Acte 4

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Asseyez-vous confortablement. Fermez la porte de votre chambre et concentrez-vous. Je vais vous raconter le dernier acte de mon histoire.

Je suis un grand fan de fromage fondu. (pourquoi je vous dis ça ? Bah attendez un peu, bande de moules). Alors imaginez un petit gratin de légumes, dans un plat blanc, rond, en porcelaine et ce gratin surplombé d'un majestueux fromage fondu. Cette odeur qui vient vous titiller les narines, allègrement. Vous en avez envie, hein ? Je me suis toujours demandé pourquoi le fromage n'était pas en plus grande quantité, pourquoi il n'était qu'à la surface. C'est injuste. La meilleure partie est en infériorité. Comme partout d'ailleurs. Les génies sont le haut du gratin, en infériorité numérique par rapport aux cons. (#jesuislehautdugratin). Alors imaginez l'éclat dans mes yeux lorsque Thomas Edison, que je déteste plus que tout au monde, qui m'a embrassé sur une plage sous la pluie (alors que j'avais du sable dans ma chaussure) imaginez cette immonde personne claquer son plateau en face de moi, à table, dans le réfectoire de l'auberge de jeunesse, son gratin de légumes à moitié entamée, et tout le fromage tiré sur un côté. J'ai les yeux qui pétillent là, on dirait un véritable feu d'artifice.
 "Newt, il faut que je te parle." Il a déclaré d'un ton strict. (Attendez, Thomas qui impose sa volonté, nia nia nia). 
Il s'est assis, sans rien dire d'autres et m'a observé un instant. Je lorgnais sur son fromage (Holy Cheese, come to me).
- Newt il faut que je te dise que je t'...
- Tu ne manges pas ton fromage ? (Cheese before hoes-Le fromage avant les pute)Je demandais en le coupant, lui faisant le coup du chat botté dans Schrek (avec les deux yeux ronds là, vous le voyez ? Là, trop mignon...)
Thomas a cligné plusieurs fois des yeux, avant de jongler entre mon visage magnifique et adorable et son fromage.
- Euh... No...Non. J'avoue que cette question avait de quoi déstabiliser le plus sûr des glands. 
Il est devenu rouge pivoine ensuite et a baissé les yeux. Bah oui patate, le fromage c'est ma vie, je n'aurais aucune pitié pour ta personne si je dois choisir entre te laisser tomber d'une immense falaise et une bonne vieille tomme de Savoie. Tomme, Thomas, Tomme, Tommy... Le choix est vite fait. Je choisis la Tomme, à l'instar du renard dans la fable de la fontaine. Tu n'es qu'un Maître Corbeau sur un arbre perché tenant dans son assiette du fromage gratiné. Bon j'arrête. 
- Oh mon dieu Tommy, est-ce que je peux te le piquer ? J'ai demandé d'une voix mielleuse. (Je pourrais mourir pour du fromage fondu).
Thomas s'est mordu la lèvre (pas compris pourquoi) et a hoche la tête (et j'ai pas cherché à savoir). J'ai planté ma fourchette dans son fromage et je l'ai mangé d'un coup avant de savourer ce bonheur à l'état pur posé sur la langue. J'ai fermé les yeux et j'ai gémi de satisfaction. C'était juste une explosion de saveurs, si intense, si savoureuse. J'aurais donné femme et enfant pour vivre ça encore et encore (heureusement pour eux, j'en ai pas).

Thomas (fourbe qu'il est) a choisi ce moment exact et précis pour balancer sa grenade dégoupillée, histoire de me faire regretter toute ma vie (dans son entièreté) le fait que j'avais un faible pour le fromage fondu.

- Je suis amoureux de toi, Newt.
Vous la voyez la grenade dégoupillée ? Elle vient d'atterrir dans vos mains et vous êtes totalement abasourdi que vous la regarder, les yeux exorbités sans réagir. C'est exactement ce que j'ai fait. J'ai regardé Thomas alors qu'il venait de me lancer une arme mortelle à la gueule. J'ai pas réagi. J'étais simplement choqué. Totalement ébahi. Et là, la grenade m'a explosé à la face. R.I.P Newt. 
"Amoureux de moi" ? Moi ? Genre moi ? Newt ? Le mec qu'il déteste normalement ? Le mec qui a failli le noyer dans le lac en première ? Celui qui lui a enfoncé la tête dans la purée au self ? Celui qui le a longueur de temps ? Genre moi ? Newt ? Qui déteste Thomas Edison comme il respire ? AMOUREUX DE MOI ! Mais c'est fuckin' pas possible. Ma mâchoire s'est décrochée et Thomas s'est levé. Un sourire en coin décorait ses lèvres. Comme une sorte de victoire. Il venait en effet de gagner non pas une bataille, mais la guerre entière, celle qu'on se vouait l'un à l'autre depuis trois ans. C'était pas une putain de grenade, c'était la foutue bombe atomique qui a détruit Hiroshima. (Bye bye le Japon. Bye bye Newt). #JesuisleJapon

Thomas s'est levé et je me suis réveillé de mon état de transe. Il souriait toujours, fier de lui. Il avait de quoi oui, ce con, il venait de littéralement (je souligne l'usage du littéralement, très très important), me faire regretter d'aimer autant le fromage fondu. Vous vous rendez compte du scandale qu'il a déclenché dans mes neurones ? Entre les partisans du fromage fondu et la Team Thomas, c'était la troisième guerre mondiale dans mon cerveau. Je venais déjà de me faire atomiser la cervelle par ce con de brun alors imaginez-vous bien que c'était très très dur à vivre ! 
- J'espère que tu ne pense pas que c'est réciproque, Thomas. Je lui ai craché alors qu'il se détournait. (Newt s'en va en guerre). Ne te laisse pas abattre, Newt ! Me criait ma conscience. Ce qu'il me reste de cerveau semble être encore conscient du traumatisme que je viens de vivre. (On me dit dans l'oreillette que je peux encore faire un blessé. Au moins, un !)
Il a fait volte-face et m'a regardé avec amusement.
- Non je ne le pense pas, je le sais. Il a lâché un petit rire et je me suis tassé sur ma chaise.
- C'est des conneries, hé je te déteste ! J'ai baragouiné. (Au fond du trou mais creuse encore).
Il s'est approché, posant ses mains de part et d'autre de mon plateau repas. Des yeux ambrés se sont plantés dans les miens.
- Alors dis moi, t'avais l'air de plutôt apprécié quand je t'ai roulé une grosse pelle sur la plage.
J'ai senti les joues chauffer comme pas possible (tu veux des œufs sur le plat ?) Et Thomas s'est mordu la lèvre avant de se redresser (faut qu'il arrête avec ça, ça le rend terriblement sexy. Lèvres mordues, esprit tordu, comme on dit). Ce mec est un con, il joue avec mes nerfs et il aime ça. Il était en train de me tuer ce con. Ca me brûlait de l'intérieur, ça me consumait les tripes de le voir jouer avec moi comme ça. Il allait me le payer. Il allait souffrir. Comme il venait de blesser mon ego. Il fallait que je me venge. Froidement. Il jouait avec mes sentiments. Mes sentiments à son égard. Il foutait le chaos dans ma tête et jouait au yoyo avec mon cœur. En y repensant, j'avais aimé qu'il m'embrasse (comme j'aimais le fait qu'il soit amoureux de moi, que son cœur n'appartienne qu'à moi, son ennemi craché) vous comprenez ? J'ai les fils de son cœur entre les mains et je peux choisir de m'en faire une écharpe, tricotée avec malice. (Putain mais je déconne complètement). 

NIGHTMAREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant