Attendre,
Les pieds au-dessus du vide,
Assis sur la frontière,
Les yeux perdus,
Le soleil se fige,
Pupille unique qui ne cille plus,
Bloquée dans ce ciel terne,
Un mot qui ne viendra plus,
Fané sur sa branche brisée,
Son maigre squelette encore luisant,
Une goutte qui tend vers le sol,
Retenue par la pointe du monde,
N'aspirant plus qu'à s'écraser.
Qu'attendre ? Le monde est mort, et un vent froid souffle entre ses côtes. Son dernier sourire taillé dans son crâne jauni par le temps, il voit les temples s'effondrer, serrant dans sa main osseuse les graines séchées et fripées d'un espoir qu'on attend plus.
T'attendre,
Toi qui à chaque instant dérive un peu plus,
Toi dont les pieds ensanglantés brisent les chaînes de verre,
Toi dont les yeux morts crient qu'il faut te laisser couler,
Cadavre vivant, s'accrochant avec peine aux décombres de ton monde, épave qui s'enfonce lentement dans les eaux noires et traîtres de l'oubli.
M'attendre,
Battement suspendu,
Bras tendu,
Os rompu,
Chaînes trop lourdes pour mes paumes rougies,
Sanglots qu'on cache derrière un rire qui sonne faux,
Et brûlure de l'alcool dans la gorge pour noyer les souvenirs cruels,
Lames de rasoir dans mon ventre.
