Chapitre 16

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Aujourd'hui, je dois aller voir mon père. Je vais devoir négocier pour restez chez maman et ne pas faire garde partagé... Je ne veux pas être chez mon père une semaine sur deux, je ne veux pas.
-Lydia, si jamais tu n'arrives pas à le convaincre, on sera obligé de régler ça devant un juge, dit ma mère en me serrant dans ses bras.
Je hoche la tête et je sors de mon immeuble, le cœur vide d'émotion. Un long week-end m'attend...

Quand j'arrive devant la grande et belle maison de mon père, Maryse, ma belle mère, m'ouvre la porte. Elle me dévisage de haut en bas, peut-être suis-je mal habillé ?
-Tu es en retard, dit-elle en minaudant.
Je lui lance un regard haineux. Maryse enroule ses mèches blondes autours de ses doigts, et fronce ses sourcils artificiels.
Je balance mon sac dans le salon qui s'écrase sur un pot de fleurs qui éclate en mille morceaux. Je m'empresse de le ramasser avant de le balancer à l'autre bout de la pièce. Maryse serre les poings et me lance :
-Lyda !
Elle a cette manie insupportable de m'appeler Lyda au lieu de Lydia, malgré le fait que je lui rappelle à chaque fois.
-Oh, pardon, dis-je en souriant. Et d'ailleurs, je m'appelle LYDIA.
Et sur ce, je cours jusqu'à ma chambre et m'écrase sur la couette.
J'entends des pas dans le couloir, c'est mon père. Il ouvre la porte et vient me serrer dans ses bras. J'essaye de me défaire de son étreinte mais j'y arrive pas, il est trop fort.
-Ma chérie, tu n'es même pas allé voir Carla, Finn et Simon. Et moi. Maryse n'avait pas l'air contente, en plus tu as cassé ses hortensias.
Je pousse un soupire d'exaspération.
-Je vais aller voir Finn. Et Simon.
Finn et Simon sont mes demis frères, Finn a mon âge tandis que Simon n'a que six ans. Quant à Carla, c'est ma demie sœur et je la déteste vraiment.
-Et Carla?me dit-il avec une pointe de méchanceté dans la voix parce que je n'ai pas dis que j'irais la voir.
Carla a quatorze ans mais se prend déjà pour une reine, avec ses marques à la con et son maquillage exagéré. C'est une Maryse en modèle réduit.
-Je vais pas aller lui dire bonjour à cette...
-Magnifique jeune fille, finit mon père en appuyant bien sur le mot « magnifique ».
Je soupire et me dirige vers la chambre de Finn, laissant mon père tout seul sur mon lit.
Quand j'entre dans la chambre de Finn, je détecte immédiatement une forte odeur de cigarette. Il est en train de fumer, en regardant son ordinateur.
-Salut Finn, dis-je.
Il se retourne et sursaute car il ne m'avait pas vu venir. J'éclate de rire et il fait de même, crachant dans l'air une fumée épaisse. J'aime bien Finn, je le vois parfois en dehors de chez mon père. Il ne ressemble pas à sa mère Maryse, c'est plutôt son opposé...
-Lydia ! J'attendais ta venue, dit-il en me faisant une révérence.
Je rigole et lui arrache sa cigarette des mains.
-Hé ! Rend la moi !
Je l'observe avec de gros yeux.
-T'as le droit de fumer dans ta chambre, toi ?
Il hausse les épaules.
-Même si j'avais pas le droit, je le ferais, dit-il avec un sourire malicieux au coin de ses lèvres.
Je souris et répond :
-Tant mieux.
Je porte la cigarette à mes lèvres et aspire une grande bouffée que je recrache à la figure de mon demi frère. Il tousse et me reprend la clope presque finit.
-Depuis quand tu fumes, toi? Me demande-t-il.
-Ça m'arrive de temps en temps, c'est pas une habitude comme...toi.
Il se mord la lèvre inférieur. Je distingue dans ses yeux de la peine, une tristesse déroutante. Il détourne le visage et je lui demande gentiment s'il va bien.
-Lydia... C'est que...
Je m'assois à ses côtés et je me love contre son torse.
-Qu'y a-t-il Finn ?
Cette fois, il éclate en sanglot. Les larmes dévalent ses joues et j'ai beau le réconforter, il ne s'arrête pas. Je ne comprend pas ce qu'il se passe, il était bien et puis tout d'un coup...
-Finn... Dis-moi ce qui te tracasse.
Sa tristesse est remplacé par de la colère qui flambe dans ses yeux translucide.
-Tu ne viens jamais me voir Lydia. On est demi frères et sœurs, non ? On est amis bordel ! Lydia... Je me sens seul. A chaque endroit où je vais, je suis seul. Je n'ose pas parler aux gens, il ne vienne pas vers moi et... Je suis seul, à chaque instant, chaque minute qui passe, chaque seconde ! Même ma mère et mon beau-père ne se soucie p as de moi et en ce qui concerne mon père, tu sais que je l'ai perdu hein ? Maryse pense que m'offrir les dernières tendances va me rendre heureux mais elle a tout faux. Je ne veux pas de cette baraque géante, de cette piscine et de tout ce qui va avec ! Je veux de l'amour. C'est pour ça que j'ai commencé à fumer, pour qu'il se fasse du soucie pour moi mais en fait ils s'en foutent. Il veulent juste que j'ai des bonnes notes pour « avoir un avenir ». En gros, ils veulent que je devienne riche, que je sois avocat peut-être ? Et bien ce n'est pas ce qui m' intéresse. Lydia, tu ne viens jamais...
Je ne sais pas quoi dire.
Il m'a cloué le bec avec son monologue.
Moi qui le croyait si populaire car oui je l'avoue, il est plutôt pas mal.
Moi qui le croyait sociable alors qu'il semble être tout le temps seul.
J'avais tout faux.
Et je m'en veux.
C'est vrai, je n'aime pas mon père et sa nouvelle femme, je n'aime pas les valeurs qu'ils ont dans la vie mais est-ce-que c'est une raison pour ne pas aller voir Finn, mon demi-frère, mon ami ? J'ai des remords. En fait quand j'y pense, je ne connaissais rien de sa vie. Je ne lui parlais pas si souvent quand je venais mais il me considère comme sa seule amie. J'ai pitié de lui, si seulement je pouvais dire quelque chose, n'importe quoi... Mais je ne peux pas. Mes muscles sont paralysés, ma gorge est sèche et je reste immobile. En ce moment, je suis délaissée par mes amis mais il me reste Yannis et peut-être même Kim, la fille marrante de l'autre jour ? Lui, il n'a personne à qui se rattacher.
Je dois dire quelque chose.
Mais je ne peux pas.
-Lydia, je n'ai personne.
Là, je dois vraiment agir. Alors je me lève péniblement et l'incite à se lever lui aussi. Puisque les mots me manquent, je le prend dans mes bras et je le serre de toute mes forces.
Je lui plante un gros bisous sur sa joue et je m'enferme dans ma chambre. Je reste toute la journée à vadrouiller sur mon ordinateur et je joue un peu avec Simon. Le soir, je me couche très tôt car je suis épuisée.

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