Ouverture

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Les doux rayons de soleil de cette mi-octobre caressent agréablement mon visage. Un petit vent balaye les quelques mèches de cheveux qui ne sont pas retenues dans ma tresse. Les cris, les rires et comptines chantées à tue-tête par des enfants surexcités emplissent mes oreilles. Ils font la course jusqu'au toboggan, se poursuivent pour « contaminer » l'autre, se concurrencent dans celui qui ira le plus haut sur la balançoire. Certains jouent calmement avec des camions. Il y a peu de parents dans le parc. La plupart des adultes présents sont des jeunes femmes qui sont soit au-pair, soit nounous ou baby-sitters.

Bailey est confortablement blotti dans le creux de mon bras. Même s'il a seulement un mois, il suit du regard avec intérêt les allées et venues des enfants, et ne semble pas dérangé par la cacophonie ambiante. Une petite fille fonce près de nous avec sa longue chevelure dorée qui flotte dans son sillage. Elle ressemble à une fée. Quelques sons glissent de la bouche de mon fils, il bat des bras.

— Bonjour, me salue un homme. Je peux m'asseoir ?

Je lève les yeux vers lui. Éblouie par le soleil, je mets ma main libre en visière. Il doit avoir à peu près mon âge, peut-être un peu plus.

— Bonjour, je réponds avec un sourire. Je vous en prie : c'est libre.

J'écarte seulement la poussette de Bailey pour qu'elle ne le gêne pas. L'homme prend place à ma gauche sur le banc. Comme moi, il enlève son bébé de sa poussette et l'assoit sur ses genoux. Son garçon est clairement plus âgé que Bailey. Dans les neuf ou dix mois. Il est immédiatement intéressé par mon fils.

— Tu as vu, Bailey ? Tu as un copain, je murmure. Tu dis bonjour ? je demande en lui faisant agiter la main. Bonjour, copain.

— Axel, précise le père.

— Salut, Axel, je poursuis. Moi c'est Bailey.

Le papa rigole. Je relève les yeux vers lui. Les petits plis au coin de ses yeux trahissent sa nature enjouée. Son fils a le même regard couleur chocolat chaud. Sa présence est charismatique. C'est le genre d'hommes vers qui je suis systématiquement attirée. Machinalement, mes yeux tombent sur ses mains, nouées autour de son fils. Étonnamment, il ne porte pas d'alliance.

— Je l'avoue, mon prénom c'est Kate, j'explique en réponse à son rire. Et ce petit bonhomme c'est Bailey.

— Enchanté. Je m'appelle Paul. C'est votre premier ? me demande-t-il ensuite.

Les muscles de mon visage se figent à sa question, et je lutte pour ne pas perdre mon sourire. Même si je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails avec un inconnu, je sens mon rythme cardiaque s'accélérer.

— Oui. On a fièrement fêté ses un mois il y a peu.

En présence de James. Paul rit à nouveau.

— Toutes les occasions sont bonnes pour faire la fête, n'est-ce pas ?

Toujours un peu déstabilisée par cette conversation pourtant banale, j'acquiesce poliment. Ce que je ne dis pas c'est que je ne sais pas si j'aurais la chance d'avoir un autre bébé un jour, alors je profite au maximum de chaque instant que l'on me donne à vivre avec Bailey. Je veux qu'il soit heureux. Je veux être une bonne mère.

— A la première grossesse de ma compagne, nous avons eu des jumeaux, me confie Paul. Nous étions tous les deux bien trop lessivés pour fêter quoi que ce soit, y compris quand les garçons ont commencé à faire leurs nuits. Tous nos amis disaient qu'un enfant qui fait ses nuits est la meilleure chose qui puisse arriver à des parents.

Je ris de bon cœur, et change Bailey de position.

— Quel âge ont vos jumeaux ?

— Presque six ans. Axel a onze mois. Et aujourd'hui..., ajoute-t-il en s'adressant plus à son fils qu'à moi. Il est grognon car maman est en déplacement et les grands frères sont à l'école. On est venus au parc pour voir d'autres enfants et arrêter de râler, hein, Axel ?

My Love for You [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant