Dans l'antre de la Bête - 1

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Attention, ce chapitre contient un morceau audio. Ecoutez-le avec un casque, sinon, vous invoquerez tous les démons de l'enfer!

Les rôles se sont inversés. Jamais je n'aurais pu imaginer un tel renversement de situation. Lorsque j'étais encore gamin (bon, je l'avoue, bon nombre d'entre vous me considère comme tel, je dirai donc : « encore à l'école »), j'étais le super bourreau. Vous vous rappelez, le petit binoclard un peu timide, premier de classe, toujours à lire des mangas ou des comics ? Celui qui était la tête de turc de tous ses petits camarades ? Eh bien, j'étais spécialiste dans la maltraitance de ces proclamés « geeks ». Là, depuis quelques minutes, j'ai l'impression que c'est moi qui vais me retrouver dans ce rôle. Dès que nous avions franchi les portes de la villa de Darla, j'ai su que je risquais gros. Moi, tout frêle, dans ma chemise hawaïenne, je me retrouve entouré de types faisant deux têtes de plus que moi, avec des vestes en cuir bourré d'écussons avec des crânes ou des drôles de logo. Bien sûr, ils ont la carrure qui va avec. Le genre bikers/camionneurs. Bref, la petite souris Harry face à une horde de Goliaths déchaînés.

Et bien sûr, lorsqu'on se pointe, Zayn et moi, tous les regards se tournent vers nous. Avec un sourire aux lèvres. Le genre de sourire sadique mais discret, histoire de ne pas faire fuir la petite donzelle. Je pense que je n'oublierais pas leurs yeux pleins de malice. Un peu comme si les agneaux sacrificiels venaient d'arriver, prêt à être livrés aux fauves.

Nous arrivons dans la grande salle où se tient la « réception ». Je tiens à mettre les guillemets. Parce que je pense, en regardant la salle, qu'elle se prête plus à une fête satanique, sacrificielle, ou un truc du genre. La pièce, énorme, est en cercle. Un premier cercle plus élevé que le centre, fait office de bar, et les gens se tiennent tous la. Le centre lui, est totalement vide. Je me mets à trembler. Quatre cages sont suspendues par je ne sais quelle sorcellerie. Elles sont suffisamment grandes pour accueillir un, voire deux, êtres humains. Et face à la porte d'entrée, Darla est assise sur un fauteuil surélevé. Oui, comme un trône. Et juste à côté d'elle, un type à la mine patibulaire, assis lui aussi. Il me fout la trouille. Ses yeux ont chacun une couleur différente : l'un semble sortir d'un albinos de film d'horreur et l'autre la pupille est totalement noire. Mais pire que tout, ces types louches qui arrivent devant lui, s'agenouillent et lui baisent une main. Un peu comme lorsque l'on arrive devant le pape. Et il se tourne vers nous. Son regard me transperce. Son air est froid comme la pierre. On dirait qu'il va me tuer ! Je n'ai qu'une envie, c'est de prendre mes jambes à mon cou et me barrer en hurlant. Toujours avec son regard froid, il nous fait signe, d'un geste lent et mesuré, à Zayn et moi d'avancer.

Grossière erreur. Nous posons à peine le pied sur le sol du cercle en contrebas que la salle, qui ne contenait qu'un brouhaha de discussions, plonge dans le noir complet. Une musique de l'enfer résonne de nulle part et envahit la salle. Et cette voix ! C'est un démon qui chante ! J'essaie de faire demi tour, mais la porte est maintenant barrée par plusieurs malabars qui se mettent devant l'entrée. Nous n'avons pas d'autre choix que d'avancer. La traversée me semble interminable. J'ai du mal à mettre un pied devant l'autre. Même Zayn n'est pas rassuré. Il garde la tête haute, mais je vois bien à son regard qu'il lutte intérieurement contre sa frousse. Alors que nous arrivons devant Darla et son compère, la musique s'arrête net. Pas un bruit dans la salle. Tout le monde semble attendre quelque chose, que ce type effrayant prenne la parole j'imagine. Maintenant que je suis près de lui, sa tête me semble familière. Je l'ai déjà vu. Mais où ?

Il nous scrute de la tête aux pieds, toujours avec son regard implacable. Puis, les traits de son visage semblent se détendre, et il prend la parole.

« Ce sont bien deux beaux spécimens, que tu m'apportes-là, ma chère Darla, dit-il.

« Je savais qu'ils te plairaient, Marylin. Je suis sûre qu'ils seront à ton goût.

Il tend la main, comme je l'ai vu faire lorsque je suis rentré, et attend. S'il croit que je vais m'agenouiller devant lui, il peut toujours courir. Zayn lui, s'est comporté comme un bon petit toutou. Une fois à genoux, il baise un gros caillou sur la main du type.

« Monsieur Manson, c'est un honneur de vous rencontrer ! »

Manson. Oui, ce nom me dit quelque chose. Oui, cela me revient. Le rockeur qui cause scandale sur scandale, qui crache sur ses fans et court après des poulets avec un marteau sur scène. Comme je ne fais rien, ses traits se durcissent à nouveau puis il se lève. Il commence à me tourner autour, une de ses mains se met à parcourir mon torse, et je n'oublierai jamais cette phrase :

« Et qui est ce jeune homme-là. En plus, j'aime bien quand on me résiste. Cela n'en sera plus que jouissif lorsque je lui arracherai son caleçon. Une victime parfaite pour le sacrifice. »

Je n'arrive plus à me contenir. Mes jambes ne me répondent plus. Et machinalement, alors qu'il se place derrière moi, ses mains se rapprochant de mon corps, je ne peux pas m'empêcher de hurler, d'appeler à l'aide.

« Maman, au secours ! »

Harry a du Staïle (reprise second semestre 2021)Where stories live. Discover now