Chapitre 1 : L'échappatoire.

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 Angleterre, Mars 1711 :

 Je me regarde une dernière fois dans le miroir. Je saisi une paire de ciseaux et coupe mes long cheveux brun. Je dégrafe ma robe et enroule de longues bandes de tissu autour de mes seins pour les cacher. J'enfile ensuite un pantalon, une chemise et des bottes d'hommes. Et enfin, je relève la tête et découvre ma nouvelle apparence, je souris tristement à mon reflet, on pourrait croire à s'y méprendre que je suis un jeune homme. 

 Il est tôt, très tôt, dehors il fait nuit, le bourg dort encore, mon bateau par à l'aube et je n'arrive toujours pas à réaliser ce que je suis en train de faire. Il y'a une semaine je rêvais en regardant les étoiles depuis la fenêtre de ma chambre et aujourd'hui je me déguise en homme pour m'engager dans l'équipage d'un bateau ! 

 J'ai peur.

 Je ne sais pas ce qui m'attend, Mais qu'importe ! Je DOIS partir ou bien je passerais le restant de mes jours dans les bras d'un vieux pervers plein aux As ... Qui aurait pu croire que des parents comme les miens, aimant, chaleureux, marieraient leur fille de 16 ans à un bourgeois veuf de 40 ! Il faut croire que leur cupidité est plus forte que l'amour qu'ils me portent ! Que les bénéfices de ce mariage passent avant la vie de leur propre fille ! Si je me marie ils pourront prendre de haut leurs anciens amis car ils sont à présent de la noblesse ! Ils pourront se rendre dans tous les bals les plus sélectifs et les plus remplies de gens haut placés qui soient ! Et bien sur tout cela, c'est bien plus important que l'avenir et la vie de leur fille !

 Je ne peux pas.

Je ne peux pas accepter de me marier avec un ivrogne de 40 ans veuf suite à la mort prématuré de sa femme dans des circonstances douteuses juste pour faire grimper le rang de ma famille et que mes parents puissent se pavaner les poches remplie d'or ! Je soupire et tente de refouler cette colère noire qui m'assaille chaque fois que je repense à ce qu'aurait pu être ma vie si je ne m'étais pas enfuie la veille de mes fiançailles.

-Ne pense plus à tout ça. A présent ta vie se trouve sur le bateau à bord du quel tu vas t'engager. Me dis-je. Je dois tourner la page et me concentrer sur ma nouvelle vie qui ne s'annonce pas de tout repos ... M'engager dans cet équipage rime avec bien des dangers, les femmes sont interdite sur les bateaux -les marins disent qu'elles portent malheur-, donc si jamais quelqu'un découvre que je ne suis pas le jeune homme que je prétends être je risque gros...

 Et pourtant c'est mon seul échappatoire ! Du moins le seul qui me garantit que mes parents ne me retrouveront jamais. Je ferme les yeux et inspire profondément pour dissiper le nœud qui commence à se former dans ma gorge, ressasser tout ça maintenant ne sert à rien. Mon bateau lève l'ancre dans quelques heures, je ferais bien de me reposer un peu avant ...

***

L'air est encore frai pour la fin de l'hiver, je marche dans les rues encore vides, la ville commence tout juste à s'éveiller. Je lutte pour ne penser à rien, pour garder la tête vide. Je me sens comme un fantôme, perdue seule dans un monde que je ne comprends pas, remplie de gens qui ne me comprenne pas. Enfin, je dramatise, je ne n'ai même pas encore aperçu mon bateau et je me sens déjà infiniment perdue...

 Les docks sont surement la partie de la ville la plus animée à cette heure matinale, partout raisonnent les cris des mouettes et des matelots qui travaillent au port dans l'odeur pénétrante de sel et de fumier. Je me dirige vers les bateaux amarrer un peu plus loin, j'ai toujours été fascinée par ces géantes structures de bois qui flotte malgré leur taille. Je m'arrête devant un bateau d'une trentaine de mètre de long et dont les deux mâts pointent vers le ciel à une hauteur vertigineuse. Son nom est le « White Lion » comme le dit une plaque en bois fixée à l'arrière, c'est ce sur lui que j'embarque. A son bord les marins s'affairent à diverse taches dont l'utilité m'échappe, il faut dire que je n'y connais pas grand-chose en navigation. C'est l'instant de vérité, je me racle la gorge, prend mon courage à deux mains et lance d'une voix qui se veut masculine :

Reine Des Marées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant