Chapitre 1

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L'homme observait le couché de soleil à travers des vitraux de la chapelle.  Ses doigts étaient refermés sur la croix en or qu'il portait au cou. Son image revenait sans cesse. Il avait peut-être quitté Paris, mais il ne pouvait rien faire pour l'oublier, elle. Il aurait bien aimé avoir des nouvelles de la femme et de l'enfant. Toutefois, il ne pouvait ce le permettre puisque cela menacerait leur sécurité. Cela était plus important que son bien-être. Aramis ferma les yeux et essaya de se ressaisir. Cependant, ses longs cheveux blonds et ses magnifiques yeux ne voulaient pas arrêter de le hanter jour et nuit. 

-Frère d'Herblay, vous êtes demandé à la porte principale. 

 L'homme fit signe au prêtre qu'il irait voir le visiteur. Le doyen disparu de la pièce. Aramis déposa un baiser sur son pendentif avant de lâcher un soupire. Son ancienne vie lui manquait, mais il s'était promis d'aller vers Dieu. À sa connaissance, c'était la seule façon. Il descendit les escaliers vêtu de sa longue robe noire. Puis il s'arrêta brusquement, il fut certain pendant un instant que cela était qu'une utopie. La réalité le frappa, il prit une grande inspiration avant qu'un sourire nostalgique nâquit sur ses lèvres. 

-Je vois que vous êtes venu vous confesser, badina l'homme de foi. 

Portos laissa échapper un petit rire avant de l'éteindre rapidement tandis qu'Athos le frappa dans le dos. Le temps n'était pas à la rigolade. 

-Nous avons besoin de ton aide, annonça d'Artagnan en s'avançant d'un pas vers l'ancien mousquetaire. 

Le frère termina de descendre les quelques marches devant lui. Son vêtement d'ébène était si long qu'il frôlait le sol. Il passa devant ses amis pour se diriger vers l'autel du bâtiment. 

-Alors, vous êtes réellement venu vous confesser... Il y a un début à tout, dit-il ayant un air surpris.

-Aramis! prononça Athos de sa voix grave. 

-Frère d'Herblay! réprimenda-t-il. 

-Frère d'Herblay, commença Porthos avec le plus grand calme, le roi de France va déclarer la guerre à l'Espagne...

L'homme religieux ralentissa son pas et il baissa la tête vers le sol. Ses boucles brunes cachèrent le haut de son visage. Les mousquetaires attendirent sa réponse.

-Alors, je prirai pour les pauvres âmes innocentes qui périront.

D'Artagnan rejoignit Aramis d'un pas rapide. Le jeune garçon mit une main sur l'épaule de son ami. 

-Pense au Dauphin et à la reine.

Aramis n'en pouvait plus. Il s'emporta. Juste à leur mention, son cœur avait chaviré.

 -Justement! Je dois rester loin d'eux, sinon ma présence les ammèneraient à leur perte! Il n'y a donc que moi qui ais du jugement ici!

Le regard d'Aramis était brisé. Il avait beaucoup trop de désastre dans sa jeune vie. Le garçon déglutit lors de la réprimande du frère. Pourtant, d'Artagnan ne s'arrêta point à cela. Il se plaça devant Aramis et lui tendit une lettre avec le sceau de la reine. 

-Constance me l'a remit avant mon départ. Elle voulait que tu l'ais absolument.

Aramis savait que le «Elle» ne désignait pas Constance. Il prit la missive d'une main. Il tremblait. Il ne savait pas comment réagir, alors il s'asseya sur le banc le plus près. Son cœur battait la chamade lorsqu'il lit le nom de la reine à la fin du message. Il ne savait pas s'il avait la force de lire le reste. L'homme prit sa croix entre ses doigts et l'or lui picota la peau comme pour lui rappeler qui lui avait donné. L'ancien mousquetaire prit donc une grande inspiration avant de lire ces lignes remplit d'émotions. 

Chers Aramis,

                            Je fus atristée d'apprendre votre départ. Je croyais que vous alliez toujours nous protéger. Néanmoins, je peux me consoler en regardant les yeux de mon fils. J'aurais tellement voulut que vous puissiez partager ces petits moments précieux avec nous. Je dois dire qu'il m'aide à vivre chaque jour.  Il prolonge le seul  moment de liberté que j'ai pu avoir dans ma vie de lois et de règles à suivre. Je remercie  toujours Dieu pour ce cadeau inestimable.  Peut-être pourriez-vous un jour revenir à Paris pour tenir votre promesse de protéger le Dauphin avec toute votre force et votre cœur? De plus, la reine à besoin de son sauveur , c'est si vide sans vous. Je dois dire que vous aviez cette présence qui m'aidait à être plus affable. Maintenant,  plus que jamais en ce temps de guerre, le Dauphin et moi avons besoin de la protection de nos fidèles mousquetaires. Nous avons besoin de vous, Aramis.

                                                                                                                                                              Votre reine, Anne. 

La respiration d'Aramis se fit quelque peu saccadée. Il avait tant voulut avoir de leur nouvelle que maintenant, il était complètement boulversé. Sa promesse à l'Église venait d'être chamboulé. Puis il se souvenu d'une phrase qu'il avait jadis déjà dit dans son passé de mousquetaire. 

«Je crois au Dieu de l'amour et j'ai foi en lui.»

Il réalisa donc que son vœux de chasteté venait brimer l'amour qu'il portait à un autre. Il aimait la reine et il se devait de la protéger, puisque que c'était cela l'amour. Il secoua la tête, mais à quoi pensait-il?

 Les trois mousquetaires attendaient en silence la réaction de leur frère d'arme. Il voyaient qu'il était en plein combat intérieur avec ce chamboulement de sentiments. 

Aramis dévisagea sa toge noire, elle lui paraissait bien futile maintenant. Il déposa un baiser sur sa croix. Il avait fait un choix. L'homme avait promis son allégeance et il devait accomplir son devoir. 

-Je crois que j'ai besoin de changer mes vêtements, finit-il par dire avec un sourire espiègle. 

Porthos rit en se penchant vers lui pour le saisir dans ses bras. Les quatre hommes eurent un petit moment de joie de reformer cette équipe imbattable qu' ils étaient. 

Tous pour un...Where stories live. Discover now