02. Si seulement tu savais.

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Après qu'ils aient emmené le corps de Nikolaï hors du bureau du directeur, Anna fut autorisée à rejoindre sa chambre pour préparer son départ. 

- J'ai appris que tu partais pour la Sibérie.

La voix du général fit sursauter la jeune femme trop occupée à ranger ses affaires.

- Oui, le directeur dit que de grandes choses se préparent, ils ont besoin de moi Oleg.
- Et pour ça Nikolaï devait mourir ?
- Il nous a trahis.
- Anna, il ne faut pas que tu écoutes tout ce que te dis Aleïev.
- Pourquoi tu dis ça ?

Oleg regarda autour de lui, il savait que des micros avaient surement dû être installés dans sa chambre. Il fit le tour de la pièce en tapotant dans tous les recoins des meubles sous le regard interrogateur de la jeune femme. Il finit par trouver un fil qui courait le long de son étagère alors il tira dessus afin de la débrancher. 

- Et si je te dis qu'il n'est pas mort ?
- Je lui ai tiré en plein cœur.
- Il n'est pas mort.

Anna resta un long moment à le regarder en silence, elle ne pouvait croire ce qu'il lui disait mais Oleg ne lui avait jamais mentis même dans les moments difficiles. 

- Où est-ce qu'il est ? 
- Dans une cellule en bas, Aleïev veut le faire exécuter après que tu sois partie.
- Tu l'as vu ?
- Oui.
- Oleg c'est un traitre.
- Sauver la vie d'une petite fille c'est difficilement trahir.
- Il a empêché notre victoire. Dit Anna comme si elle récitait une leçon qu'on lui avait si souvent répété.
- En la sauvant ?

La jeune femme commençait à percevoir l'absurdité de ses paroles mais il était bien trop tard pour douter.

- J'ai voulu le tuer.
- Va le voir avant de partir.
- Je ne peux pas, Aleïev me surveille.
- Il est partit pour une heure avec Vostrikov.
- Je sais qu'il a donné l'ordre à Boris de me suivre.
- Je suis son supérieur, je peux le retenir.
- Pourquoi tu fais ça ?

Oleg baissa les yeux et son regard s'emplit de tristesse.

- Il y a très longtemps j'ai laissé quelqu'un partir sans lui dire ce que je ressentaispour elle et je le regrette aujourd'hui.
- Tu avais essayé de la tuer ?
- Il comprendra.
- Je n'en suis pas si sure.
- Va le voir, je vais convoquer Boris.

Oleg rebrancha le micro placé dans sa chambre, il lui glissa les clés des cellules dans la main et partit en direction de son bureau. Elle attendit quelques minutes assise sur son lit jusqu'à entendre le général ordonner à Boris de venir immédiatement le voir alors elle se leva et ouvrit la porte. Personne ne trainait dans les couloirs alors elle en profita pour marcher discrètement en direction des cellules. Les gardes effectuaient une ronde toutes les trente minutes ce qui lui laissait peu de temps pour trouver Nikolaï et le sortir de là. Les deux hommes en uniforme se dirigeaient vers l'extérieur leurs cigarettes à la main alors elle descendit les escaliers menant au sous-sol lugubre où avaient été construites les cellules. Le jeune soldat se tenait recroquevillé sur son lit de fortune, elle tenta alors de l'appeler mais il ne se retourna pas.

- Je vais te faire sortir d'ici.

Alors qu'elle allait partir pour trouver les clés des cellules, Nikolaï s'appuya sur le rebord du lit pour se relever. Il se hissa péniblement sur ses jambes et s'avança vers elle, elle vit alors toutes les blessures qui recouvraient son corps. La balle l'avait bien traversé mais aucun organe vital n'avait été touché, son émotion au moment de tirer l'avait empêchée de viser précisément. Il approcha ses mains alors elle s'avança en pensant pouvoir le rassurer mais au lieu de ça il lui agrippa les cheveux et lui plaqua le visage contre les barreaux froids de la cellule.

- Tu viens pour m'achever Anna ?
- Nikolaï arrête !
- Comment tu as pu le croire ?
- Arrête !

Son état l'empêcha de la maintenir plus longtemps alors il finit par la lâcher et elle s'éloigna rapidement des barreaux. 

- Elle avait trois ans, elle pleurait je n'ai pas pu.
- Tu aurais du me le dire.
- Tu l'aurais ramené ici.
- C'était la mission.
- Tu es complètement folle.

Nikolaï recula au fond de sa cellule et porta la main à son côtes brisées. 

- Va t'en Anna. Va te battre pour ta cause, va mourir pour ta cause. Pars ! Avec ou sans toi je serai mort ce soir.
- Pas si je te fais sortir avant.

La jeune femme sortit les clés de sa poche et ouvrit la cellule. Elle prit Nikolaï sous les épaules et l'aida à marcher. Des pas se firent entendre venant du couloir, les soldats de garde avaient dû finir leur pause et s'apprêtaient à faire une nouvelle ronde. Ils montèrent les escaliers le plus discrètement possible mais des ombres se dessinaient dans le couloir au loin indiquant que les gardes approchaient. Elle tenta de faire accélérer Nikolaï mais la douleur l'empêchait d'aller plus vite.

Soudain, l'alarme retentit dans tout le bâtiment, les hauts parleurs crachaient cet insupportable bruit alors qu'ils approchaient petit à petit de la sortie. Ils traversaient maintenant le couloir des dortoirs qui étaient compartimentés en plusieurs portions chacune séparées par des grilles quand celle devant eux se referma. Anna se retourna pour prendre la direction opposée mais la grille s'abaissa devant elle. Ils étaient pris au piège, enfermés au milieu du couloir alors que des dizaines d'agents fonçaient sur eux. Ils leur hurlaient tous de se rendre quand Aleïev arriva derrière eux. Il leur fit doucement signe de baisser leurs armes et croisa nonchalamment ses bras devant les barreaux.

- Vous faites une promenade ? Demanda le directeur en souriant. Non pas que c'est interdit, en revanche tenter de faire évader un condamné à mort ça l'est ma petite. 
- Il a juste voulu la sauver. Dit Anna en paniquant. Ce n'est pas...
- Je sais ça Anietchka. L'interrompu Aleïev en prenant une voix rassurante. Ce n'est pas un traitre. Si seulement tu savais. 
- Je vous avez dis qu'elle était faible. Dit froidement Nikolaï. 

Anna sentit une haine monter en elle alors qu'elle commençait à entrevoir la gravité de la situation, il l'avait trahit, elle avait prit tous les risques pour lui et il l'envoyait à une morte certaine sans même lui adresser un regard. 

- Et tu avais raison. Dit Aleïev en sortant son arme de son étui. 
- Vous aviez promis de me laisser en vie si je l'amenais à vous trahir. 
- C'est vrai, mais je n'ai rien à faire avec les traîtres.

Le général lui tira une balle en pleine tête tuant Nikolaï sur le coup sous le regard de quatre agents vêtus du même uniforme noir qui les observaient depuis le début. 

- Je n'ai jamais été autant déçu. Lui dit froidement Aleïev à l'oreille. Emmenez-la, torturez la, peu importe. Faites ce que vous voulez d'elle.

Celui portant des écussons de général fit un signe à deux soldats qui saisirent brusquement Anna par le bras après avoir ouvert les grilles.

- Ne vous inquiétez pas, elle va connaître le prix de la trahison.

The Winter Soldiers : The Siberian SecretWhere stories live. Discover now