Chapitre 1

509 23 8
                                    


Lundi 11 juillet 2016

« Les bleus nous auront fait vibrer, hurler, rêver et la défaite est dure. Après leurs vacances bien méritées nous les retrouverons en septembre pour les qualifications de la coupe du monde de 2018. »

En septembre ? M'écriais-je en regardant mon frère. 

Nous étions tous les deux affalés sur son canapé depuis bien une heure à changer de chaîne toutes les dix secondes. C'était notre petit rituel du samedi soir. Camille, sa femme, travaillait tard à l'hôpital, nous en profitions alors pour passer du temps ensemble. 
Harry attrapa le paquet de marshmallow, mes bonbons préférés soit dit en passant, avant de me répondre avec un grand sourire : 

Tu as bien entendu sœurette. Mais, dis-moi, il faudrait peut-être que tu t'y intéresses, non ?
Ne m'en parle pas, soupirais-je. 

Je ferma les yeux tout en me passant les mains sur mon visage. Quelle angoisse ! Je n'y connais rien au football. À part courir derrière un ballon lorsque j'étais enfant dans l'unique but de taquiner mon frère, c'était ma seule expérience. Et regarder ces matchs ne m'intéressait guère. Non, mon truc à moi c'était plus les séries et les comédies anglaises. 
Sauf que, depuis début juin, j'avais été contrainte de regarder le Championnat d'Europe des Nations, contrainte car, dans quelques jours, le héros de Mâcon, le favoris des français allait revenir dans sa ville natale pour quelques jours de vacances. Et moi, l'assistante de la directrice de la communication à la Mairie de Mâcon, Clara, avait organisé avec le reste de l'équipe une multitude d'événements à l'occasion du retour d'Antoine Griezmann. Jamais la pression avait été aussi importante et en plus de tout ça, tout ce que nous avons organisé servira à réaliser un reportage sur le footballeur.    

Élyna, ça ira très bien, on le connaît un minimum Antoine, quand même, essaya-t-il pour  me rassurer.
On le connaît ?
Tu sais très bien ce que je veux dire... Et puis ça sera une super expérience pour toi, j'en suis sûr. 

Il posa une main sur mon épaule avant de dire :

Je te ferais une liste des choses à connaître absolument, ou je t'offrirais Le football pour les Nuls, ironisa-t-il. 

Bien sûr que non, je ne connais pas Antoine Griezmann. Ça datait de beaucoup trop longtemps pour qu'il se souvienne de nous. Car depuis sa vie était devenue beaucoup plus trépidante que la nôtre... alors ces souvenirs d'enfances que nous avions en commun, il devait très certainement avoir dû les oublier. 
À la Mairie, j'étais celle qui proposait des activités culturelles aux enfants et aux adolescents que j'essayais de rendre le plus ludique possible, tant dans le domaine du cinéma, que des livres, des concerts ou encore des musées. J'avais également une petite rubrique dans le mensuel de la Mairie où j'écrivais sur les sorties du mois et donnais mon avis.
Alors quand Clara m'avait expliqué quelques mois avant le début de l'Euro qu'il faudrait organiser plusieurs événements, l'angoisse était née : il allait falloir marquer le coup, autant pour lui, qui devait très certainement avoir l'habitude d'événements grandioses, que pour les habitants. 
Heureusement, Clara avait très vite deviné mon désarroi, après tout, ça ne faisait qu'un an que je travaillais à la Mairie et c'était bien la première fois que j'étais confrontée à autant d'engouement, autant d'attente. Mais Clara supervisait le tout, elle notait mes quelques idées et m'avait demandé d'être présente à ses côtés à chaque instants de cette aventure. Je me souviens, elle m'avait dit « Vous avez le même âge ! Et puis le fait que tu n'y connaisses pas grand choses t'amènera à lui poser des questions inattendues, sûrement plus intéressantes que « alors, ça fait quoi de participer à l'Euro ? »  pour essayer de me rassurer. Super rassurant ! 
Néanmoins, ces quelques jours de fêtes mettraient du baume aux cœurs des habitants qui c'était très vite habitués à l'ambiance de l'Euro et qui faisaient grise mine depuis la défaite. Je m'accrochais à cette pensée, c'était la plus importante. 


Tu passeras le bonjour à Camille, il commence à faire nuit il faut que je rentre. Déclarais-je tout en attrapant mon sac.
Bonne soirée Élyna ! Répondit mon frère avant de fermer la porte.

Alors que j'arrivais dans la rue, une idée me vain à l'esprit : « Le soleil commençait à se coucher sur la charmante ville de Mâcon, qui bouillait d'impatience quant à l'arrivée de son héros », ouais, ça c'était une bonne accroche pour le reportage, je la notais rapidement dans mon petit carnet aux minuscules carreaux vert et violet, avant qu'elle ne disparaisse de mon esprit.

Vendredi 15 juillet 2016

Assise sur les marches de l'Hôtel de Ville, le soleil brûlait  ma peau pâle, cette chaleur depuis ces derniers jours était insupportable : l'air était lourd et les nuages au loin prévoyaient qu'un orage éclaterait dans les heures à venir, enfin, c'est ce que j'espérais. Avec un peu de pluie, s'il-vous-plait. 
Ma présence n'était pas véritablement nécessaire à l'arrivée du footballeur car mon travail ne commencerait que demain lors du rendez-vous organisé à l'Hôtel de Ville afin de lui expliquer plus en détail le déroulement des prochains jours. C'était surtout l'équipe de tournage qui devait filmer son arrivée avec les supporters venu lui souhaiter un « bienvenue à la maison » et il allait devoir répondre aux quelques questions du journaliste sportif, puis il partirait rejoindre sa famille qui était déjà présente, à l'écart de la foule, ils trépignaient d'impatiences. 
En début d'après-midi, Clara était venue me proposer de profiter de l'arrivée d'Antoine Griezmann pour prendre une pause. Et sacrée pause en effet, cela faisait bien trente minutes que nous patientions. Je m'apprêtais à demander à Clara si je pouvais retourner travailler lorsqu'un quatre-quatre noir, ou plutôt, un tank, arriva sur la place. 
Arborant un sourire gêné, le jeune joueur descendit de la voiture. Toutes les personnes présentent l'applaudissaient. Il serra quelques mains et signa des autographes avant que le journaliste ne l'intercepte pour lui poser, comme convenu avec Clara, de brèves questions comme « content d'être chez vous ? » ou encore « la défaite n'est pas trop dur ? ».
Lorsque Monsieur Desroses eut terminé de questionner le jeune homme, sa famille s'avança vers lui. Ils le prirent dans leur bras et ils disparurent dans le quatre-quatre. Au même moment, Clara me rejoignit sur le perron, souriante comme jamais. 

Tu aurais dû t'approcher, il m'a remercié de tout ce que nous avions organisé et qu'il avait hâte de commencer le tournage.
Super, murmurais-je. Sa famille n'était pas là, je veux dire, sa copine et sa petite ?
Non, Maud nous a confirmé hier qu'elles étaient en Espagne et qu'elles le rejoindraient après la fin du tournage, répondit Clara.
Ils ont raison de se protéger des caméras.
Oui, c'est sans doute mieux. Bon, je te laisse Élyna. J'ai hâte que tout ceci commence, j'ai hâte ! Couina-t-elle tout en sautillant.

Clara me serra fort le bras avant de s'éloigner pour rejoindre le journaliste et l'équipe de tournage. Clara Agnelli était une femme de la quarantaine, dotée d'une joie de vivre démentielle, une âme charitable qui m'avait prise sous son aile à la fin de mes études. Son excitation me mit en confiance, ça ne pouvait que bien se passer... n'est-ce pas ?

Pour ceux arrivés ici : merci d'avoir lu ce premier chapitre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Pour ceux arrivés ici : merci d'avoir lu ce premier chapitre. Les trois premiers chapitres sont destinés à mettre en place les personnages, l'histoire et seront donc moins vivant que les prochains et pour cette raison je vais essayer de les publier rapidement  afin de rentrer dans le vif du sujet plus rapidement. :) 

À très bientôt pour le chapitre 2, Pandouraa. 

InestimableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant