Chapitre six

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-Sortez, dit une infirmière. Laissez le personnel médical s'en charger, nous avons besoin de places.

L'infirmière claqua la porte. L'écho sourd du claquement plana dans le couloir silencieux. Puis l'angoisse éclata. Maisie se mit à pleurer et Louis à crier, voulant savoir ce qu'il se passait. Mon père semblait au bord de la crise de panique, il ne faisait que passer sa main dans ses cheveux. Ma tante, elle, serrait Maisie dans ses bras mais semblait au bord des larmes. Harry essayait de calmer Louis mais je n'arrivais pas à bouger. J'étais pétrifiée, le regard fixé sur la porte. Le cri résonnait dans ma tête. Ma mère n'avait pas crié. Mais la personne avait bien crié pour une raison. Et ça me faisait peur. J'étais même pétrifiée l'idée de savoir ce qu'il s'était passé dans cette chambre et les conséquences que cela allait engendrer. Ma mère était entre la vie et la mort, et toutes les situations inimaginables me venaient à l'esprit, toutes aussi tragiques les unes que les autres. Mes mains tremblaient et je sentais quelque chose monter dans ma poitrine, qui courrait dans mes veines et me démangeait les doigts. Cette énergie me montait dans la gorge et m'empêchait de respirer. Je suffoquais mais personne ne me voyait. Mes mains me brûlaient, des vagues de chaleur courraient dans mon sang. Ma tête était lourde, j'avais des sueurs froides qui coulaient dans mon dos. Je sentais des points chauds partout autour de moi. Je me sentais comme attirée par tous ces points, tiraillée par ces forces qui ne faisaient d'amplifier la boule dans ma poitrine. J'entendais de l'eau couler autour de moi, de manière décuplée, je le sentais même couler sur ma peau. Ou peut être était-ce la sueur. Le bruit tournait dans ma tête, me faisant tanguer. J'avais l'impression de brûler.

Puis le bruit se dissipa, replacé par une voix qui résonnait de plus en plus fort. Elle était douce, comme une mélodie sifflée pour s'endormir. Elle finit par se distinguer.

-Lottie, Lottie tu m'entends ?

La pression intracorporelle qui m'animait se dissipa presque instantanément. Je tournais ma tête et rencontrai les yeux émeraude d'Harry. Son regard profond me serra d'une étreinte rassurante sans aucun contact physique. La pression intraveineuse s'estompa petit à petit, jusqu'à totalement disparaître, me laissant pantoise. Ses mains se posèrent sur mes bras et je sursautais. Son contact chaud contrastant avec ma peau me fit frissonner et je relevais la tête vers son visage.

-Tu fais une crise de panique ?

-Non, je... Je sais pas ce qu'il s'est passé, dis-je en sentant une perle de sueur couler dans ma nuque.

-Tu as pâli d'un coup, j'ai eu peur, dit-il en me poussant hors du groupe, et en m'étreignant légèrement.

-Et maman ?, m'exclamais-je en tournant ma tête vers la porte.

-Ça fait cinq minutes qu'ils s'agitent derrière la porte, on n'a toujours pas de nouvelles, soupira le brun en désignant ma famille assise sur les sièges d'attente.

Mon père était assis, la tête dans les mains, ma tante berçait Maisie, les larmes coulant sur ses joues et...

-PUTAIN !

Le cri résonna dans les couloirs lugubres suivi d'un bruit sourd. Au bout du couloir, Louis avait le poing contre une machine à café. Sa tête tomba doucement contre celle-ci et il poussa un soupir à s'en fendre le coeur. Nash avança dans son fauteuil roulant et posa sa main sur la main de Louis qui reposait le long de son corps. Mon grand frère serra la main de notre petit frère et soupira, à mi-chemin entre le sanglot et l'étranglement. Il se plaça derrière Nash et le poussa vers nous. Je le pris dans mes bras et il m'enserra de ses bras puissants mais tremblotants. Je le poussais à s'asseoir près des autres alors qu'Harry amenait Nash près de nous et passai mes bras autour de sa taille. Il reposa sa tête contre la mienne. Il était tendu, comme tout le monde l'était. L'atmosphère se tendait et se détendait, comme un élastique claquant dans l'air, étirant le temps et l'attente. Quelques personnes étaient bien sorties mais impossible de leur soutirer des informations, et leur visage était impénétrable. Je sais pas combien de temps était passé, des minutes, ou peut être des heures. J'avais perdu la notion du temps mais quand un homme en blouse blanche sorti de la chambre, tout le monde sauta sur ses pieds, sortis de leur torpeur.

Another World. hsWhere stories live. Discover now