Pour une goutte d'eau

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Ce jour-là était un jour normal, en apparence. J'étais revenue du travail de bonne heure, car je travaillais à mi-temps. Mon emploi du temps avait été allégé pour raisons de santé. Je souffrais d'une maladie auto-immune depuis des années sans que les médecins parviennent à me trouver un traitement efficace, ne serait-ce que pour me soulager un peu de ces douleurs qui me pourrissent la vie au quotidien.

Une fois à la maison, j'avais encore un peu de temps devant moi avant de récupérer ma fille Krysta à l'école. Pour me détendre un peu et tenter de soulager mes tensions dans le dos, ainsi que la migraine que je sentais poindre sournoisement, je décidai de prendre un bain. Jusque-là, rien d'extraordinaire, pourtant c'est comme cela que tout à commencé...

Lorsque je repris connaissance l'eau de mon bain était glacée et la salle de bain plongée dans l'obscurité. Je jetai un coup d'œil par la fenêtre : le ciel était d'un noir d'encre et le soleil semblait couché depuis bien longtemps.

Je ne pus retenir un cri.

— Krysta !

Que m'était-il arrivé ? J'avais raté la sortie de l'école !

L'école primaire ne se trouvait qu'à quelques centaines de mètres de la maison, mais au fond de moi, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. J'avais un horrible pressentiment. Quelque chose était arrivé à Krysta, j'en étais certaine. Sinon, si elle était rentrée seule à la maison comme je l'avais espéré quelques secondes, elle m'aurait trouvée dans la baignoire et aurait essayé de me réveiller...

Les membres endoloris par le manque de mouvement, je me mis debout et enjambai la baignoire. Mes mouvements étaient lents et pas vraiment coordonnés. Avais-je fait une attaque ? Il ne manquerait plus que cela en plus de ma maladie !

Après une éternité, je parvins à enfiler des sous-vêtements, un pantalon de toile et un teeshirt, qui trainaient près du panier de linge sale. Cela ferait l'affaire en attendant que l'électricité revienne et que je puisse trouver autre chose à me mettre. Aucune paire de chaussures à l'horizon. Celles que j'avais mises pour le travail étaient restées en bas près de la porte d'entrée. Tant pis, je resterai pieds nus pour le moment.

J'ouvris la porte de la salle de bain qui émit un grincement sinistre. Mon cœur se mit à cogner très fort dans ma poitrine, si bien que j'eus l'impression que son vacarme se répercutait à l'infini dans le couloir vide et sombre que j'empruntais. Mon intuition me trompait rarement. Quelque chose se tramait. Mon mari ne semblait pas être rentré du travail, pourtant il travaillait à la commune de notre village et sa journée aurait dû être terminée depuis longtemps.

Stella...

Avais-je rêvé ou quelqu'un venait-il juste de chuchoter mon prénom ? Je me plaquai contre le mur du couloir et avançai le plus silencieusement possible en me glissant sur le côté. J'arrivai au bout et sentis l'espace vide préoccupant de la mezzanine qui se trouvait juste avant la porte conduisant au rez-de-chaussée. J'avais l'impression que l'on m'observait, qu'on me traquait.

Peut-être avais-je regardé trop de films d'horreur, mais je me souvenais que le tueur coupait toujours l'électricité avant de pourchasser sa victime. Je sentais l'angoisse monter en moi et les sueurs froides couler le long de mon dos.

Stella !

Cette fois je l'avais entendu bien distinctement. Pourtant, cela ne ressemblait pas à un son, plutôt à un écho dans ma tête. Peu importe, j'avais identifié avec soulagement la voix de mon mari et me précipitai pour ouvrir la lourde porte en bois qui ne se trouvait qu'à quelques mètres. J'étais soulagée de pouvoir le retrouver. J'appuyai de bon cœur sur la poignée et, au moment où la porte pivota, j'entendis un puissant grognement.

Pour une goutte d'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant