Chapitre vingt-trois

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Ludovicio Einaudi-Experience

La rencontre avec le petit Baptiste m'a faite réagir autant qu'elle m'a bousculée. J'ai réalisé que je n'avais pas envie d'être ce qu'il voyait. Ce garçon triste et sans vie. Je ne sais pas à partir de quel moment ça a commencé ni quand je le suis devenu, mais ça ne doit plus continuer.

C'est ce que je me suis dit pendant deux semaines mais je n'ai rien fait, rien changé. J'ai juste cogité et broyé du noir face à mon incapacité. Ce n'est pas si simple en réalité. Je crois que pour changer et ne plus être aussi triste et abattu, il faut d'abord accepter le bonheur et vouloir être heureux. Accepter le fait que chacun mérite un peu de bonheur et que j'en ai donc le droit, moi aussi. Il faut aussi accepter que tout ne devienne pas blanc du jour au lendemain, mais se battre pour que le bonheur reste. S'accepter tel que nous sommes est aussi important parce que c'est tout ce que nous sommes et serons jusqu'à notre mort.

Mes parents ne l'acceptent pas. Tant pis, ils comprendrons peut-être un jour que j'avais raison et que je ne mentais pas. Je dois vivre avec ma propre définition du bonheur même si elle dérange ou ne convient pas aux autres. Du moment qu'elle me convienne à moi, c'est suffisant. Je pense que j'ai compris ce dont j'avais besoin et envie pour parvenir à ce bon changement. Je l'espère, en tous les cas. J'en ai trop marre de me tromper et de tomber. J'en suis trop fatigué et habitué. J'ai décidé de faire deux choses pour aboutir à ce changement. Mais d'abord, le Karma a fait son travail également. Anna m'a contacté et a souhaité me voir. J'ai accepté. Je suis certain que c'est pour quelque chose de bien sinon elle ne m'aurait pas donné rendez-vous. J'arrive au parc, le cœur battant d'incertitudes.

- Kian !

Je me retourne pour découvrir Anna avec un sourire désolé. Nous nous rapprochons l'un de l'autre et instinctivement nous nous faisons un câlin.

- Je suis désolée, Kian, terriblement désolée. J'ai mal réagi parce que j'avais peur et c'est vraiment débile de ma part.

Elle me fait un petit sourire et nous partons nous asseoir sur un banc.

- Je te présente vraiment mes excuses parce que j'ai été nulle. Tu avais une période difficile et tout ce que j'ai trouvé à faire, c'est de te snober. Je sais que c'est un peu tard, mais je ne te lâcherais pas pour si peu.

Je l'écoute parler et je dois avouer que j'ai du mal à trouver mes mots. Je ne sais même pas si je lui en veux ou lui en ai voulu au fond. Je comprends sa réaction et ça me fait plaisir qu'elle soit là. C'est en dehors des cours et elle y pense, c'est que ça a son importance.

- Je ne t'en veux pas. Ça va, vraiment.

- T'es vraiment quelqu'un d'extraordinaire et de bon. C'est rare les gens comme toi.

*

La première chose que je veux faire et qui me bouffe en cachette, c'est ma famille. Je n'en ai qu'une et je suis tellement triste de la situation actuelle. Je décide alors d'appeler ma mère malgré son interdiction. Quelques sonneries résonnent avant qu'elle ne décroche :

" - Kian.

- Je crois qu'on devrait parler.

- Je crois aussi."

Un silence s'installe durant lequel tous deux ne savons pas par où commencer. Ma mère prend alors la parole :

"- Je comprends que cela soit dur pour toi, mon fils, mais il y a des solutions. Tu ne peux pas continuer à te rabaisser à ces, ces choses.

Le Gars Du Trottoir✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant