Chapitre 4 : Une histoire de famille

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Elle non plus avait l'air de lui en vouloir. Après tout, ils avaient toujours été aussi proche que des frères et sœur et il semblait lui avoir caché, à elle aussi, ses activités.

Je me levai, imitée par Ninon, et nous rejoignîmes les deux druidesses. Quatre des hommes de mon père nous encadrèrent, fermant la marche. Je me rapprochai de ma grand-mère et lui soufflai à l'oreille :

-Je croyais que papa avait renoncé à sa nature druidique il y a très longtemps. Ce n'est pas ce que tu m'avais dit ?

Son regard assombri par la lumière tamisée se posa sur moi.

-Si, c'est bien ce que je t'ai dit. Il semblerait qu'il m'ait caché autant de choses qu'à toi.

Sa voix s'était brisée sur les derniers mots. Je me rendis alors compte que ce n'était pas de la colère qu'elle ressentait par-dessus tout, mais bien une immense tristesse. Comme moi, elle devait se sentir trahie, par son propre fils. Son unique enfant. Moi aussi, je regrettai ces cachoteries, mais il ne m'avait jamais parlé de nos origines druidiques, alors cela ne m'étonnait pas qu'il ait d'autres secrets pour moi. Et après tout, les parents n'étaient pas censés se confier à leurs enfants. Mais pour elle, la blessure devait être encore plus profonde.

Je pressai ma main sur son avant-bras d'un geste que je voulais réconfortant.

-Je pense que nous allons avoir une discussion avec lui, déclarai-je fébrilement.

Elle hocha d'un signe de tête, imitée par Iris.

Je n'avais pas remarqué que nous avions quitté le couloir oppressant, et que nous attendions maintenant de passer à travers le mur par lequel nous étions entrés. Alors que je regardais les runes scintillantes pulser contre le mur, l'image de la voie 9 ¾ dans Harry Potter me revint brusquement à l'esprit et je ne pus réprimer un sourire amusé. Peut-être que finalement, le sorcier existait réellement. J'allais devoir me renseigner.

Mais plus tard, car là, je m'apprêtai à franchir de nouveau la porte magique. Si, ce matin, passer à travers une arche et ne jamais arriver de l'autre côté m'avait paru aberrant, là, je devais carrément passer à travers un mur. J'attrapai la paume de Ninon de la main gauche, et de la droite je resserrai Ether. Une douce chaleur se répandit en moi, réconfortante. Après une grande inspiration, je me laissai entrainer par mon amie, qui disparut à travers le mur blanc.

Quand nous atterrîmes dans la ruelle étroite, je distinguai qu'il faisait nuit. Au-dessus de nous, le ciel était tacheté d'étoiles scintillantes. Aucun nuage ne couvrait leur lueur pâle, et la buée que j'exhalai montait en tourbillon vers elles. Je réalisai alors qu'il devait faire atrocement froid. Cette impression fut confirmée quand Ninon me lâcha pour frictionner ses avant-bras en grelottant.

-Ah, ça caille, grimaça-t-elle. Il ne faisait pas si froid, ce matin, j'aurais dû prendre une autre veste.

-En même temps, nous ne pouvions pas prévoir qu'on allait ressortir d'ici en plein milieu de la nuit, grommelai-je.

Elle me jeta un coup d'œil et haussa un sourcil interrogateur.

-T'as pas froid, toi ? Tu n'as même pas la chair de poule, alors que t'es super frileuse.

Je haussai les épaules et levait le bras qui tenait Ether.

-Je suppose que c'est elle qui me maintient au chaud. Après tout, elle balance des flammes à longueur de temps, c'est logique qu'elle puisse me fournir de la chaleur.

Comme pour acquiescer, Ether vibra au creux de ma main. Un sourire se dessina sur mon visage. Ma relation avec la superbe lame était en train de s'améliorer, après ce rude combat que nous avions mené côté à côté, mais je savais que cela ne suffirait pas. Une fois l'ivresse de la bataille retombée, elle ne manquerait pas de se rappeler à mon bon souvenir. Je voyais déjà les longues heures d'entrainement à essayer de ne pas carboniser la moitié du sanctuaire. Et dire que Gwydion m'avait intimé qu'elle m'aimait bien ...

Celte Tome 2 : Les héritières de LugOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz