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Comment l'approcher ? C'était ça la question. Comme ne plus être une inconnue à son égard ? J'avais perdu une bataille certes, mais pas la guerre. Fallais qu'il m'apprécie plus que ma soeur. D'ailleurs, j'lui faisait un peu la gueule à elle, en retour, elle m'avait clairement traitée de gamine en retournant dans sa chambre. M'en fouttais. Elle voulait pas m'aider et tacler mon gars ? Ok. C'était pas grave, on allait passer au plan B. J'voulais qu'il me regarde, qu'il me dévore de ses yeux gue3. Et je savais comment faire. Plus tôt dans la journée, j'avais appelé Nada. Nada ? C'était une meuf sans prise de tête et sans limite, quoi. Elle se disait musulmane, mais tout le monde savait qu'elle était plus vierge. Mais c'était pas une keh non plus parce qu'elle couchait pas avec n'importe qui non plus : c'était toujours ses petits copains mais bref Allah u Ahlem hein. J'lui avais demandé si on pouvait sortir ce soir : elle était opé. Le plus difficile dans tout ce stratagème, c'était de mentir à mes parents pour pouvoir sortir. Mais bon, après quelques arrangements, ils acceptèrent, croyant que j'allais dormir chez une amie. J'devais trouver une tenue chez Nada, vu que j'avais rien à me mettre pour ce genre de sorties.
Alors j'étais là chez elle, devant trois robes toute aussi courtes les unes que les autres.

- Mais Nada c'est trop court ! lançais-je.
- Tu veux lui plaire ou quoi ?
-Ben oui, mais...
-Ben khlass, me coupa T-elle. Tu choisis.

Donc je fus contrainte de choisir, parmis ces 3 robes, un bout de tissus (parce que oui, à mes yeux, ce n'était même pas une robe tellement elle était courte, mais bon il fallait bien que je plaise à Arman).
C'était une robe dorée pailletée, m'arrivant à mi-cuisses et particulèrement moulante. Un collier, des boucles d'oreilles, des escarpins, un petit sac, une jolie coiffure et le tour était joué. Sans oublier le maquillage, bien sûr... C'était impossible qu'on me reconnaisse. Et vers 21h, nous étions prêtes à partir.

-Oh mais Nada, on y va comment à ton truc là ? demandais-je.
-T'inquiète, c'est Fernando qui nous emmène.

Fernando, c'était le petit copain franco-espagnol de Nada. Il nous avait amené en Audi TT, assez fortuné le gars, comme vous pouvez le voir.
Pendant le trajet, je stressais à mort. Imaginez juste un instant qu'Arman soit déjà occupé avec une keh ? Et que, par ce fait, il ne pose même pas les yeux sur moi ? Ou alors, imaginez qu'Arman, m'ayant reconnu, raconte notre rencontre à Karima ? Oh la la, je commençais sérieusement à avoir peur. "Mais, pourquoi tu regrettes Amira ? Tu vois pas la chance de ta vie là ? Tu vas enfin avoir l'occasion de vraiment parler avec ton futur mari et tu te plains ? Tout ce passe bien pour le moment et tout ce passera bien."

____

-Regarde, regarde, il est là ! m'informa Nada.
-J'fais quoi ? J'fais quoi ?! paniquais-je.
-Mais tu fais rien ! Reste naturelle t'inquiète, c'est un pote à Fernando, il va venir avec nous.

Il était vraiment magnifique. Rayonnant à mes yeux, une légère lumière paraissait sculpter les pourtours de son corps. Cheveux pas coiffée comme d'habitude, polo Lacoste® gris s'accordant parfaitement à son short en tissus de la même marque ainsi que de la même couleur. Il avançait, à ses pieds se tenaient des Nike® Benassi Jdi grises simples, on aurait presque dit qu'il revenait de la plage avec ses lunettes Gucci® accrochées à son polo. Mes narines savouraient son merveilleux parfum, que je pouvais déjà sentir depuis ma place. Il avança jusqu'à notre coin.

-Armaaan ! s'écria Fernando.

Il sourit de toutes ses dents et se mit à tchequer les gars et à faire la bise aux filles, tour à tour. Plus mon tour approchait, plus le rythme de mon coeur s'accélérait.
Oh mon dieu.
Dans quelques instants, ses joues vont toucher les miennes. Son nez va sentir mon odeur. Il va me regarder et donc se souvenir à qui il a fait la bise, plus tard. Donc il se souviendra de moi : j'aurais fait parti de sa soirée. Et la deuxième partie de mon plan opérera.
Il s'avança près de moi, me sourit et ses joues se frottèrent aux miennes. Et vu que j'étais la dernière assise sur le canapé et qu'il n'y avait donc personne à ma gauche : il vint s'asseoir juste à côté de moi. Ses jambes étaient collées aux miennes, nos bras l'étaient eux aussi, j'avais chaud, il ne fallait pas que je lui montre.
J'allais donc procéder à la deuxième partie de mon plan : tout ce passait vraiment bien et le sens de la phrase précédente ne devait pas s'inverser. Et puis finalement, je n'eus même pas à faire le premier pas. Arman, qui s'était levé précédemment, revint avec deux verres et s'arrêta devant moi.

-Amira, c'est ça ? me demanda t-il en me tendant un verre.

Amira ? Oh putain, il m'avait reconnu. Au fond de moi, j'étais contente et paniquée en même temps. Il m'avait reconnue, ce qui voulait dire que ça y est j'avais enfin une place dans sa capacité de reconnaissance faciale, dans sa mémoire : j'étais désormais, au moins, une connaissance. J'avais un rôle, une place, même mineure, dans sa vie... Mais... Ça s'trouve après cette rencontre, ça allait parler sur moi à la cité ? Les gens vont croire que je suis une keh à aller en boîte, chose que je ne suis pas... Oh et merde ! Et puis alors ? Je comptais juste parler avec lui, rien de mal, rien de plus : mon père ne l'apprendra jamais.

-Amira ?
-Ah, euh, oui, désolé, j'étais perdue dans mes pensées... C'est pour moi ? demandais-je à l'intention du verre.
-Ben, c'est pour la plus belle fille de la soirée.
-Ah.., ais-je répondu, légèrement attristé de ne pas être désignée.

Il s'assied près de moi et me tendit le verre.

-Donc toi, en l'occurrence, répondit t-il, un grand sourire aux lèvres.

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أمينة
@GhettoYouth_

À suivre...

[CC] Amira - IllusionDonde viven las historias. Descúbrelo ahora