CHAPITRE SURPRISE

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- Salut Blondie ! Comment ça va ?

- Parisse, j'ai besoin de toi... Est-ce que tu peux me prendre un billet New-York, Paris ? Je te rembourserai, promis, je...

- Dylan, tu vas bien ?

Elle me coupe brusquement, le ton calme et froid que seule Patricia Van Der Bilt est capable d'avoir lorsqu'on touche à ses amis et sa famille.

- Je t'expliquerai plus tard. Tu peux ou pas ? Dès que j'aurai l'argent, je te le rendrai...

- J'en ai rien à cirer de l'argent, Dylan ! D'abord je veux savoir si tu vas bien, bordel de merde !

Est-ce que je vais bien ? Aucune idée. Je suis un peu désorientée par la vitesse à laquelle tout se déroule. Il n'y a même pas vingt minutes, j'étais sur un petit nuage. C'est comme faire un saut en parachute : sensationnel. Puis se rendre compte qu'on n'a pas de parachute pour atterrir.

- Elle avait raison.

- Qui ça ?

- Ma mère. Elle a toujours raison, bon sang. Même quand je fais tout pour ne pas reproduire ses erreurs, je lui prouve le contraire...

- Dylan, stop ! Ne commence pas avec ça ! Gaspard Maréchal est un enculé, point barre !

Sauf que ce n'est pas lui le fautif, mais moi. On me donne le mot sexe et je confonds avec sentiment. Alors même que je hurle que je n'ai pas besoin d'hommes dans ma vie, que je suis bien toute seule, que les mecs sont tous les mêmes, je finis toujours par me noyer avec les mêmes idiots. Drogués, irrespectueux, violents ou les trois à la fois.

- Je te prends ton vol et je t'envoie la confirmation. Tu me rappelles quand tu arrives à l'aéroport, d'accord ?

J'acquiesce et raccroche. La ville de New York défile sous mes yeux, mais je n'ai pas le temps d'apprécier ou de comprendre l'énergie qui la définit. Le mail de confirmation de Parisse me parvient très rapidement : merci la technologie. « En fait, non », pensé-je en voyant l'appel de Gaspard illuminer mon écran. Ma colère me dicte de lui répondre et de l'envoyer sur les roses. Mais parce que je connais sa facilité à manipuler avec des mots, je passe le relai à ma messagerie. Il ne laisse pas de message et rappelle tout de suite.

- On est bientôt arrivé ?

Le chauffeur me montre du doigt la grande structure de l'aéroport. Nous nous arrêtons au dépose-minute et je fouille dans mon portefeuille pour en sortir des billets. Mon cœur s'arrête puis redémarre à toute hâte.

Merde ! C'est des euros !

Je n'ai pas changé mon argent... J'inspire profondément, lance un grand sourire au chauffeur et lui tends l'argent.

- Vous pouvez garder la monnaie !

J'ouvre la portière et alors qu'il hurle dans mon dos, je m'enfuis en courant. Ça, j'ai l'habitude. Les flics de Paris, les serveurs de café, les vigiles des magasins ne m'ont jamais attrapée. Alors ce n'est pas un mec qui passe ses journées assis dans une voiture qui le fera. L'aéroport n'est pas bondé, ce qui me permet de trouver en un instant le panneau des toilettes... Et d'entendre aussi l'homme m'insulter et ordonner qu'on me stoppe.

En passant entre trois, quatre groupes, je parviens à le semer et je rentre directement dans les toilettes pour femmes. Une seule cabine est vide et bien sûr, c'est aussi celle qui ne se ferme pas à clé. Il me faut m'appuyer contre et faire pression avec mes bras au cas où il essaye de la défoncer. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et ma tête tourne d'avoir autant sprinté sans avoir le ventre un minimum garnit. Ça m'apprendra à baiser toute la nuit sans penser à prendre des forces. Quelques instants plus tard, je décide que je peux quitter la cabine, quand une dame s'écrie en anglais « Oh, ce sont des toilettes pour femmes ! Vous n'avez pas le droit, je vais appeler la sécurité ! ».

PLAY & BURN (Publié chez Nisha Editions)Where stories live. Discover now