Je ne pris pas la peine de regarder aux alentours pour voir si quelqu'un pouvait nous voir. Je serrai mes doigts autour de sa taille pour l'approcher de moi et l'embrasser encore. Je ne voulais plus faire que ça. La regarder, la tenir contre moi et l'embrasser. Encore et encore.

Ses lèvres quittèrent les miennes et elle se laissa aller tout contre moi pour venir poser sa tête sur mon épaule. Son corps s'était collé contre le mien, je sentais ses reliefs se presser contre ma poitrine lorsqu'elle respirait. Ça me faisait tourner la tête.

— On n'a toujours pas vraiment discuté de tout ça..., murmura-t-elle d'une voix étouffée par mon pull.

— C'est vrai.

Elle se redressa et plongea ses yeux bleu azur dans les miens. Elle sembla hésiter et se mit à jouer avec une mèche de mes cheveux d'un geste nerveux.

— Ecoute... Je sais que c'est compliqué comme relation... Mais je n'ai pas envie de passer mon temps à me cacher et si tu ne veux pas être « out » auprès de tout le monde, je ne pense pas qu'on puisse envisager quelque chose ensemble...

Elle venait de me poser une bombe. Je ne savais pas du tout quoi lui répondre, je n'avais jamais envisagé la possibilité que je sorte avec une fille. J'avais chaud, tout d'un coup. Je ne me sentais pas bien. Je la poussai un peu pour prendre la direction de la cour, mais elle stoppa mon geste.

— Thalia s'il te plait.

Mais la chaleur me montait aux joues. J'avais l'impression de flamber, de brûler de l'intérieur. Il fallait vraiment que je sorte. C'était si dur à comprendre ? Je la poussai un peu plus brusquement pour me dégager de son corps qui ne faisait que m'oppresser encore plus, et je me ruai sur la porte pour l'ouvrir à la volée, comme si j'allais dégueuler. Chloé ne me suivit pas. Je me mis à suffoquer et je bataillais pour reprendre mon souffle, qui ne semblait pas vouloir être repris. Des larmes de panique montèrent à mes yeux et je lançai un regard désespéré à travers la vitre en espérant que Chloé parviendrait à le saisir. Mon corps était pris de convulsions et je ne pus soudain plus rester debout. J'essayai de me baisser pour m'asseoir tranquillement, mais mon corps n'obéissait pas et je m'écroulai sur le sol, toute tremblante. Chloé se jeta contre la porte qui s'ouvrit en claquant contre le mur, et elle s'accroupit à mon côté.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Crise...tétanie...

Par chance, j'avais réussi à articuler ces deux mots avant que ma mâchoire ne s'engourdisse totalement. Une crise de tétanie n'est jamais dangereuse, c'est un état où le corps s'hyper-ventile par ses propres moyens. C'est-à-dire que les muscles qui entourent les poumons se contractent pour faire sortir l'air et en faire rentrer. Le problème, c'est que l'oxygène a à peine le temps de passer dans les veines, en conséquent, tous les muscles commencent à se raidir et à s'engourdir. Généralement, ces crises surviennent à la suite d'un évènement stressant, ou d'un accès de panique. Si on n'est pas pris en charge par l'hôpital qui administre un sérum, ça peut durer des heures. On n'en meurt pas, mais ça file un sacré coup au moral, et c'est très épuisant, puisque chaque muscle du corps est contracté, comme lors d'un exercice sportif. Bref, autant dire que je m'en serais passée.

Chloé avait l'air de connaitre ce que je vivais, puisque ce qu'elle chercha avant tout était de me rassurer. Elle me prit la main, mais je ne pouvais plus bouger mes doigts. Ils étaient raides et froids comme s'ils appartenaient à un cadavre. Ah, j'oubliais. Le truc vraiment con lors d'une crise de tétanie, c'est que, comme tu n'arrives pas à respirer, tu angoisses, normal. Mais plus tu angoisses, moins tu arrives à respirer. C'est un cercle vicieux.

— Thalia, je suis désolée, tellement désolée..., finit-elle par dire puisqu'aucun de ses mots n'avaient su calmer mon corps.

Elle se pencha pour me prendre dans ses bras, et l'odeur vanillée me parvint. La vanille avait toujours eu un effet très apaisant sur moi. Ça, combiné avec sa présence tout contre moi et ses larmes qui s'écrasaient contre mon pull. Lentement, ma respiration se calma et mon corps trembla moins violemment. Mes yeux cessèrent de couler tous seuls et mes muscles se détendirent peu à peu. Chloé me serra un peu plus fort sans relever la tête. Ou alors je reprenais conscience de mon corps.

Je jetai un regard autour de nous, heureusement, il n'y avait personne. J'avais mal de partout, et j'étais épuisée, mais je parvins à m'asseoir et Chloé me plaqua contre elle en continuant de pleurer.

— Chlo'... Ça va.

— J'ai eu tellement peur Thalia, tellement peur... Tellement mal d'être impuissante...

Je réussis à refermer mes doigts autour des siens. Soit ils étaient brûlants, soit les miens étaient gelés. J'avais la tête qui tournait, je ne me sentais pas capable d'aller en cours.

— Je crois que je vais sécher.

— Quoi ?

Elle me regarda à travers ses larmes. Je levai la main pour les lui essuyer d'un geste tendre.

— J'ai besoin de me reposer. Vraiment. Combien de temps ça a duré ?

— Près de quinze minutes.

— Je vais rentrer.

Chloé m'aida à me lever. Je tenais sur mes jambes. Elles tremblaient encore un peu, mais je tenais debout.

— Bonne journée.

Je l'embrassai sur la joue et me retournai.

— Attends !

Je la regardai en levant un sourcil.

— Je peux pas te laisser seule.

Elle combla les deux pas qui nous séparaient et glissa ses doigts entre les miens.

What If I Can Never Get Over You ?Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt