Jour 21 - Samedi

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Je ne sais pas si j'ai dormis cette nuit. J'ai l'impression d'avoir été dans une sorte de transe. Je me suis vue allongée sur mon lit, pleurant toutes les larmes de mon corps, et j'ai eu pitié de moi. Comme je me déteste de m'être jetée à corps perdue dans cette relation !

Lorsque je me réveille, le poids qui m'écrasait la poitrine est deux fois plus lourd. Mon cœur accélère, comme s'il n'était plus capable de retrouver un rythme normal. Je n'ai rien dans le ventre, mais j'ai envie d'aller vomir le peu de choses qui s'y trouve. J'aurais tant aimé que la soirée d'hier soit un mauvais cauchemar... Malheureusement la douleur qui m'étreint le ventre ne pourrait pas être plus réelle.

Les premières lueurs du jour ont à peine percé à travers notre fenêtre, quand, avec Julie, nous nous décidons à faire nos valises. Bougeant au ralenti, nous puisons notre force l'une dans l'autre. Avec nos cernes et nos yeux rouges nous avons toutes les deux des têtes d'enterrement. Le spectacle aurait été assez comique si nous n'avions pas aussi le cœur en miette.

J'ai presque finie ma valise quand mes yeux se posent sur ma table de chevet. Le Passeur gît calmement, inconscient du fait que son propriétaire m'a brisé le cœur, accompagné du pendentif émeraude. Ces deux objets aussi insignifiant soient-ils font remonter des souvenirs que j'aurais préféré enfouir. Nos nuits sur le balcon, nos danses, la force de ses bras autour de moi, ses doigts caressant ma peau... Je frissonne, tandis qu'un haut le cœur m'étreint. Je ne pourrais plus jamais dissocier ces souvenirs aux mensonges se cachant derrière. Je ne peux pas les emporter avec moi. Ils lui appartiennent. Ils n'ont donc plus leur place dans ma vie.

Sans réfléchir, je les prends et sors de la chambre. Les couloirs sont bruyants. Les portes sont ouvertes, des valises sont posées au milieu de mon chemin et mes collèges naviguent de chambre en chambre. Je baisse la tête et défait mon chignon pour me cacher derrière mes cheveux, et ne pas attirer l'attention. La dernière chose que je souhaite c'est qu'on me pose des questions à cause de mon état déconfit.

Quand j'arrive devant la porte de la chambre de Mickaël, je prends une grande inspiration avant de frapper. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et le sang bat à mes tempes. J'essuie mes mains moites contre mon jean, et j'essaie de me calmer. La perceptive de le revoir engendre deux sentiments contradictoires en moi. J'ai peur croiser son regard froid et cruel, peur de me ridiculiser et de le supplier de faire une petite place pour moi dans sa vie. Et, en même temps, j'ai une irrésistible envie de sentir ses bras puissants m'enserrer, d'entendre sa voix douce prononcer mon surnom et de plonger dans son regard chocolat.

Je crois que je m'accroche encore à l'espoir fou qu'il va m'ouvrir et s'excuser de la façon dont il agit hier. Il me dira qu'il a simplement eut peur de me perdre et qu'il a mal réagit. Que je vais lui manquer. Qu'il tient à moi.... Je sais, je suis pathétique, mais je n'arrive pas encore à croire que tout ce qui s'est passé hier était réel.

Pas de réponse.

Je frappe de nouveau.

Toujours rien.

Je m'approche de la porte et y colle mon oreille pour essayer de distinguer les bruits provenant de la chambre, inconsciente du fait qu'on puisse me surprendre dans cette position.

Rien.

Il doit prendre son petit déjeuner dans le réfectoire. Encouragée par un nouvel entrain, j'en prends le chemin. Il faut que je le trouve, plus seulement pour lui rendre ce qui lui appartient, mais aussi pour être certaine qu'il ne m'a pas menti. Cette seule pensée allume une petite lueur d'espoir dans mon cœur. Il se peut qu'il ait tout simplement voulu me protéger. Qu'il ait eu peur que je refuse un bon poste à Nice pour être avec lui. Oui, oui c'est sûrement ça. Je ne vois pas d'autre explication à son changement si soudain de comportement.

A l'encre de notre histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant