Miami, Floride, 2009

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Camila ne l'a pas vu très longtemps. Lauren avait débarqué au début de l'année de première. C'était une petite ville et un petit établissement scolaire où l'on retrouvait les mêmes élèves d'une année sur l'autre. Elle avait le même âge qu'elle quand elle était arrivée, mais en paraissait plus.

Elle avait entendu raconter des tas de choses sur la façon dont Lauren avait vécu les dix sept années de sa vie et les lieux qu'elle avait traversés, mais Camila avait de sérieux doutes sur leurs authenticité. Lauren était censée  avoir fait un séjour en hôpital psychiatrique avant d'arriver à miami. Son père était en prison et elle était livrée à elle même, sa mère avait été assassinée, vraisemblablement par son père. Lauren portait en permanence des manches longues parce qu'elle avait, paraît il, les cicatrices de terribles brûlures aux bras. Elle n'avait jamais démenti ces histoires, pour autant qu'elle sache, ni cherchée à proposer d'autres explications.

Et si Camila ne croyait pas à ces rumeurs, elle comprenait la raison. Lauren, en dépit de ses efforts, était différente. Elle faisait la fière, mais il émanait de tout son être un sentiment tragique. On aurait dit que personne ne s'était jamais occupée d'elle et qu'elle n'avait même pas conscience de ce drame. Un jour, Camila l'avait surprise au réfectoire, près de la fenêtre, tandis que les autres élèves passait autour d'elle avec leur plateau, discutant à toute vitesse, et elle avait l'air complètement perdu. Camila avait donc eu ce jour là la nette impression que Lauren était seule au monde.

À son arrivée au lycée, Lauren déclencha un certain émoi car elle était vraiment belle. Elle était grande, brune, yeux vert, belles formes, pleine d'assurance, et ses vêtements étaient un peu plus chic que la moyenne. Au début, les entraîneurs la repérèrent à cause de sa taille et voulurent la faire jouer au football, mais ça ne l'intéressait pas. Les jeunes se mirent à parler et les rumeurs commencèrent. Tout d'abord, elles furent plutôt élogieuses, mais Lauren fit un certain nombre d'erreur : elle ne vint pas à la fête d'halloween d' Austin Mohone, alors qu'il l'avait personnellement invitée devant tout le monde, en plein couloir. Elle adressa la parole à Normani Kordei lors du pique nique annuel du lycée, alors qu'aux yeux des garçons comme Austin elle n'était qu'une dingue à tenir à distance. Dès le premier hiver, la plupart des gens la fuyaient.

À l'exception de Camila. Elle ne savait pas elle même pourquoi. Elle n'avait aucune estime pour Austin ni sa bande de suiveurs, mais elle était prudente. Elle démarrait avec un gros handicap  et ne tenait pas à être une paria. Elle ne pouvait pas faire ça à sa mère, pas après ce qu'elle venait d'endurer avec sa petite soeur. Et Camila n'était pas non plus du genre à aimer les garçons à problèmes. Non, ce n'était pas son truc.

Elle nourrissait l'idée saugrenue, une sorte de fantasme, à vrai dire, qu'elle pourrait d'une certaine façon l'aider. Elle avait le sentiment que Lauren supportait un fardeau beaucoup plus lourd que le commun des mortels, et Camila éprouva un curieuse et douloureuse empathie envers Lauren.  Camila se plaisait à l'idée que Lauren avait peut être besoin d'elle, qu'elle pouvait être celle qui la comprendrait.

Rien ne lui indiqua que Lauren partageait son point de vue. En deux ans, Lauren ne lui avait pas adressé une seule fois la parole. Enfin, si, un jour où Camila avait marchait sur son lacet et s'était excusée, Lauren l'avait regardée et avait marmonné quelque chose.
-"Tu crois que je me pose trop de questions? "Avait elle demandé à Dinah.
Son amie la regarda, comme si elle se retenait à deux mains pour ne pas lui arracher les cheveux.
-" Oui, exactement. Je pense que tu penses trop à tout ça. Si on faisait un film sur toi, il s'appellerait la fille qui pensait trop"

Elle rit sur le coup et s'inquiète ensuite. Dinah n'avait pas voulu être méchante, elle l'aimait plus et surtout plus sincèrement que quiconque, à l'exception peut être de sa mère qui l'aimait à la folie à défaut de sincèrement. Non, dinah souffrait de la voir s'intéresser à quelqu'un qui manifestement n'avait rien à faire de Camila.

L'amour dure plus qu'une vie (camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant