Chapitre VIII

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Vendredi 18 Octobre 2013, forêt du Vercors

Le vent était glacé. En face de lui, le manteau volant au vent et le visage ruisselant de pluie, le Commissaire semblait frigorifié. Le jeune homme sentit un gout ferrailleux au coin de ses lèvres et lécha discrètement sa lèvre, récupérant le sang du bout de la langue. Son visage en était couvert, vestige de son dernier crime. Alors...ça allait se finir comme ça ? Dans cette forêt, sous une pluie diluvienne comme dans la fin d'un vieux film cliché ? Il était...déçu.

Dans sa main, sa camera tournait toujours, pointée vers le Commissaire. Il pensa un instant que c'était cool. La dernière fois qu'il avait filmé le brun, il était drôlement bien passé à la camera. Il avait ce truc qui faisait qu'il attirait le regard et qui ressortait bien à l'image. Il songea aussi que c'était sans doute la dernière chose qu'il filmerai avec l'appareil.

Il se redressa, ignorant la douleur lancinante sur son torse. Le mec dont il s'était servi pour son dernier Unknown Movies s'était mieux défendu que prévue et avait retourner son couteau de chasse contre lui même. La blessure n'était pas profonde, juste une entaille lui traversant le torse. Sa chemise était poisseuse de sang. Il planta son regard dans celui du flic.

Fier. Le criminel soutint le regard du Commissaire. Il ne voulait pas que ça finisse comme ça, que ça finisse ainsi... Bien trop cliché. Le "gentil" Commissaire qui arête le "méchant" Tueur. Trop manichéen. Trop faux. Trop cliché. Il renifla dédaigneusement, un gout amer dans la bouche.

- Alors, c'est fini ?

La voix du Commissaire sembla lointaine à ses oreilles lorsqu'il lui répondit. Tout comme sa propre voix.

- Tu es en état d'arrestation.

Il eut un rire sardonique et sans joie. Cette phrase sonnait étrangement. C'était surréaliste. Un sourire fleurit sur ses lèvres. Incongru.

- La partie est fini alors.

- C'était pas un jeu, connard !

- Vas-tu tirer ?

Il regarda le policier, se demandant sérieusement s'il allait tirer. Après tout ce qu'ils venaient de vivre ensemble. Cette Traque, ces trois jours durant lesquels il l'avait gardé pour lui. Il ne pouvait pas tirer. Impossible. Il s'ennuierait trop sans lui. Le Commissaire n'est rien sans son Tueur. La main du flic eut un tremblement. Infime. Léger. Presque invisible. Mais il ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune homme.

Rassuré, le criminel sourit un peu plus. Au loin, il entendait les aboiements se rapprocher et ce n'était plus qu'une question de minutes à présent avant que les autres n'arrivent. Avant que la possibilité de tirer ne soit réduite à zéro.

Il planta son regard dans celui du Commissaire. Les secondes s'étirèrent.

Du bout des lèvres, le jeune homme demanda :

- Tu ne vas pas t'ennuyer, maintenant, sans moi ?

- ça m'étonnerai.

- J'en suis sur. Regarde toi, tu t'en veux déjà de m'avoir arrêté.

Un grognement lui répondit. Nullement impressionné, il continua ;

- Tu vas avoir du mal à vivre sans moi. Sans l'adrénaline.

- Ta gueule.

- j'ai le droit de garder le silence, je sais. Mais j'ai envie de parler. C'est peut-être notre dernier rendez-vous, tout les deux.

CollaborationWhere stories live. Discover now