.

Je m'empresse d'appuyer sur le bouton afin qu'ils décollent et qu'elle n'est pas le temps de descendre.

— Hugo ! je ne t'ai pas présenté Brook.

— Inutile on se connaît déjà, répondis – je

Mon père se tourne vers Brook en fronçant les sourcils.

— Ah oui ?

— Oui, confirme – t – elle gêner.

— Formidable ! Hugo cette jeune femme a la capacité de lire plusieurs manuscrits en une seule journée, elle est exceptionnelle !

Je souris franchement devant une Brook écarlate. Les compliments la mettent mal à l'aise alors je ne relève pas. Mais j'aurais pu ajouter qu'elle était aussi exceptionnellement magnifique dans cette robe.