La Maison Initiée

Partie 2

Les cours venaient de se terminer et Émilie raccompagna sa jeune sœur à la maison, l'école primaire étant adjacente. Elle devait aussi se dépêcher de préparer le goûter pour ses invités avec l'aide de sa maman, mais une tâche inattendue s'était glissée dans son planning. Elle fut désignée par le professeur pour apporter les devoirs au domicile de Marion afin de lui éviter tout retard. Ça tombait bien, c'était son amie et elle connaissait bien le chemin ainsi que la famille.

Une fois à destination, c'est la mère de Marion qui reçut chaleureusement Émilie, bien qu'un peu décontenancée.

Merci pour tout ce que tu fais pour ma fille. Je suis désolée que tu ne puisses lui dire bonjour, depuis hier elle s'enferme dans sa chambre et ne parle plus à personne. Elle a le regard vide...

''Qu'est-ce qui s'est passé ?''

''Son père a disparu, mais elle était déjà comme ça un peu avant. Je crois que c'est depuis qu'elle a rendu visite à < l'Érudit >, elle me parlait souvent de cette histoire et voulait s'en assurer d'elle-même. Je jure que s'il a fait quelque chose à mon trésor !... sanglota-t-elle.''

''Ne vous inquiétez pas, ce doit être un hasard. Moi aussi j'ai besoin d'être seule parfois. J'espère que vous retrouverez vite votre mari.''

''Merci, par contre je vais quand même contacter la police. Cet homme solitaire reçoit tous les jours des adolescents dans sa villa à cause de cette rumeur débile. Qui sait ce qu'il pourrait bien leur faire ?''

''Comme vous le souhaitez. Si elle sort de sa chambre, dites à Marion qu'elle peut passer chez moi. Tout le monde y est et on va manger des crêpes !''

''J'y penserais... Éclatez-vous bien.''

...

Comme prévu, le goûter pris place au domicile des Martin. Les hôtes attendaient impatiemment la délicieuse cuisine de la maman d'Émilie, reniflant le doux parfum de la pâte. Chacun allait de son commentaire pour savoir définitivement quelle était la meilleure garniture. Profitant de l'occasion pour faire un peu plus connaissance avec Chloé, la protégée de Camille.

Pendant ce temps, Émilie se perdait dans ses pensées et ne participait donc pas au débat enflammé. L'histoire de Laura l'avait profondément marquée, celle-ci faisant écho à l'état actuel de Marion. Elle fixait alors le seuil du voisin depuis la large fenêtre du salon. Des policiers vinrent taper à sa porte, sûrement à la demande de la mère de son amie.

''Dis-moi, tu scrutes le voisin ? Tu n'essayerais pas de me rendre jaloux par hasard ?''

''Arrête un peu de plaisanter Gabriel. Cette fois ça a l'air grave. J'ai l'impression qu'ils ont carrément amené un mandat.''

''C'est pas trop tôt ! Quelqu'un de louche comme lui dans notre petit coin tranquille, ça fait bien longtemps qu'ils auraient dû envoyer des agents, s'exprima Camille.''

''Pauvres fous, ils pénètrent dans la maison de l'Érudit. Ils vont finir lobotomisés. Rien ni personne ne peut s'opposer à sa toute-puissance ! délira Laura.''

''Rien, à part les menottes. Regarde, ils sont déjà ressortis et ils l'embarquent. Ils sont nerveux, ils ont sûrement trouvé quelque chose, conclut-il.''

''Oubliez tous vos problèmes les enfants ! Le sucre est le baume du cœur, toutefois, faites attention à ne pas en abuser. Par contre aujourd'hui, je vous donne l'autorisation spéciale de vous exploser le ventre, annonça fièrement Monsieur Martin.''

Il sortit de la cuisine avec une montagne de crêpes. Canis ainsi que la cadette à l'affût, se jetèrent sur les pieds du papa manquant de le faire trébucher. Tout deux suppliaient tels de vrais affamés.

''Patience ma chérie. Installe-toi à table avec les grands.''

Le groupe s'empiffra jusqu'à n'en plus pouvoir. Effectivement, les crêpes gourmandes de la famille Martin avaient le potentiel de faire disparaître tous les tracas. Toutefois, à moins d'en manger à toutes les heures de la journée, cela ne reste qu'une solution temporaire. Comme la drogue ne fait qu'oublier les problèmes, le temps que personne ne les résolve, ceux-ci prolifèrent dangereusement.