Chapitre 10

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Réveille-moi, je t'en prie. Dis-moi que tout ça n'est qu'un mauvais rêve. Dis-moi que tout ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant n'a jamais existé. Même si ça doit me briser le cœur pour certaines choses, dis-moi que ça ne s'est jamais produit. S'il te plaît, réveille-moi. Sors-moi de cet endroit dans lequel je suis perdu. Dis-moi que c'est impossible. Je t'en prie, fais-le. Réveille-moi.

-Monsieur Sommet ?

Mathieu releva les yeux vers la voix qui l'appelait. Un homme en uniforme était debout, face à lui.

-Monsieur Sommet, nous venons de terminer votre déposition. Vous voulez-bien la signer ?

Sans un mot, le youtubeur se leva et suivit le policier jusque dans un bureau, traversant au passage un couloir austère. Une fois arrivé, on lui tendit un papier qu'il signa, crispé sur son stylo. Lorsqu'il eut terminé, l'homme lui adressa un sourire.

-Ne vous en faites pas. Nous allons faire tout ce qui est notre pouvoir pour retrouver votre ami. Vous avez fait ce qu'il fallait. Maintenant, il ne vous reste plus qu'à attendre...

Mathieu remercia le policier, et sortit du bureau, avant de sortir du commissariat lui-même. Dehors, dans la nuit froide et humide, Kriss l'attendait, adossé contre sa voiture. Il fumait nerveusement une cigarette. Lorsque Mathieu arriva à sa hauteur, il lui jeta un regard empli de questionnement.

-La déposition est signée, et les recherches sont lancées. Plus qu'à attendre... Lâcha Mathieu d'un ton monocorde

Kriss balança sa cigarette dans une flaque.

-Allez, viens, on rentre...

Les deux amis entrèrent dans la voiture, et Kriss démarra. L'horloge analogique indiquait trois heures du matin. La voiture s'engagea dans la rue, et roula à travers la ville assoupie. Le trajet se fit en silence. Lorsqu'ils arrivèrent chez Kriss, Fred les attendait sur le pas de la porte. Kriss lui expliqua brièvement la situation, et Mathieu annonça qu'il avait sommeil.

-Je peux te prêter ma chambre. Je pense pas dormir, cette nuit... Proposa Kriss

Mathieu accepta, et se rendit dans la pièce. Il s'installa sur le lit, éteignit la lumière, et garda les yeux ouverts. Cette sensation lui rappela celle de la Japan, lorsqu'il n'arrivait pas à s'endormir.

Bordel, mais qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que je vis un rêve ? Est-ce encore la réalité ? Suis-je à la frontière des deux ? Si seulement je pouvais me réveiller. Antoine, où es-tu ?

Le cœur de Mathieu était serré par l'inquiétude, la tristesse, et la culpabilité.

J'aurais dû venir avec toi, Antoine. Rien de tout ça ne serait arrivé. Je ne serais pas là, à me ronger les sangs, seul, dans le noir...

Mathieu se retourna quelques fois, incapable de fermer les yeux.

Je te vois, Antoine. Que j'ai les yeux ouverts ou fermés, je te vois. Comme au début. Je ne vois que toi, et je souffre de ton absence. J'ai peur, sans toi. J'ai besoin de toi... Bon sang, mais ça n'a aucun sens ! Pourquoi Max et Laura s'en prennent à nous comme ça ? Qu'est-ce qu'on leur a fait ? Qu'est-ce qu'ils gagnent à faire ça ? Qui tire les ficelles ? Est-ce que c'est eux qui ont pris cette photo, qui est finalement à l'origine de tous nos problèmes ?

Tant de questions qui restaient sans réponses. Tant de doutes, de mystères et de peurs. Toutes ces choses eurent raison de Mathieu, et il sombra dans un demi-sommeil, perturbé par un nombre impressionnant de cauchemars. Lorsqu'il se réveilla le lendemain, il avait la tête lourde, et la réalité, qui ne s'était en aucun cas dissipée, revint. Il était huit heures du matin, et la nuit avait été très courte. Mathieu sortit de la chambre en baillant, et se rendit dans la cuisine, où il trouva Kriss, Fred, ainsi qu'une troisième personne.

Le nouveau moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant