Chapitre 3 : Réunion druidique

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-L'assemblée des druides ne se réunit quasiment jamais, m'avait expliqué Mamie à la réception de la convocation. Les rares fois où j'ai été conviée, c'était la panique. Alors aujourd'hui, avec le retour de Merlin et de Cernunnos, j'imagine que ça va être encore pire que d'habitude.

Bref, elle m'avait fait un topo pour le moins rassurant.

-Tu es sûre que ... essayai-je de dissuader Ninon.

Elle m'adressa un sourire et me tendit sa main, bienveillante. Après une moue dubitative, j'attrapai le bout de ses doigts tendus. Elle me tira en avant et nous passâmes à travers le portail. Une drôle de sensation secoua mes entrailles juste avant que mon pied ne retombe sur un carrelage blanc. Une fois entièrement passée, je jetai un coup d'œil perplexe derrière moi. Aucune trace de la ruelle sombre dans laquelle nous nous trouvions une seconde auparavant. A la place se tenait un mur immaculé couvert de runes bleutées qui pulsaient légèrement.

-Poussez-vous, les filles, ordonna ma grand-mère. Vous empêchez les futurs participant d'emprunter la porte.

Nous obéîmes en vitesse et allâmes la rejoindre. Une femme que je n'avais pas remarquée jusque-là se tenait à côté d'elle. Ses longs cheveux blonds vénitiens descendaient en cascade le long de ses épaules menues et sa robe légère couleur crème tombait jusqu'au sol, cachant même ses pieds. Sur son visage jovial s'étirait un large sourire et ses yeux aussi verts que les miens, rivés sur moi, pétillaient d'admiration.

-Tu as tant grandi, Gwenaëlle chérie ! s'exclama-t-elle en faisant papillonner ses cils.

Elle battit des mains et me pris dans ses bras. Son parfum monta à mes narines, exquis mélange de fruits des bois et de rosée.

-Tante Iris ! m'exclamai-je, abasourdie, en la reconnaissant enfin. C'est bien toi ?

Son sourire s'étira et elle poussa un long soupir chargé de nostalgie. Ses cils papillonnèrent encore, puis son regard dévia sur la poignée d'Ether, qui dépassait dans mon dos. Elle agrandit les yeux pendant une fraction de seconde, son visage se déconfit, puis elle reporta son attention sur moi, affichant de nouveau son grand sourire.

-Oh, ma chérie, tu es devenue si jolie, soupira-t-elle. Allez, venez, toutes les trois, allons nous installer dans la grande salle. Les autres familles ne devraient pas tarder à arriver.

Iris tourna les talons, faisant virevolter ses longs cheveux et nous fit quitter la salle dans laquelle nous étions arrivées. Elle nous mena à travers un long corridor lugubre aux murs drapés de velours rouge sang. L'atmosphère était pesante et je dû me forcer à ne pas dégainer mon épée. Décidément, je regrettai vraiment que cette fichue réunion de druides n'ait pas eu lieu dans le sanctuaire de Cernunnos. Ninon, qui était restée en retrait, accéléré le pas et me toucha le bras pour attirer mon attention.

-Tu ne m'avais jamais dit que tu avais de la famille dans le coin. Enfin, à part Nawëlle.

-Je te l'aurais dit, si je l'avais su. La dernière fois que j'ai vu Iris, je devais avoir dix ans tout au plus. C'est une tante éloignée, la cousine de mon père. Je l'ai toujours trouvée louche, étant gamine. Je comprends mieux pourquoi maintenant.

-Bah c'est de famille ! ricana-t-elle en me donnant une légère tape sur le bras.

Je lui répondis par une légère bousculade. Elle effleura une tenture qui couvrait le mur et l'atmosphère trembla. Ma grand-mère nous lança un regard sévère par-dessus son épaule et nous nous tûmes. Visiblement, cette rencontre avec toutes les autres familles de druides ne l'enchantait pas plus que nous.

Nous débouchâmes enfin dans une immense salle circulaire, nue de tout meuble, hormis une impressionnante table de réception toute en longueur sur laquelle des chandeliers étaient posés à intervalle régulier. Les murs de pierre apparente et la parquet sombre ôtaient toute chaleur à la pièce, baignée du lumière grâce à de hautes fenêtres. Iris s'avança d'un pas assuré et s'installa tout au bout de la table, sur un siège bien plus imposant que les autres. Ma grand-mère s'assit à sa droite et Ninon et moi prîmes place face à elle. Quelques druides avaient déjà posé leur séant sur les lourdes chaises de bois à la confortable assise de velours. Des visages s'étaient tournés vers nous à notre arrivée, leurs regards insistants rivés vers moi. Après réflexion, je pense surtout que c'était sur Ether qu'ils louchaient. Gênée, je défis le baudrier avec des gestes maladroits et posais la longue épée sur mes genoux, la main fermée sur la poignée. Ces gens ne m'inspiraient pas confiance et je préférai être prête si les choses se mettaient à déraper.

Celte Tome 2 : Les héritières de LugWhere stories live. Discover now