♀ CHAPITRE 2 ♀

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J'étais tapie dans la pénombre du cellier, au fond, contre les paquets de gâteaux secs, éclairée par les stries de lumière qui passaient au travers des fentes de la porte. La petite fille posa sa main sur la poignée. Elle la tourna lentement, et je portai ma main sur ma bouche. J'inspirai un grand coup, ma respiration se coupa, la porte s'entrouvrit.

— Élisa, qu'est-ce que tu fais ? Viens ici ma chérie, l'interrompit la femme.

Je ne respirais toujours pas, j'étais figée. La petite soupira puis referma la porte. Je m'autorisai enfin à expirer, mais par petites bouffées, et seulement par le nez. Je fermai les yeux, et essayai de réguler les battements de mon cœur, qui avaient accéléré à la vitesse de la lumière. Doucement, mais prudemment surtout, je m'avançai de nouveau près de la porte. J'aurais pu rester au fond et attendre qu'elles partent, mais non, ma curiosité l'emportait toujours.

La femme tenait Élisa dans ses bras et la couvrait de baisers. C'était sa fille, aucun doute là-dessus. Un bruit de porte de voiture qui claque se fit entendre, et attira l'attention de la jeune maman. Probablement la personne à qui elle avait donné ses coordonnées.

Elle tira sur un des stores de la cuisine pour y voir au travers. Ses yeux verts se plissèrent, et son sourire s'effaça.

— C'est louche, dit-elle. Pourquoi sont-ils si nombreux et armés ?

Nombreux, armés ? Oh non, ce ne pouvait être que les traqueurs. Ils allaient nous trouver toutes les trois et nous emmener. Il fallait que je me calme et que je réfléchisse, mais vite. Soit je restais cachée en espérant que les traqueurs ne fouillent pas la maison, soit je sortais et partais en courant par-derrière, quitte à ce que les deux inconnues me voient.

Mon cœur s'emballait, je ne savais pas quoi faire, et j'avais vraiment envie d'avoir cette maison. Je n'avais pas rodé ici pendant une semaine pour la laisser tomber. La femme s'écarta d'un geste vif de la fenêtre, et posa Élisa au sol. Elle lui murmura quelque chose que je ne comprenais pas. Puis, rapidement, elle l'enferma dans un des placards sous le plan de travail qui se trouvait au centre de la cuisine. Elle lui ordonna de rester cachée et de ne pas bouger. Je pris ces indications pour moi-même également.

De là où j'étais, je voyais un tiers de la porte d'entrée, où la femme se dirigeait. Des coups secs avaient résonné sur le bois. Deux hommes en noir apparurent lorsqu'elle ouvrit la porte.

— Bonjour Messieurs, dit-elle d'une voix douce. Entrez donc. Vous êtes probablement ici pour récupérer ce pour quoi j'ai appelé.

— Oui madame, nous avons besoin de toutes les informations, répondit d'un ton solennel le premier.

J'étais perdue. Pourquoi ces hommes n'étaient pas choqués de voir une femme ? Ils avaient pourtant bien la tête de traqueurs.

— Et bien, je suppose que Robert vous a déjà dit pas mal de chose. J'avais le virus, comme la plupart des femmes de ce monde, dit-elle sereine.

Oh non, je couvrais mon nez sous mon sweat. Depuis deux ans que je vagabondais, je n'avais jamais attrapé le virus, mais être en contact avec des gens qui l'avait m'effrayais quelque peu.

— Mais je n'étais pas résiliée à me laisser mourir, continua-t-elle. Alors j'ai fais pas mal de recherches, et je pense qu'il vous en a parlé, elles sont quelque peu compromettante. Ce que j'ai découvert remet en question tout le programme Heaven. J'ai réussi à trouver un antidote que je me suis injecté, et comme vous le voyez, je suis en pleine forme. Malheureusement, je n'ai pas fait d'échantillon, c'est dans mon sang.

— Je vois, commenta le deuxième homme.

Un antidote ? Elle bluffait, c'était obligé. Elle leur avait dit qu'il était dans son sang pour qu'ils la laisse tranqui... Mon souffle se coupa, et mes yeux se brouillèrent derrière un nuage de larmes. Un des hommes venait de poignarder la femme devant moi. Pourquoi ? Si elle avait l'antidote dans son sang pourquoi la tuer ? Qui étaient ces hommes ? Je restai là, décontenancée par la situation. Les hommes repartirent comme ils étaient venus, ne prenant même pas la peine de fermer la porte derrière eux. Ils laissèrent la femme là, gisant au sol dans son propre sang.

HEAVENOù les histoires vivent. Découvrez maintenant