Chapitre 9: Le col de Caradhras

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Boromir : Merry ! Frodon !

Aragorn : Pipin ! Sam ! À couvert !

Les deux hommes récupèrent nos affaires et Sam éteint rapidement le feu. Je suis mes compagnons sans savoir où me cacher. Soudain, je sens une force me tirer en arrière et, avant d'avoir réalisé ce qu'il se passait, je me retrouve sous un buisson, deux bras enroulés autour de ma taille. Je lève les yeux et me retrouve nez à nez avec Legolas. Notre proximité me coupe le souffle pendant un instant.

Moi : Seigneur Legolas... Je voulais vous demander...

Legolas : Taisez-vous.

J'obtempère et baisse légèrement la tête. Un vacarme se fait entendre et des espèces de corneilles survolent le campement. Je me blottis un peu plus contre le prince elfe malgré le malaise que je ressens, et suis surprise de le sentir me serrer légèrement en retour. Finalement, le silence revient et Legolas se lève. J'attends quelques secondes, le temps de reprendre le contrôle de mon corps, avant de faire de même. Mes jambes sont flageolantes et mon cœur bat la chamade. Doucement, je porte une main à ma poitrine et soupire. Ces crebains m'ont vraiment fait de l'effet... Remarquant mon geste, Boromir se tourne vers moi et pose une main sur mon épaule.

Boromir : Vous allez bien ?

Je souris au gondorien.

Moi : Un peu secouée mais je survivrais.

La voix du magicien gris s'élève.

Gandalf : Ce sont des espions de Saroumane. Le passage par le Sud est inutilisable. Il faut passer par le col de Caradhras.

Je pose mon regard sur la montagne et soupire. Elle est bien plus impressionnante en vrai. J'aide Sam à remettre les sacs sur Bill et la compagnie part en direction du col. Je rejoins le bout de la ligne avec Aragorn. Nous marchons environ une heure avant d'atteindre les premières neiges. Au fil du temps, l'air se fait plus rare, la neige plus haute et les discussions moins fréquentes. Soudain, Frodon tombe en arrière et roule dans la neige jusqu'aux pieds d'Aragorn à côté de moi.

Boromir : Frodon !

Je me tourne vers le porteur de l'anneau et l'aide à se relever. Il se défait rapidement de moi et se met à toucher son cou, affolé. Je comprends que l'Anneau est tombé et soudain, j'aperçois Boromir se pencher et ramasser la petite chaîne à quelques mètres de nous. Le gondorien l'observe fixement et son visage semble changer pendant un instant. Je sens une certaine angoisse me prendre au ventre.

Aragorn : Boromir...

Boromir : C'est ironique que nous devions affronter tant de dangers pour... une si petite chose...

Aragorn : Boromir.

Le gondorien lâche l'Anneau des yeux comme sortant d'un rêve.

Aragorn : Rendez l'Anneau à Frodon.

L'homme s'approche lentement du hobbit en lui tendant la fine chaîne.

Boromir : À vos ordres.

Frodon attrape l'Anneau précipitamment et le passe autour de son cou. Boromir regarde Aragorn puis le porteur de l'Anneau et sourit légèrement. Il frotte les cheveux du hobbit avant de faire demi-tour, sans ajouter un mot. Je vois le rôdeur enlever la main de la garde de son épée et remarque, surprise, que j'ai moi aussi porté la main à ma dague. Mon regard croise celui d'Aragorn et j'y lis sa méfiance envers le gondorien. Je baisse la tête et reprends la route. Cette fois, je marche seule, pensant à Boromir et aux effets de l'Anneau sur lui. On avance encore pendant plusieurs heures, avant qu'une tempête de neige ne s'abatte sur nous. Cependant, je me rends compte que je marche toujours aussi facilement et que ma vue n'est pas particulièrement brouillée. Je n'ai pas vraiment froid non plus.

Moi : Comment est-ce possible ?

Legolas : C'est le lot des elfes.

Je tourne mon regard vers Legolas.

Moi : C'est incroyable.

Le prince elfe me sourit puis il me laisse pour rejoindre l'avant de la compagnie. Soudain, j'entends une voix s'élever dans les airs. Comme si le vent parlait.

Gandalf : C'est Saroumane !

Un gros bruit se fait entendre au-dessus de nous et je lève la tête. Je vois de petits blocs de glace se détacher de la montagne. Instinctivement, je me baisse.

Aragorn : Il tente de provoquer une avalanche ! Nous devons faire demi-tour !

Je perçois la réponse du magicien, à moitié étouffée par le vent.

Gandalf : Non !

Je prends la parole à mon tour, inquiète.

Moi : Nous ne passerons pas ! Faisons demi-tour tant qu'il est encore temps !

Gandalf commence alors à parler dans une langue que je ne comprends pas. Un contre-sort, je suppose. Un grondement s'élève et je vois de la neige nous foncer dessus. Avant que je n'aie le temps de bouger, je sens la neige s'abattre sur moi et je tombe sous son poids. Je me sens rouler avec la neige et perd à demi-connaissance. Je perçois des bruits étouffés à quelques pas de moi. J'essaie de me dégager mais la neige est trop lourde. Alors que j'ouvre la bouche pour appeler de l'aide, je sens l'élément glacée s'infiltrer dans ma gorge et je suffoque. La peur me prend mais je n'arrive pas à bouger. Des petites lumières dansent sous mes paupières. Soudain, je sens quelque chose me toucher le bras, avec toute la force qui me reste, je m'y accroche. Je sens le poids de la neige diminuer et deux bras me soulever.

Boromir : Janjira ouvrez-lez yeux !

J'essaie de répondre à la demande du gondorien mais mes paupières sont comme gelées. J'entends les voix de mes compagnons qui se font de plus en plus lointaines.

Boromir : Nous devons quitter la montagne ! Prenons par la trouée du Rohan ! Faisons un détour par ma cité !

Aragorn : La trouée du Rohan est trop proche d'Isengard !

Gimli : Si on ne peut pas passer sur la montagne, alors passons par-dessous. Passons par les mines de la Moria.

Gandalf : Laissons le porteur de l'Anneau décidé.

Boromir : On ne peut pas rester ici ! Ce serait la mort des hobbits ! Et celle de Janjira ! Elle ne s'est pas réveillée !

Gandalf : Frodon.

Frodon : Nous passerons par les mines.

Gandalf : Qu'il en soit ainsi.

Boromir : Aragorn, aidez–moi à la mettre sur mon dos.

Legolas : Laissez, je vais la porter.

Boromir : Ça va aller.

Legolas : La neige représente moins de difficulté pour moi.

Boromir : Très bien.

Je me sens un peu secouée. Enfin, je perds totalement connaissance.

Quand je me réveille, je me sens ballottée d'un côté puis de l'autre. J'ouvre les yeux doucement et m'assois. Aussitôt, ma tête me fait mal. Je remarque alors que je suis sur Bill.

Boromir : Janjira, comment allez-vous ?

Je me tourne vers lui.

Moi : Que c'est-il passé ?

Boromir : Il y a eu une avalanche et vous avez perdu connaissance.

Moi : C'est vrai... L'avalanche... Où sommes-nous maintenant ?

Gandalf : À la Moria.

Tout ce qui est disparu n'est pas forcément perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant