Chapitre 1 - Cauchemar

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Lorsque mes yeux s'ouvrent, un univers blanc s'étend à perte de vue devant moi. La neige tombe doucement sur la cime des arbres et s'accumule sur le sol. Je me trouve en plein cœur d'une forêt entièrement givrée.

Je fais un pas hésitant vers l'avant tout en gardant le regard vers le ciel. C'est la première fois que je vois autant de neige.

Quand mon pied s'enfonce encore dans l'épais tapis de flocons, je ressens une vive brulure. Je baisse les yeux tout en grimaçant de douleur pour apercevoir mes orteils d'un bleu inquiétant. À la vue de mes pieds frigorifiés, le froid me frappe tout d'un coup et je ne peux réprimer une série de violent grelottement. Mon seul vêtement est une robe argentée qui s'arrête à la mi-cuisse.

Je tente de me réchauffer du mieux que je le peux en frottant la paume de mes mains sur mes bras et en sautillant d'un pied sur l'autre pour éviter le plus possible le contact avec la neige.

Comment suis-je arrivée ici?

Cette question trotte dans ma tête et j'essaie de remonter dans mes souvenirs afin d'y trouver la réponse, mais je ne me rappelle rien.

- Il y a quelqu'un? criais-je.

Je n'entends que l'écho de ma propre voix.

Une sueur froide me parcourt l'échine. Je suis complètement seule et perdue. Reste à savoir combien de temps je vais tenir avant de mourir de froid.

Mon père m'a déjà dit que lors du dernier stade de l'hypothermie, le froid se transforme en chaleur intense et c'est à ce moment que l'on sait qu'on va mourir. Pour l'instant, je suis toujours gelée jusqu'à l'os, alors je ne dois pas perdre plus de temps.

Je fais quelques pas sans trop savoir quelle direction je dois emprunter. Si je marche tout droit, je devrais finir par quitter cet endroit.

Du moins, je l'espère.

Un craquement retentit dans mon dos et je me retourne brusquement, le cœur prêt à me sortir de la poitrine. Devant moi, un loup noir immobile me toise de ses iris jaunes.

Je reste figée sur place ne sachant pas comment réagir. Si je prends la fuite, il me rattrapera immédiatement.

Je balaie mes yeux de gauche à droite. Il ne semble pas y avoir d'autres loups aux alentours. Normalement, ces animaux attaquent en meute. Le regard de la bête est persan, mais il semble calme, comme s'il est curieux de voir un humain sur son territoire.

Je franchis quelques pas de course vers lui pour l'effrayer afin qu'il parte, mais celui-ci ne bouge pas d'un poil, c'est à peine s'il cligne des yeux.

- Aller va-t'en! hurlais-je en bougeant mes bras dans sa direction.

Le loup réagit enfin, mais pas de la manière dont je l'ai espéré. Il retrousse ses babines, me montrant ses crocs acérés.

J'arrête de respirer un instant, les yeux rivés sur la gueule de l'animal.

Le loup avance désormais lentement vers moi tout en grognant. Je n'ai même pas le temps de bien réfléchir que mes jambes prennent la décision de courir le plus rapidement possible. Il est clair que si je n'avais pas bougé j'aurais fini déchiqueté sous ses canines.

J'entends des pas de course derrière moi, signe que l'animal prend du terrain. Mes poumons me brûlent et mes jambes menacent de s'écrouler à tout moment. Je jette un regard derrière mon épaule afin de voir combien de temps il me reste à vivre, mais je ne suis plus suivie.

Le loup s'est volatilisé.

Je m'arrête et pose les mains sur mes genoux tout en prenant de très grandes respirations. Je ferme mes paupières quelques secondes, prise d'une soudaine envie de rire ou de pleurer. Cette bête s'est bien jouée de moi.

Quand je me redresse et rouvre les yeux, le loup noir est de nouveau devant moi, à moins d'un mètre. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il se jette à mes pieds et plante ses crocs dans ma cheville dénudée. Je hurle de douleur tout en tombant sur le dos dans la neige. L'animal commence à me tirer sur le sol, les dents fermement serrées autour de mon membre. Je tourne mon corps difficilement sur le ventre et je tente de m'accrocher à n'importe quoi se trouvant autour de moi.

En vin.

Au loin, une porte apparaît comme par magie. Elle ressemble à celles que l'on retrouve dans les gymnases des lycées. Elle tient debout au beau milieu de la forêt sans aucun bâtiment pour la contenir. Je me demande sincèrement si le froid ne me fait pas halluciner. Une attraction que je ne peux décrire me pousse tout de même vers cette porte, comme si une voix dans ma tête me crie de la traverser pour être en sécurité. C'est peut-être cette même voix qui trouve la force d'asséner un puissant coup de pied dans le flanc du loup.

Dans un couinement, l'animal lâche sa prise et roule plusieurs fois sur lui-même. Ne perdant pas une seconde de plus je me jette sur mes deux pieds en essayant d'oublier la vive douleur à ma cheville et je me mets à courir vers la porte métallique à deux battants. Je ne sais pas si la bête a continué de me pourchasser, car dès que je parviens à mon but, je pousse les battants et me glisse à l'intérieur.

Là où m'attend une chute libre parmi les ténèbres.

                                                                                            ***

Je m'agrippe à la banquette en cuir de la voiture de mon père quand je me réveille en sursaut.

- Ça va ma chérie? me demande mon père assis au siège conducteur.

- Oui, j'ai seulement fait un cauchemar, articulais-je le souffle court comme si j'étais encore essoufflée de ma course dans les bois.

- Il devait être effrayant pour que tu sois dans cet état.

Ma cheville me brûle autant que pendant mon rêve. Avec l'aide de mes mains, je relève le bas de mon jeans pour y découvrir avec horreur l'entaille d'une profonde morsure fraiche.

- On est arrivé à Beacon Hills, mais tu peux te rendormir si tu veux. Je crois qu'on en a encore pour un bon moment dans cet embouteillage.

- Non, ça va, je vais rester éveillée, dis-je d'une voix tremblante sans quitter des yeux ma blessure saignante.

                                                                                              ***

Beacon Hills, la ville où il a passé son enfance, la ville où il a commis des actes impardonnables et la ville où il revient maintenant pour terminer ce qu'il a commencé.

Il regarde à l'extérieur les nombreuses voitures prises dans l'embouteillage avant de concentrer son attention sur les deux adultes assis sur les sièges avant de sa voiture. L'homme et la femme sont complètement crispés, effrayés de ce que le jeune homme pourrait leur faire. Un silence de mort règne dans le véhicule. Theo se fiche bien d'eux, mais il a besoin de leur aide pour rendre sa condition crédible.

L'adolescent sourit de toutes ses dents lorsque qu'il repense à quel point son plan est génial.

Il va bientôt devenir alpha.

                                                                                           *** 


Teen Wolf -The Dread Wolf- Theo RaekenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant