La révision : passage obligé

Depuis le début
                                    

Après l'oubli (ou presque), la prochaine étape est la lecture. Imprimez l'ensemble des pages et abordez le roman comme un lecteur qui découvre cette histoire pour le première fois. Ce n'est pas si facile à faire car on sait très bien que ce n'est pas quelqu'un d'autre qui a écrit cette histoire, donc il y a conflit d'intérêt. Pourtant, avec les quelques semaines (ou mois, préférablement) qui vous ont distancié de ce premier jet, vous devriez déjà être en mesure de faire l'exercice avec un oeil un peu moins collé sur la creation. Lisez sans vous attarder aux phôtes d'ortograffes. Prenez des notes mais soyez bref pour ne pas interrompre le flot de lecture. Soyez indulgent.

Une fois cette lecture complétée, vous devriez déjà avoir une bonne idée de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas dans votre oeuvre. Prenez le temps de tracer les grandes lignes de ces points positifs et négatifs.

Puis, reprenez la lecture mais phrase par phrase en notant, soit dans la marge soit dans un document séparé (papier ou électronique) ou directement dans le document Word (dont vous aurez fait une copie au préalable), les améliorations qui vous sautent aux yeux. Notez qu'à cette étape, vous pouvez aussi souligner les erreurs (fautes de frappe, coquilles, orthographe, grammaire, etc.) mais ne vous attardez pas trop.

Il peut être aussi utile de se constituer une série de notes ordonnées comme un calendrier (ou trame du temps) qui retrace les événements et les dates importantes de votre histoire - et même y inclure les événements secondaires comme les antécédents de vos personnages. Créez-vous des fiches de personnages (si ça pas été fait lors de la planification de votre roman), de lieux et de chapitres avec un résumé de chacun d'eux.

Avec ces tableaux, vous aurez une vue d'ensemble de votre roman et vous serez en mesure d'apporter des corrections. Par exemple, si un des personnages se trouve à Paris au premier chapitre et que vous le retrouvez à New-York le chapitre suivant sans expliquer pourquoi il s'y retrouve, vous devez le faire. Si c'est une erreur (sérieusement?), il faut corriger pour éviter la confusion. Appliquez ces corrections avec rigueur. Si Alban a les cheveux blonds et raides aux épaules, ne nous le présentez pas avec un nouveau look au chapitre 8 lorsque Anita lui caresse ses tresses frisées noires.

Les erreurs les plus fréquentes concernent le temps. Portez-y une attention toute particulière car cela agace le lecteur. Il est important de tracer une ligne du temps pour l'ensemble du roman mais aussi pour chacun des personnages car s'il y a des trous ou des retours en arrière qui s'empilent, le lecteur baîllera d'ennui et ira voir ailleurs.

Une fois cette étape franchie, vous pouvez peut-être prendre une pause mais moins longue que la précédente car il faut travailler la matière tandis qu'elle est en mouvement dans notre esprit. Faites une nouvelle lecture et adjuster. Comme pour une recette, on ajoute un peu de sel ou on enlève du liquide pour atteindre son but.

Vous pouvez lire et relire jusqu'à ce que vous sentiez que tout est dans l'ordre et que la lecture se fait sans heurts et avec toute la fluidité qu'un lecteur s'attend à trouver dans un bon roman.

Une fois ce travail fait (qui est, à mon avis, le plus dificile), il faut aller jongler avec les mots en fouillant les dictionnaires, cherchant la faute d'othographe, pointant la bonne  conjugaison, substituant un synonyme pour un autre, racourcissant une phrase trop longue, cherchant la petite bête qui se cache dans les coquilles, bref, en s'armant d'une loupe bien polie de connaissances.

La meilleure arme pour dépoussiérer vos milliers de mots, c'est un bon correcteur. Bien-sûr, si on a les moyens, on peut se payer une vraie personne diplômée jusqu'au cerveau, qui se fera un plaisir de vous facturer au mot. Mieux encore, et pour moins cher, vous pourriez opter pour un correcteur comme Antidote (don't j'ai déjà parlé dans un des premiers chapitres de ce livre) qui fera un grand ménage dans votre jardin de mots et, qui plus est, vous fera des suggestions au fur et à mesure que vous progresserez dans la correction.

Ici aussi, on devra reprendre l'exercice à plus d'une reprise car vous pourriez être tenté de réécrire des passages en trouvant qu'un mot trop faible nuit à l'histoire et qu'en le remplaçant vous sentiez inspiré d'en ajouter de nouveaux pour mettre de la "viande" autour de votre propos.

Donc, lire et relire, corriger et recorriger.

En terminant ce long cycle, vous devriez remettre votre manuscrit à un ami (ou un ami d'un ami) qui a toujours eu de bonnes notes en français (ou encore qui a obtenu un diplôme en littérature, ce qui serait l'idéal) afin qu'il relise le tout et vous fasse part de ses propres commentaires. Encore une fois, après cet exercice, vous devriez vous taper une autre session de travail pour appliquer ces dernières retouches.

Et ensuite? Publiez (ou republiez) votre roman!

Si toutes ces étapes vous découragent, alors vous n'êtes peut-être pas fait pour devenir écrivain. Et si malgré tout, vous publiez votre histoire sans faire ces efforts, ne vous attendez pas à des milliers de lectures et encore moins à des votes.

Cependant, ne vous découragez pas. Soyez actif, créatif, inspiré... Ne vous laissez pas abattre si vous sentez dépassé par toutes les règles de grammaires, la conjugaison et surtout l'orthographe. Lisez. Écrivez. Lisez encore! Choisissez un mot different dans le dictionnaire tous les jours et apprivoisez-le. Revoyez tous les "ces", "ses", "c'est", "s'est", "sait", "sais" qui vous compliquent la vie. Faites-en vos amis. La langue française est un coffre à bijoux dont on ignore trop souvent le contenu.

Et par-dessus tout, amusez-vous!


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