Chapitre 2 : Retrouvailles à Cul-de-Sac

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En désespoir de cause, Hayderys avait pris une chaise à table et, les bras croisés sur la nappe pour y reposer son menton, elle écoutait les conversations animées résonner autour d'elle.

Peu à peu, le brouhaha retomba. Les Nains vinrent uns à uns s'asseoir à ladite table, que Thorïn présida. A son grand embarras, elle se retrouva coude à coude avec Gloin – à moins que ce ne fut Oin –et Fili. On servit un bol de soupe au chef de la Compagnie, et l'odeur alléchante qui en émanait ajouta un poids à la rancœur que l'hybride lui portait. Elle chercha Bilbo du regard, mais les Nains ne lui avaient pas fait de place sur les bancs. Il s'était épaulé au chambranle rond qui marquait l'entrée de la salle, et suivait attentivement la conversation, dans l'espoir d'obtenir enfin une explication à tout ceci.

Ils parlèrent d'une réunion de laquelle revenait Thorïn, maugréèrent sur les mauvaises nouvelles qu'il rapportait, et durant tout ce temps Hayderys lorgna les assiettes de ses quelques voisins qui étaient parvenus -allez savoir comment – à trouver des restes de lard et de fromage.

Fili finit par surprendre son regard gourmand. Il décocha un discret coup de coude à son frère, puis lui désigna la Semi-Fée, avant d'indiquer d'un mouvement de tête l'assiette de Bombur. Le cadet pinça les lèvres pour contenir son rire et approcha furtivement la main de la pile de choux à la crème entreposée devant le roux pour lui en dérober un en douce.

Lorsque Kili lui tendit la pâtisserie, la jeune femme éprouva un violent pincement au cœur. S'ils savaient ! Reconnaissante, elle mordit dans le beignet puis prêta de nouveau attention à la discussion.

Il était à présent question d'une quête. Gandalf avait étalé une carte sur la table, que Thorïn, Bilbo et lui examinaient à la lueur d'une bougie. Certains Nains affirmèrent qu'il était temps tandis que d'autres se montraient dubitatifs. L'un prétendit que les présages étaient favorable, ce que Oin appuya en récitant une prophétie dont les termes firent revenir le Hobbit, qui s'était soustrait pour un instant à la pesante présence de la Compagnie.

-Quelle bête ? Interrogea-t-il, piqué de curiosité.

Bofur lui répondit spontanément, et avec un brin de nonchalance :

-Oh, ce doit être Smaug le terrible. Pire et principale calamité de notre Age.

Aces mots, Hayderys redressa la tête, le cœur battant. Les deux frères à côté d'elle échangèrent un regard sombre. Cependant,le Nain au chapeau poursuivait, sa pipe à la main :

-Cracheur de feu ailé, des dents comme des rasoirs, des serres comme des crocs de boucher. Friand de joyau...

La jeune femme passa sa langue sur ses canines, se demandant quelle longueur auraient les sienne à présent. Il y avait tellement longtemps qu'elle ne s'était plus transformée...

Le Hobbit intervint, ironique :

-Oui, je sais ce qu'est un dragon...

Et lui-même d'être interrompu par Ori, qui se dressa soudain pour proclamer son courage. Ne pouvant s'empêcher de prendre la bravade pour elle-même, l'hybride lui décocha un regard venimeux. Fort heureusement, personne ne lui prêtait d'attention à ce moment là, occupé qu'ils étaient à rire ou réprimander leur cadet.

Une remarque de Balin sur la valeur et l'intelligence des membres de la Compagnie déclencha un concert de protestations outrées, que Fili interrompit en claquant le bois de la table.

-Nous ne sommes peut-être pas nombreux, mais nous sommes des guerriers. Tous autant que nous sommes. Jusqu'au dernier !

Il appuya son discourt d'une nouvelle frappe, et son frère renchérit aussitôt :

HayderysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant