Chapitre Premier, La porte en bois, Partie 1

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Une année s'était écoulée. J'avais dix-sept ans depuis l'hiver précédent et mes parents avaient accepté que je participe suite au départ de Julien. J'étais donc officiellement inscrite pour les épreuves. Le mois de mars s'était vite envolé et le vingt-deux arriverait encore plus rapidement. La veille au matin, je m'étais rendue au lycée pour mon dernier jour de cours. Si pour certains, cela sonnait comme les vacances de Pâques, pour moi, cela indiquait le début d'une possible nouvelle vie. J'avais passé la soirée chez mes amis pour profiter d'eux un maximum. Après tout, si j'étais sélectionnée et s'il m'arrivait la même chose qu'à Julien, je ne pourrais certainement plus les revoir avant longtemps...

À présent, je me préparais dans ma chambre, m'examinant furtivement dans le miroir. Cherchant le moindre défaut qui aurait pu gâcher ma tenue. C'était superficiel, je l'admettais volontiers. Habituellement, je n'étais pas aussi pointilleuse, mais ce jour était tellement important. J'avais enfin une chance de revoir mon frère après un an de séparation et j'avais affreusement hâte d'en terminer avec les tests bien qu'ils n'eurent pas encore commencés. J'étais hésitante quant à ce que je pouvais prendre d'utile. Je me doutais que nous serions dans des locaux, mais la météo étant très changeante entre la pluie et le beau temps dans cette région du nord.

Au final, j'avais opté pour un ensemble simple. Un haut rouge un peu ample au col rond et aux manches longues, accompagné d'une veste et d'un pantalon en jean souple noirs. Je n'étais pas très grande, mais cette tenue allongeait plutôt bien ma silhouette, ne faisant pas ressortir de trop les formes qui commençaient à être trop prononcées à mon goût. Car bien que pour certaines, elles soient avantageuses, je les trouvais surtout dérangeantes et complexantes.

Mon regard s'attarda au-dessus de ma poitrine, précisément sur mon porte-bonheur, une clef en argent incrustée d'un saphir au centre. C'était mon bijou préféré. Mon frère possédait le même symbole, mais gravée dans une plaque militaire, elle-même incrustée d'un rubis. Des tonnes de souvenirs défilèrent dans ma tête. Et dire que j'allais enfin avoir l'occasion de le rejoindre ! Cela me donna un véritable coup de peps.

La cloche de l'église résonna pour marquer la demi-heure, me faisant réaliser que la moitié de l'après-midi était déjà bien entamée alors que je devais me rendre dans le centre-ville pour cinq heures. Je quittai rapidement ma chambre, attrapant mon sac à dos au passage. Les participants devaient être mis à part dans l'hôtel de ville pendant toute la durée des tests d'aptitudes et de logiques. Personne ne pouvait rentrer ou sortir en cours de route. Les communications vers l'extérieur étaient également interdites. Je laissai donc mon portable sur ma commode. J'avais tenté par le biais de Julien de savoir à quoi m'attendre, mais il n'avait même pas répondu à mes lettres. Me retrouver seule, sans lui, faisait croître ma peur exponentiellement, je devais à tout prix y arriver.

Je descendis les marches à la volée, puis cherchai les baskets que j'avais préparées la veille. Or, elles étaient introuvables. J'ouvrai les placards, un à un. Il n'y avait que mes innombrables paires de talons, pas la moindre basket en vue.

-Ah non, pas aujourd'hui ! m'écriai-je à voix haute.

Soudain, des lacets roses m'interpellèrent. Je sortis la paire de chaussures qui les accompagnaient et fis la grimace. Avais-je vraiment osé acheter ça ? J'observai les bottines plates anthracites qui semblaient plus être faites pour une randonnée que pour se promener en ville. Par dépit, je dus opter pour celles-ci. Elles étaient terriblement hideuses et ne s'accordaient nullement avec ma tenue. Cependant, je n'avais plus le temps de trouver autre chose.

Je claquai la porte, puis la verrouillai. Je descendis une dernière fois le porche en sautant par-dessus toutes les marches. Faire ce qui était interdit avait toujours ce côté irrésistible. Je savais pertinemment que si mes parents m'avaient vue, ils m'auraient encore réprimandée, parlant de "nuque brisée" ou de "paralysie". Sauf qu'aujourd'hui, ils n'étaient pas rentrés à l'heure. Encore. Pourtant, ils me l'avaient promis, comme à chaque fois. Malgré tout, je leur pardonnais, car c'était involontaire... Leur métier prenait pratiquement tout leur temps.

357 //RéécritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant