Chapitre 4, Le labyrinthe

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Je décidais d'essayer toutes les portes, passant devant chacune et actionnant leur poignée. Toutefois, aucune ne voulut s'ouvrir. Elles n'avaient pourtant pas de serrure, mais pourquoi étaient-elles alors verrouillées ? J'avais de plus en plus peur. Cela devait-être dans une épreuve, il n'y avait pas d'autres explications et je ne pouvais pas échouer. Après avoir testé toutes les poignées, je faisais demi-tour et descendais d'un étage. Cependant, je restais interdite sur la dernière marche. La similitude entre les deux étages était irréaliste. Il y avait scrupuleusement les mêmes portes, les mêmes lampes, les mêmes tables, sur lesquelles se trouvait une même plante dans un même vase blanc et bleu en porcelaine chinoise. Au fond du couloir, trônait toujours également la même pendule. Pourtant, un détail m'interpella : l'heure n'était pas la même. Elle retardait par rapport à la première que j'avais vue.

Mettant cela de côté, je retraversais tout le couloir en forçant chaque porte en vain. Je faisais de nouveau demi-tour pour descendre d'un second niveau. Néanmoins, même au bout de trois étages, rien ne changeait hormis l'heure qui retardait de plus en plus. Je me rendais à l'évidence, je ne savais pas quoi faire, j'étais perdue. J'avais beau parcourir chaque étage ma situation n'évoluait pas.

Prise de panique, je décidais de simplement descendre les marches jusqu'à atteindre la sortie. Les escaliers ne pouvaient pas être infini après tout. La peur puis la colère tour à tour s'emparaient de moi, que devais-je faire ? Je ne faisais que des allers-retours dans les différents couloirs identiques, écumant une folle exaspération qui montait de plus en plus dans ma poitrine.

Après une dizaine d'étages visités, je ne pus aller plus loin. La fatigue et la fureur ne le permirent pas. Une vague de rage se déversa sauvagement sans crier gare contre le joli vase en porcelaine. Je l'envoyai éclater contre un mur, explosant une des lampes au passage. De légères étincelles jaillirent des fils dénudés et cet incident prit un tournant inattendu. Au départ, il n'y eut aucune réaction. Je faisais demi-tour pour la énième fois. Mais alors que je sautais sur la première marche, un mouvement fluide m'interpella. Un feu venait de se déclarer.

Ma colère s'évapora aussitôt. J'étais maintenant complètement affolée. En plus d'être coincée dans cette maison aux allures de labyrinthe, j'avais réussi à provoquer un incendie. Comment était-ce possible ? Je n'étais décidément pas douée. Je descendais encore une fois d'un niveau pour gagner du temps, cependant, il se produisit quelque chose d'incroyable.

En bas de l'escalier, je ne pus cacher ma surprise, ne sachant plus quoi penser. Tous les débris du vase étaient là, jonchant le sol comme sur l'étage supérieur. La fumée des débuts de flamme serpentait le long du sol.

-Qu'est-ce que... murmurai-je.

Une idée me vint soudain. J'avais tenté de descendre, peut-être arriverais-je à la cage d'escalier précédente ou à la sortie tout simplement si je remontais les marches... Je fis le chemin inverse pour malheureusement apercevoir le même schéma. Mon intuition était fausse. Mon élan d'énergie s'évapora tout comme mon soudain enthousiasme.

Et s'il n'y avait qu'un seul étage dans lequel je tournais en rond depuis tout à l'heure ? Comment était-ce humainement possible ? Je ramassais quelques morceaux parmi les centaines de fragments et les reposais en forme de L, histoire de vérifier ma théorie. Le feu prenait de plus en plus d'ampleur. La température avait rapidement grimpé. Il était étrange de voir à quelle vitesse le feu léchait les murs.

Tout en essayant de garder mon sang froid, je redescendais l'étage. Les débris étaient toujours présents. Le morceaux que j'avais placé n'avait pas bougé d'un pouce. Cela voulait donc dire qu'en effet, tous les étages n'en formaient qu'un.

Avoir compris cela me fit sourire, mais l'instant suivant une réflexion me frappa. J'avais parcourus plus d'une dizaine de fois ce couloir et descendus les escaliers, pour rien, certes. Mais comment devais-je alors sortir d'ici ? Il devait forcément y avoir une issue. Un petit quelque chose que je n'avais pas vu. Enfin, je l'espérais. Les organisateurs ne pouvaient pas être sadiques au point de ne pas avoir prévu d'échappatoire pour les participants, non ?  Le contraire était tout de même une option à prendre en compte. A quoi rimait l'intérêt de cette épreuve si elle n'avait pas de fin ? Je pris conscience d'autre chose, les seules variables étaient le temps et moi. Ainsi que maintenant une petite troisième que j'avais déclenché, le feu.

357 //RéécritureWhere stories live. Discover now