Partie 3 - chapitre 4

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Des coups frappés à la porte. Discrets, d'abord. Puis plus fort.

"Euh... Geogeo? C'est moi, c'est Juliette... Je peux rentrer?

Juliette serra sa pile de draps contre elle. Personne ne lui répondit.

Elle tourna la poignée, avant de s'appercevoir que la porte était ouverte. Son coeur rata un battement. Et si... George avait essayé de se...
Non. Il n'aurait pas fait ça. Il était George Weasley, quand même. Mais... et si...

En appercevant le haut d'une tête rousse qui dépassait de derrière le lit, ses pensées trébuchèrent les unes sur les autres et s'arrêtèrent net. Son coeur eut un soupir de soulagement. Juliette entra discrêtement, sur la pointe des pieds comme une ballerine sans musique, elle ne savait trop pourquoi, peut-être parce qu'elle n'osait pas briser le silence dans lequel s'était blotti George, parce que cela aurait été comme réveiller quelqu'un qui dormait dehors en lui arrachant sa couverture en plein hiver.

Elle posa sa pile de draps sur le lit du jeune homme et s'approcha. Il était assis sur la moquette, adossé au pied du lit, les genoux ramenés contre sa poitrine, à fixer quelque chose que lui seul pouvait voir.
La chaleur étouffante de la pièce semblait... glisser sur lui.
Juliette ne pouvait cependant pas savoir si ce qui dégoulinait sur son visage était des larmes ou de la sueur.
Sûrement un peu des deux.
Elle n'osa pas parler.
Ne pas arracher une couverture chaude.

Quand elle avait terminé le repassage et la discussion avec l'Ange Gabriel, elle était montée directement dans l'aile qu'elle habitait avec sa famille, où ils avaient réaménagé la chambre qu'ils avaient en trop.
Elle avait foncé à la suite Lucie avec son linge repassé dans les bras. Il fallait qu'elle le voie.

Son frère ne mentait pas. George avait l'air mort.
Mais il ne l'était pas, et c'était l'essentiel.
Ne sachant que dire, ni que faire, Juliette resta debout, à le regarder fixer le vide pendant un long moment.


"SAAAAALUT JULIEEETTE!"

Et merde.

Pas eux.

En plus, ils étaient extrêmement flippants comme ça.

Fred et George avaient réussi à lui tendre un traquenard en la bloquant à la sortie du cours de Métamorphose.
Et Neville s'était tiré sans l'attendre. Lacheur.

C'était de la triche.

Maintenant, ils la tenaient chacun par un bras.

- Aloooors... comme ça on joue de la guitare?
- Petite cachottière...
- C'est on frère nous l'a dit sous la torture...
- On a déjà eu ton autre frère et ta soeur!
- Et Lee va jouer de la basse!
- Allez, viens, ça va être drôle, la blague du sciècle! - Alleeez... dit oui...
- Tu devrais participer rien que pour voir la gueule que va tirer le vieux Flit' quand on va le virer de la scène, ça va être épique!
- Ton frère nous a aussi dit que tu balancerais pas...

Juliette ensorcela son ardoise.

"Et pourquoi moi, d'abord?"

- Parce que les autres jouent comme des m...
- ...Trolls.
- La musique, c'est plus un truc moldu, tu vois...

"Mais biensûr... Et j'ai quoi en échange?"

- Notre reconnaissance perpetuelle et éternelle ! répondirent-ils exactement à la même seconde.

"Sérieux?? Mais fallait le dire tout de suite..."

Les ardoises ne pouvait, malheureusement, pas être ironiques.

- Alors tu viens avec ta gratte devant la sorcière borgne demain 17h...
- Au fait, tu sais jouer de la guitare electrique?
- Non?
- Rien à foutre, c'est pareil qu'une guitare sèche, sauf que c'est plat.

Ils avaient dit tout ça, d'une traite, en se partageant les phrases.

"Euuuh... Ouais... Vite fait, hein..."
Écrivit Juliette avec sa baguette sur l'ardoise.
"Mais..."
Essaya-t-elle de protester.

- A DEMAIN JUUUULIEEETTE!

Ils étaient déjà partis, avant qu'elle ait pu refuser quoi que ce soit.

2 semaines avant le "bal de Noël".

La 2ème tâche du tournoi des 3 sorcier.

Harry.
Fleur.
Cedric.
Krum.

Et ce p**** de bal.

En fait, en y réfléchissant, cette blague, c'était plutôt une bonne chose, comme ça elle n'aurait pas à y participer, et affronter la honte de se retrouver sans cavalier.

Juliette fit un tour de plus à son écharpe et prit la direction des cachots.
... 1h30 de potions...

Elle se laissa tomber à côté de Neuville, au fond de la classe, qui sursauta.

"Tu m'as pas attendue, lâcheur..."

- E...Excuse... Je devais faire un truc...

"Hey... Détends-toi..." signa-t-elle.

Rogue tapa sur la tête de Ron Weasley avec son livre, et se dirigea vers eux.

Neville et sa voisine se mirent en position de replis et baissèrent la tête.

"Nev'?"
Ecrivit Juliette sur un bout de parchemin lorsque le prof fut retourné.
- Ouais? Chuchotta-t-il.
"Euuh... est-ce que t'as... une cavalière?"
Juliette avait un peu rosi, mais elle ne pouvait pas rivaliser avec son camarade de tp.
Il rougissait tellement qu'elle crut que de la fumée allait s'échapper de ses oreilles.

Il mit du temps avant de répondre. Peut-être parce que Rogue passait derrière eux, ou peut-être parce que...

- P... Pourquoi tu me demandes ça?

Ce fut au tour de Juliette de virer aubergine et de se planquer derrière le chaudron.

Elle avait laissé son ardoise sur la table pendant qu'elle allait chercher du bézoar en poudre.

Avant qu'elle ne soit revenue, l'ardoise ensorcelée avait déjà écrit:

"Euuuh... En fait, je... Je..."

La jeune fille revint s'asseoir.

"En fait... Je pensais qu'on... Pouvaitpeutêtreyallerensembleenamis?"

- Euuuh... Quoi?

"Qu'on pouvait. Y aller. Ensemble. Mais en amis."

Juliette se reçut un coup de livre sur la tête.
Un deux rangs devant, Harry et Ron lui firent un sourire compatissant.

- Ben... En fait... Commença Neville en se trompant dans les proportions de pierre de lune,
Je... J'y vais déjà avec quelqu'un... Je suis désolé, je...

"Non."
"Pas grave."
"C'est bon."

- Ça t'énerve?

"Moi? Énervée? Tu seras plus là pour le voir..."

2 coups de livre.

Nouveaux coups d'oeils désolés d'Harry et Ron.

Ricanements de Malfoy.
Quel enfoiré...

Toujours était-il que la jeune fille décida de se pointer quand même devant la sorcière borgne avec sa guitare le lendemain.

George fixait toujours le vide lorsque Juliette reprit conscience d'où elle était. Elle eut envie de dire quelque chose, de lui proposer de manger, de prendre une douche, de bouger, de... quelque chose, mais...

Elle ne dit rien.

Elle ouvrit la fenêtre, changea les draps, maudit sa mère d'avoir confisqué toutes les baguettes, changea les serviettes de la salle de bain, souffrit sa mère (pas dans le même sens...) pour faire les vitres, passa et repassa devant lui sans qu'il ne remarque rien, et n'osa rien faire, rien du tout, et finit par sortir de la pièce, en ayant envie de se taper la tête contre les murs tellement elle se trouvait débile.

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