Araignée du soir bonsoir.

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Après avoir bien pris connaissance des lieux, mais également de l'immense piscine olympique derrière la maison, je commence à préparer le nécessaire pour ma rentrée au lycée qui se tient exactement dans deux jours. Nous sommes samedi, je vais demander à sortir pour faire un peu de shopping, ma garde-robe a besoin d'un coup de renouveau, et beaucoup de magasins sont encore ouverts à cette heure tardive.

-Papa, maman, je sors, je vais en ville pour m'acheter de nouveaux habits pour la rentrée, je meugle à leur attention depuis l'étage !

-D'accord, me répond ma mère, fais attention à toi !

-Et ne parle pas aux garçons, ajoute mon père sur un ton on ne peut plus sérieux.

Je lève les yeux aux ciels, puis je ferme la porte d'entrée avant de mettre mes écouteurs et de me diriger d'un pas assuré vers le centre-ville. La maison se situe à la périphérie de ce dernier, dix minutes très exactement, ainsi donc je suis proche de tous les lieux que je vais fréquenter. Je ne vais pas dans les grosses chaînes de magasins, contrairement à ce que vous pouvez le croire, parfois une petite boutique au coin d'une rue un peu « tape à l'œil » suffit à me combler, alors bien évidemment je ne fais pas non plus une croix sur tout ce qui est haut de gamme, mais ça ne me dérange pas de passer à côté. Je m'achète des vêtements légers, adoptés pour le climat, avec des motifs et des couleurs un peu vives ou neutres. Ayant trouver mon bonheur, il est temps pour moi de mettre les voiles vers mon foyer. Je branche de nouveau mes écouteurs et c'est cette fois les bras remplis de sacs, que je me dirige vers chez moi. Alors que je ne suis qu'à quelques pas de la maison, une voiture rugit à côté de moi, si bien qu'avec même la musique à fond, le bruit me traverse le tympan. Je me tourne et vois une voiture noire, avec les vitres teintée, je ne peux donc pas voir qui est à l'intérieur. C'est une belle Porsche, qui scintille avec le reflet de la lune. La vitre avant côté passager descend et je vois un homme tatoué au volant. À cause de l'obscurité, je ne distingue pas ce qui est dessiné sur ses bras, ni même son visage, le réverbère ne me montre que ses dessins à l'encre noire comme la Porsche. J'entends alors quelque chose d'autre mais je n'arrive pas à savoir quoi. Il me fait des signes de la main et c'est à ce moment là que je remarque qu'il est en fait en train de me parler. Je retire donc à la hâte mes écouteurs et il répète d'une voix grave et d'un accent à couper le souffle :

-Tu es perdue ?

-Oh...euh...non...je...

-Tu n'es pas du coin.

-Qu'est-ce qui vous fait penser ça ?

-Ton accent et ce que tu tiens à la main, dit-il en désignant les sacs.

-Et alors, ça ne justifie rien.

-Je ne t'ai non plus jamais vue dans le quartier.

-Quoi qu'il en soit ça ne vous regarde pas.

-Comme tu voudras « Honey ».

« Honey » ? Je reste de marbre car ne sachant pas trop ce que cela signifie, je ne voudrais pas passer pour une imbécile.

-Tu comptes rester là toute la nuit, où tu comptes tout de même rentrer ?

Je sers les poings, il ne faut pas que je m'emporte, c'est ce qu'il veut.

-Qui me dit que vous n'allez pas me suivre ?

-Rien, je ne peux t'assurer que je ne suis pas un psychopathe mais dis-toi une chose, si j'en étais un, tu peux être sûre que tu ne serais déjà plus en mesure d'être retrouvée.

-Vous vous y connaissez bien à ce que je vois.

Il rit et j'aperçois une légère tâche blanche dans le noir de la nuit, certainement ses dents.

-Voilà encore une chose qui me prouve que tu n'es pas du coin, tu ne sais pas quelle genre de personne il peut y avoir de ce genre de ville.

-Vous pouvez vous assurer que si.

-Vraiment ?

-Oui, vous n'aurez pas besoin de me servir de baby-sitter.

Il rigole une deuxième fois, qu'est-ce que je fais qui le fais autant rire.

-Ton sens de la repartie m'amuse, dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées, je te laisse donc te débrouiller seule comme une grande.

Il remonte la vitre et part en faisant rugir le moteur. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi odieux ! Quel grotesque personnage ! Après être sortie de mes pensées, j'entame de nouveau la progression de mon parcours. Lorsque j'arrive enfin, j'annonce à mes parents que je suis là, et ils soupirent discrètement, soulagés de me voir enfin ici.

-Comment s'était, me demande joyeusement ma mère ?

-Divertissant, les rues sont magnifiques, sans parler des boulevards, mais tu me connais j'ai éviter le plus possible d'être en contact avec le monde.

-Tu as bien eu raison, enchaîne mon père, qui sait ce qui aurait pu t'arriver.

-Je vais bien papa c'est bon, je ne suis plus une petite fille.

-Pas UNE petite fille, MA petite fille. Et tu le resteras jusqu'à mon dernier souffle.

Je lui souris, puis après leur avoir souhaiter bonne nuit, je file dans ma chambre afin de ranger tous les articles. Je prends ensuite le nécessaire de toilettes pour aller prendre une bonne douche afin de me débarrasser de la crasse du voyage avant d'aller dormir. Dès que l'eau chaude entre en contact avec ma main, je n'hésite plus à y rentrer entièrement. J'y passe beaucoup de temps et c'est la tête pleine de question que j'en ressors. Que me voulait cet inconnu ? Qui est-il ? Pourquoi s'être arrêté pour m'adresser la parole ? Et surtout pourquoi ce « Honey » ? C'est quoi, c'est une expression américaine ? Un jeu de mot ? Une blague ? Une moquerie ? Il va falloir que je pose la question à ma mère sans qu'elle ne se doute de rien.

Vacances CharnellesOn viuen les histories. Descobreix ara