Partie 2

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Léa elle était de bon conseil.

Elle était neutre, et elle jugeait pas les gens.

Alors on venait souvent se confier à Léa.

À vrai dire, on s'en fichait, de Léa, on voulait juste que les autres nous plaignent.

Mais Léa, même si elle le savait, elle les accueillait, Léa elle voulait aider tout le monde.

Elle voulait pas laisser son amie qui se faisait frapper par son père.

Elle voulait pas laisser celle qui avait du avorter, parce qu'à treize ans elle aurait pas supporté une grossesse.

Elle aidait son amie qui avait des petites histoires de coeurs, sans intérêt évidemment, mais Léa elle savait que les petites questions qu'on se pose sont parfois plus importantes que les questions existentielles.

Léa elle se contentait de les aider, mais elle prenait a cœur toutes ces histoires. Ça a finit par la changer.

Elle s'était désillusionnée, à présent elle voyait à quel point l'Homme était noir. Et dès lors qu'elle s'en rendit compte, tout s'effondra.

Ça lui fit mal, à Léa. Et sans que personne ne se rende compte de rien, elle s'était fait des masques.

Elle voulait pas qu'on la voie telle quelle était, alors on la voyait tantôt sous ses airs gothiques, tantôt sous ses airs de jeune fille heureuse, colorée, et puis parfois on la voyait s'isoler.

On comprenait pas trop, mais on voulait pas la déranger. Non, on voulait pas l'embêter, parce que son air soucieux nous faisait un peu trop peur.

Peur de quoi ? Peur de découvrir un petit malheur. Vous comprenez, dans son collège c'était comme ça. Les petits potins, c'est une histoire de la plus haute importance, mais les maladies, les problèmes familiaux, ça on s'en fiche.

Quoique, c'est vrai, c'est rigolo de le dire à tout le monde. Bah oui. C'est sûr.

Un jour, Léa a confié un secret à une amie en qui elle avait confiance. Le lendemain, on la regardait d'un air moqueur, dans son dos elle entendait des rires et elle sentait les yeux de tout le monde, fixés sur elle.

Dans sa classe, elle entendait des mots, des mots qu'elle savait adressés à elle. Des mots la dévalorisant. Ils la traitaient. L'insultaient. Se moquaient.

Tous la traitaient de traînée, de salope, de pute. Les garçons venaient vers elle, et au lieu de lui parler convenablement, lui demandaient combien elle était de l'heure.

Le midi, elle avait couru vers son amie, voulant lui dire sa détresse, voulant des explications, mais au lieu de cela, la fille la regarda avec un sourire malsain sur les lèvres. Et Léa comprit.

On aurait pu entendre son cœur se briser, on aurait pu voir les larmes couler, mais non. Léa ne dit rien. Elle pâlit sûrement un peu, mais elle se défendit de pleurer.

Pendant deux mois, elle subit tout ça, ne disant rien. Elle avait trois amies qui restaient à ses côtés, mais elle se sentait plus seule que jamais.

Personne ne savait ce qu'elle ressentait vraiment. Personne ne savait que chaque matin, elle se faisait violence pour aller en classe. Tout le monde ignorait qu'elle pleurait tous les soirs, quand elle était seule dans sa chambre. Ou bien qu'elle fixait de plus en plus souvent chaque objet tranchant qui croisait son chemin.

LéaWhere stories live. Discover now