Chapitre 7

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Ses yeux se levèrent vers le ciel. Une masse noire s'écrasa sur la ville, hurlant à la mort. Son vacarme assourdissant affola les personnes se trouvant sous son ombre, qui se hâtèrent de retourner chez eux et de rentrer toutes affaires susceptible de ne pas résister à sa colère.

Une trace de lumière apparut, frappante et zigzagante, déchirant son corps.

Il n'eut pas peur ; Oh non. Soupirant, il regarda avec intensité cette allégorie de la haine qui lui ressemble tant. Ses poings étaient serrés et ses yeux s'étaient assombris, délaissant le rouge vif pour une teinte proche du bordeaux.

Soudain, de fines gouttes vinrent se déposer avec brutalité sur le sol. La venue rapide de cette averse n'eut pour seul effet de le faire cligner des yeux ; À part cela, il ne broncha pas. Ses pieds étaient comme ancrés au sol tout comme son corps qui semblait figé.

Les secondes s'écoulèrent et ses cheveux trempés laissaient maintenant pleuvoir autant que le ciel sur la terre, délaissant au fur et à mesure sa vue qui devenait floue. Mais il s'en fichait ; Il ne regardait rien à part ses pensées, qui venaient d'entraîner son être dans une longue torpeur.

Il se sentait étrangement mal. Pour la première fois depuis bien longtemps, quelque chose ne venant pas de lui-même lui avait fait ressentir ce sentiment bien particulier. Ce sentiment qui bloque, qui essouffle, qui nous broie de l'intérieur. Celui qui peut rendre fou, celui qui peut changer. Et là, à ce moment-même, il ne ressentait que ça, cette sorte de mélange entre la compassion et la pitié qui lui tordait le ventre.

C'était ce regard dans les yeux de la jeune fille. C'était lui.

Pourtant, il n'était pas du genre à ressentir quelque chose pour qui que ce soit, et encore moins de la commisération. Alors pourquoi était-il dans cet état là ?

Ses yeux. Ses grands yeux sombres et mouillés de larmes qui contaient tant, à travers lesquels reflétait une longue histoire qui semblait lointaine mais indélébile. Il l'avait vue, mais n'avait pu que l'effleurer du regard, n'ayant nul le temps de la lire et de comprendre, de démentir ses mensonges, car les yeux trahissent toujours les paroles.

De toute manière, il ne comprenait pas. Mais ce qu'il savait, dorénavant, c'est qu'en lui existait maintenant ce sentiment : celui de vouloir l'aider à tout prix.

Il s'arrêta. Ses yeux émergèrent, ses doigts relâchèrent leur emprise et ses lèvres laissèrent passer un soupir. Il écouta.

La pluie venait de cesser.


                                                                        *


Elle s'allongea sur son lit, épuisée. Son cœur battait la chamade et ce n'était pas les traces de l'orage qui perlaient sur son visage. Frottant ses yeux pour éviter une autre fuite, elle respirait longuement, tentant de se calmer. Elle n'était pas énervée, elle n'était pas triste ; non. La vérité était qu'elle avait peur. Peur pour hier, peur pour aujourd'hui, peur pour demain. Peur de ce lendemain dont elle ne connaissait rien ou peut-être que si, mais ça, c'est ce qui l'effrayait le plus. Peur des gens, peur d'elle-même. Peur de tout détruire dans un simple souffle, peur de prononcer le mot de trop, de ne pas savoir se contrôler. Elle vivait dans cette peur continue et plus le temps passait, plus elle souffrait. Elle n'était plus elle, elle était quelqu'un d'autre, ce n'était pas son corps, c'était celui d'une autre qu'elle n'était plus. Ce n'était pas son monde, c'était celui qui, instable, avait été créé pour la sauver.

Devil (学園アリス)Where stories live. Discover now