L'intraveineuse de sens

|| deux.

Elle est attirante, cette fille, vous savez. Elle a ce petit quelque chose qui fait que je deviens un autre moi. Laissez tomber, c'est bizarre. 

En sortant des cours, je l'ai suivie. Elle marchait la tête un peu plus relevée qu'en cours. C'était étrange, d'ailleurs, de la voir ainsi. S'en était presque plaisant. Ses longs cheveux virevoltaient avec le temps. Comme s'ils dansaient. Ils se mêlaient et se démêlaient, doucement, délicatement. J'avais presque le souffle coupé devant ce si beau spectacle.

Elle a tourné à droite, puis à gauche, puis encore à gauche. À moins que ce ne soit à droite de nouveau. Peu importe, son chemin fait partie de son mystère. Elle est entrée dans le Parc Floral. C'est un petit parc, assez peu connu. Il n'y a jamais grand monde. Les gens le traversent pour aller travailler, sans ne jamais trop s'arrêter. On dit qu'il y a un vieux jardinier, mais je n'ai jamais eu l'honneur de le connaître. Dès la grille, Niel a filé à droite, s'engageant vers un petit chemin touffu. C'est parfois à ce demander s'il y a vraiment un jardinier. Je ne pouvais pas la suivre, j'aurais été aussitôt repéré.

J'ai donc contourné par la gauche, dans l'espoir de la voir. J'ai vu qu'elle ouvrait son carnet, le tendit face à elle, et lui parla. Cette fille était résolument folle. Elle n'avait pas d'amis, si ce n'est cette Aglaé, plus hypocrite qu'autre chose. Mais ça n'avait pas l'air de la déranger. Parce que Niel avait son carnet. Carnet qu'elle était d'ailleurs en train de poser au sol, dans les roses de printemps. Tout ceci ne coïncidait pas. Elle lui fit un signe de la main, et parti aussi tranquillement qu'elle était arrivée. Restant caché derrière mon armée de buisson, je la suivis du regard. Elle s'éloignait. J'avais deux options : soit je la suivais, et je savais où elle habitait ; soit je prenais le carnet. Il me fallait choisir vite. Oh, et puis tant pis, je reviendrai pour le carnet, il est bien caché !