♀CHAPITRE 23♀

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 Maxime me serrait fort contre lui, et mon cœur s'accélérait de plus en plus. Il releva la tête et me regarda en face, droit dans les yeux. Il approcha son visage lentement près du mien, et prise de panique je reculai.

― Tu veux manger quelque chose ? M'empressai-je d'ajouter en tournant le regard.

― Heu, ouais.

Il se prépara un café et sortit des biscuits du placard. Je l'observais, honteuse de mon comportement. Que se serait-il passé si je n'avais pas reculé ? Je chassai ces idées et me focalisai sur le plan de la journée. Nous prendrions la voiture pour aller chez son ami, en espérant qu'il soit toujours là.

Les préparatifs ne prirent pas beaucoup de temps, et rapidement, nous fûmes dans la voiture. Aucun de nous deux n'osait parler. Je cachais mon visage sous la capuche noire de mon sweat, évitant tout contact oculaire avec Maxime. Je ne pensais à rien, je me contentais d'observer le paysage qui défilait à vive allure. Beaucoup de bâtiments étaient laissés à l'abandon. La nature avait repris ses droits par endroit, laissant le lierre prendre possession des pierres des maisons.

Nous n'avions rien à craindre pour le moment, puisque nous traversions principalement des routes aux accotements déserts de toutes habitations. J'habitais à la campagne avec ma mère, la route allait être longue. En effet, au bout d'une petite heure, Maxime me réveilla. La tête dans les nuages, la langue pâteuse, je gigotai sur mon siège. J'étais toute engourdie.

Maxime gara sa voiture dans un vieux chantier abandonné. Des grues et des engins de construction étaient laissés à l'abandon. Tout ceci ne me rassurait pas. Mais je suivais mon guide sans broncher. Je le laissai me mener à travers les bâtiments à moitié construits, d'où dépassaient des barres de fer menaçant de nous embrocher au moindre faux pas. Il y avait aussi des conteneurs rouillés, des voitures aban-données... Cet endroit me donnait la chair de poule.

Maxime, lui, semblait être totalement à l'aise. Il marchait d'un pas déterminé, sachant très bien où il allait. Finalement, nous arrivâmes devant un conteneur rouge (qui pour moi ressemblait en tout points aux trente-six autres que nous avions croisés). Mais Maxime tira la poignée et me fit entrer. En réalité, les conteneurs étaient disposés de façon à créer un long labyrinthe de couloirs. Il éclairait le passage à l'aide de son portable, lorsque nous arrivâmes devant un boîtier numérique collé sur une porte. C'était une surface plate, munie de boutons et d'un écran. Celui-ci affichait une tête de mort. Très accueillant...

Maxime appuya sur un des boutons, plus gros et plus éloigné des autres. Une petite sonnette presque inaudible retentit alors. Puis, une voix grave nous interpella.

― C'est pour quoi ? Présentez vous.

Maxime prit la parole.

― Salut, je m'appelle Maxime Fabre. Je suis venu voir Adam Klein, je le connais bien.

― Personne n'a de nom ici, répondit la voix robotique.

Maxime me regarda, il semblait réfléchir.

― Alors peut être que je pourrais m'entretenir avec Zéro ?

La voix robotique ne répondit pas, et nous attendîmes en silence. Au bout de quelques minutes, la porte devant nous s'ouvrit enfin. Un homme d'une trentaine d'années, habillé d'un costume noir et à la carrure imposante, nous observait. D'un geste rapide il nous invita à entrer. Nous nous trouvions à présent dans un couloir éclairé d'une lumière ambiante violette, qui faisait ressortir le blanc de nos vêtements. On pouvait entendre un fond sonore qui ressemblait aux musiques qu'ils passaient quand j'allais en boîte. La bonne époque...

Le videur, (si je puis dire), nous ouvrit la deuxième porte au fond du couloir. Une musique très forte nous agressa tout de suite. Des lumières zigzaguaient de partout, une tonne de gens se trémoussaient en contrebas. On se croyait dans une boîte de nuit clandestine. Je me demandai alors qu'est ce que je faisais là ! Le videur s'approcha de nous et nous hurla :

― Zéro est dans ses appartements là haut.

Du bout du doigt, il nous indiqua une petite cabine qui dépassait du mur d'en face, à 100 mettre de notre position. Nous allions devoir traverser la foule pour atteindre les escaliers qui menaient à la pièce encastrée dans le mur, à 4 mètres du sol.

Maxime m'agrippa le bras et plongea dans cette mer d'inconnus à moitié dévêtus. Plus on avançait, plus la chaleur et l'humidité de la pièce m'étouffaient. La musique me fendait les tympans, et les lumières allaient finir par me provoquer une crise d'épilepsie...

Heureusement, nous arrivâmes devant les escaliers. Mais la partie n'était pas finie : deux gardes barraient l'entrée. Ils étaient vêtus pareillement à l'homme de l'entrée, avec en plus une paire de lunette noire. Maxime leurs parla à l'oreille pendant un bon moment, et je n'entendais rien de ce qu'il leur disait. De temps à autres, un des videurs faisait « non » de la tête. Mais au bout de longues minutes de négociation, ils nous laissèrent passer. Nous gravîmes les dernières marches, qui allaient peut être nous dévoiler le sauveur d'Élisa... Maxime tourna la poignée, et ouvrit enfin la porte. Nous entrâmes finalement, tombant nez à nez avec... 

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant