Chapitre IV : L'arbre blanc (partie 2)

5.4K 708 136
                                    




- Mon amour, me susurra une voix grave. Réveille-toi ma douce, tu t'es encore assoupie.

J'esquissai un sourire, les yeux toujours clos. Ike voulait surement se faire pardonner d'où le ton doux et affectueux. Ou alors simplement me calmer les nerfs. Bizarrement, je me sentais détendue, reposée. Décidant de le faire poireauter le plus longtemps possible, je feignis de dormir. Je le sentis se pencher vers moi, sa joue frôler la mienne et son souffle chaud me caresser l'oreille : « Allez, debout ou alors c'est le vieil Orph' qui viendra te lever et crois-moi, il ne sera pas aussi gentil et doux que moi ». Bon la plaisanterie avait assez duré. Après tout, nous avions beaucoup à discuter. Et je ne comptais pas les lâcher sans avoir obtenu des réponses à mes questions ! Les yeux toujours fermés, je m'étirai longuement avec un petit grognement. Je m'étonnai d'avoir autant de mal à m'éveiller de mon petit somme, d'ailleurs je ne me souvenais même pas m'être assoupie au tronc de l'arbre. J'ouvris lentement les yeux et fus surprise, d'être éblouie par la clarté du soleil. Je n'avais quand même pas pu passer la nuit, endormie sur l'herbe dans le jardin impérial ? Je levai les mains pour protéger mes yeux des rayons du soleil. Je poussai alors un cri de surprise, la respiration haletante. Mes mains ou plutôt ces mains fines, pâles et scintillantes n'étaient pas les miennes. Des mèches de mes cheveux tombèrent devant mes yeux. Le coeur battant, je pris entre les doigts mes cheveux maintenant blancs comme ceux d'Alyssa et lisse.

- Ah, enfin.

Je fis un nouveau bond et reculai sur l'herbe pour m'éloigner de l'homme qui me souriait, accroupie juste devant moi.

- Qui...qui êtes-vous ? glapis-je.

L'air stupéfait, l'homme fronça légèrement les sourcils sans cesser de sourire. Il secoua la tête en riant, ses longues nattes noires balancèrent dans tous les sens. Ce n'était pas la première fois que je voyais cet homme. Il était présent dans le drôle de rêve que j'avais fait en me cognant violemment contre la baignoire.

- Si c'est une tactique pour dormir encore un peu, ça ne marchera pas.

Les rayons du soleil faisaient ressortir les minuscules points d'argent qu'avaient naturellement les atlazasiens sur la peau, comme des tâches de rousseurs argentées.

- Ça doit faire au moins deux heures que tu dors sous cet arbre.

Incapable de dire quoique soit, je le laissai m'aider à me relever, hébétée. Je m'étonnai de me sentir aussi lourde, mes jambes étaient engourdies et mes pieds enflés. La bouche entre-ouverte, je restai figée une fraction de seconde sur mon abdomen rond. Maintenant, il n'y avait plus aucun doute, il ne s'agissait pas de la réalité mais d'un rêve, un rêve incroyablement réaliste. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que je me retrouvais dans le corps de la même femme que la première fois. Comme dans le précédent rêve, les sensations étaient toutes aussi surprenantes, et avaient l'air si réel : de la paume chaude et réconfortante de l'homme à je donnais la main, au vent qui balayait mes cheveux et même le bout de mon nez qui me grattait. En revanche, ce second rêve était différent du premier : j'avais le contrôle de ce corps, je n'étais pas juste un témoin silencieux. Un peu sous le choc, je suivis l'homme en silence. Il m'attira contre lui d'un geste naturel et m'enlaça avec douceur. C'était un étrange sentiment que d'être dans les bras d'un homme qu'on ne connaissait pas. Une douce chaleur m'engourdie les membres, mon corps appréciait le contact de cet homme. Mais mon esprit en éprouvait de la gêne, j'eus presque l'impression de me jouer lui. Il pensait tenir amoureusement sa femme. Mais d'ailleurs, existait-il réellement ou était-il simplement le fruit de mon imagination débordante ? Ou mon imagination s'était-elle incroyablement développée au point de me faire croire que mes rêves étaient réels ?

ATLAZAS - A la Découverte d'un Nouveau Monde T.1Where stories live. Discover now