Chapitre 39 - Soupçons

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J'espère que les parents de Liam sont profondément endormis, je n'ai aucune envie de subir leur remontrances. Depuis ces derniers mois, l'autorité parental avait été plutôt inexistante dans mon quotidien. Heureusement pour moi, la maison est silencieuse. Je monte les escaliers sur la pointe des pieds et rejoins vite la chambre de Liam. J'ouvre la porte aussi silencieusement que possible et tâche de retrouver mon matelas, qui trône fièrement sur le sol. Ça fait presque une semaine que je le squatte, et même si il faut avouer que le confort d'avoir une chambre a soi est non-négligeable, je suis plutôt bien loti.

Je m'affale sur ma couchette, encore tout habillé. Quand je repense à ce que je viens de vivre, il y a à peine quelques heures, je souris encore. La vue, le vide, la nuit, le silence. Je sors mon téléphone de la poche de mon short et tape un texto à toute vitesse.

Naomie : Lâcheuse. C'était parfait.

Puis je l'éteins. Je sais que ça la fera rire. Elle rit de tout, tout le temps. Je ferme les yeux un instant. Ce matelas est vraiment confortable. La plénitude qui m'envahit se dissipe peu à peu. Tout est calme, la chambre est fraîche et plongée dans le noir. Seuls les ronflements de mon meilleur ami viennent troubler le silence. Et comme tout les soirs, dans ce moment où je suis en solitaire, elle me manque à en mourir.

Ce n'est pas comme la première fois. A l'époque, le simple fait de respirer devenait un véritable supplice. Je me souviens que je n'avais même plus la force de me lever ou de manger. J'étais dans un sale état. Parce qu'elle m'avait repoussé, et qu'elle était le centre d'un univers qui s'effondrait littéralement.

Aujourd'hui, elle l'est toujours, le centre de mon univers. Et son absence se fait ressentir à chaque seconde, chaque minute, malgré tout le mal que je peux me donner pour le cacher. Mais voilà, aujourd'hui mon univers a changé, et moi aussi. Je lui en veux de m'avoir encore laissé tomber. Elle prétend m'aimer mais dès que l'occasion se présente, elle s'en va. Je ne suis pas sure de pouvoir supporter une relation avec une telle épée de damoclès au-dessus de ma tête. Je sais que je ne suis pas tout blanc dans cette histoire, mais je m'attendais au moins à ce qu'elle, elle comprenne. Je m'en fichais royalement de tout ce que les autres pouvaient penser ou dire, tant qu'elle me soutenait. Mais non. Thaïs ne l'avait pas fait.

Je secoue la tête, résolu à m'endormir rapidement. Une fois l'adrénaline dissoute de mon corps, la fatigue reprend bien vite sa place.

**

Naomie a insisté pour m'accompagner chez le médecin. Je regrette vraiment de lui en avoir parlé. Idiot. Elle ne va plus jamais arrêter de me charrier après ca. Déjà que ces stupides contrôles médicales me forçaient à revoir Morano-du-con, me voilà maintenant à supporter ses railleries.

- A quoi tu penses l'handicapé ? me lance t-elle avec un grand sourire.

Elle en a un très joli, de sourire, mais à cet instant je n'ai aucune envie de voir ses stupides dents. Je suis de mauvaise humeur. Je ne réponds rien et regarde la porte qui se trouve devant moi. Je prie pour qu'elle s'ouvre rapidement et que ce calvaire s'arrête rapidement. J'en serais presque à regretter l'heure d'anglais que je suis entrain de rater. Sérieusement.

- Bonjour l'ambiance, marmonne t-elle au moment où le docteur Morano-du-con ouvre sa foutue porte.

Ce mec est décidément trop jeune. Il ne semble pas enchanté de me voir, ce qui ne m'étonne pas vraiment. Ca n'a jamais été le grand amour entre nous. Eh ouais, c'est ça quand ton médecin veut se taper ta cop.. ton ex. Je repousse vite cette pensée. Je n'ai jamais su si c'était ma jalousie qui se jouait de moi et je crois que je ne veux pas le savoir. Ce sujet n'était plus d'actualité.

Il nous invite poliment à entrer dans son cabinet, et je devine que la présence de Naomie l'intrigue. Occupes toi de tes affaires du con. Non, décidément, je ne le sens pas. Malgré tout, l'osculation se déroule bien. S'en ressors un diagnostic plutôt positif. De la prudence mais rien d'interdit. Parfait. Mon accompagnatrice aussi semble ravit. Je me sens plus léger. Nous nous congédions, et lorsque j'ouvre la porte pour ficher le camp de cet endroit, je tombe nez à nez avec une petite brune. Ses yeux noisettes me dévisagent et je sens quelque chose en moi se fissurer. Thaïs.

Elle a l'air.. bien. Fatiguée et moins souriante que d'habitude, mais bien. Qu'est-ce qu'elle fout ici ? Comme-ci elle ressentait le besoin de se justifier, elle parle précipitamment.

- Je suis venue pour remettre un livre à Paul, balbutie t-elle.

Je fronce les sourcils malgré moi. Paul ? Pourquoi l'appelle t-elle par son prénom ? Je me canalise en sentant la colère monter en moi. Je m'écarte du passage pour la laisser passer, sans un mot. Elle me frôle de près et je peux la voir frissonner. Malheureusement, ca ne dure pas. Elle s'est stoppé net et quand je prends conscience de ce qui est entrain de se passer, j'ai envie de me frapper pour ma connerie.

Thaïs et Naomie se font face. Le moment ne pourrait pas être plus mal choisi. Mais quel con je fais. Je n'avais pas dis à Thaïs que je revoyais Naomie, en tout bien tout honneur. Je n'ose même pas imaginer les films qui doivent se créer dans sa tête. Merde. Je m'attends à une scène, à des cris ou des pleurs mais rien de tout cela ne se produit. Elle s'excuse auprès de Paul et s'en va à la hâte. Cette vision d'elle entrain de prendre la fuite me frappe. Je sens mes jambes s'activer, à sa suite. Elle est déjà sur le parking quand je décide de parler.

- C'est tout sauf ce que tu crois Thaïs.

Elle se s'arrête brusquement et je vois son dos se courber. Elle est furieuse. Je viens alors à sa rencontre, tout en maintenant une distance de sécurité. Hors de question d'être trop proche d'elle, c'est insupportable. Elle reste silencieuse et je soupire face à son mutisme. Elle attend des explications. Je passe une main nerveusement dans mes cheveux récemment taillés.

- C'est mon binôme, au Brave. Elle m'a initié. Je voulais te le dire mais je ne savais pas comm..

- Ne te fatigues pas, me coupe t-elle calmement. Ça ne me regarde pas.

Bam. Dans la gueule. J'ai l'impression d'avoir reçu une belle gifle. Le masque qu'elle porte est très efficace, mais je sais qu'elle meurt d'envie de m'étrangler, et de passer à Naomie une fois qu'elle aura fini. Laisse tomber.

- C'est vrai. Mais je tenais à te le dire. Il n'y a rien entre nous.

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça, mais je ne veux pas qu'elle croit que je me suis foutu d'elle tout de temps. Je suis amoureux d'elle putain. Elle tressaille. Je l'ai touché. Ses prunelles se voilent l'espace d'une seconde avant de retrouver leur froideur.

- Contente de savoir que tu ne fais plus dans les salopes, lâche t-elle amère avant de me contourner pour rejoindre sa voiture.

Je ne retiens pas un petit sourire triste. J'ai ébranlé son sang froid. Elle me manque bordel. C'est terrible.

Naomie me rejoint quelques instants après. Je passe un bras sur ses épaules et la rassure. Je sais qu'elle se sent coupable mais il n'y a aucune raison qui le justifierait. Nous embarquons, en direction de Brave. J'appelle Liam sur la route.

- Allo ? Je suis en cours là mec, tu dec..

- Je veux savoir si il y a un truc entre Thaïs et Paul Moreno, grinçais-je.

J'entends Naomie hoqueter de surprise sur le siège passager. Je l'ignore. J'ai un mauvais pressentiment.

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Ouloulou mais quel bordel !

Je tenais à vous dire qu'Ethan ne sortira PAS avec Naomie. Vous pouvez donc l'apprécier en toute tranquillité !

* Qu'en pensez-vous ?

Attach(i)ante (terminé)Where stories live. Discover now