Sourire

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Il observait le piano qui lui faisait face. L'èbène brillait au travers des rayons froids de la lune d'hiver. Assis dans l'ombre, il observait ce piano magnifique qui lui souriait. De grand yeux apparurent. Des clés de Sol, des clés de Fa ainsi que des notes se reflétaient dedans. Le garçon compris qu'il lui proposait un jeu, un nouveau défi. Il s'assit sur le tabouret de bois et posa ses mains sur ses cuisses. Il plongea ses yeux dans ceux du piano. Il resta ainsi un temps puis la lune s'effaça lentement derrière les sombres nuages. Il sortit alors de cette douce torpeur et fit glisser ses doigts sur cet éternel sourire. Les notes s'envolèrent dans la pièce froide. Les rideaux gelés frissonnaient en caressant les vitres craquelées. L'air de la pièce était aussi froid que l'extérieur mais celui de Listz tintait comme un clochette et semblait réchauffer la pièce. Il joua parfaitement chaque note. Elles devinrent plus intenses. Tout son corps tremblait et une violente fièvre le parcourut. Il retint alors sa respiration pour jouer ses dernières secondes et foudroya de ses doigts ce sourire qui le défiait.

Un corps gisait, la tête sur le piano. Une vieille femme s'approcha. Elle reconnue le petit garçon de son amie. Son visage était pâle et ses lèvres gercées était devenues glace. Du sang avait coulé sur les touches blanches du piano. Elle appela un homme qui prit le jeune garçon dans ses bras après l'avoir recouvert d'une couverture. Une autre femme vint ensuite nettoyer le clavier, puis rabattu le couvercle. Tous quittèrent la pièce et la vielle dame la scella.


- Je vous suis vraiment reconnaissante d'avoir retrouvé mon fils et de l'avoir soigné. Veuillez aussi m'excuser pour les soucis qu'il a pu vous causer. Une femme habillé luxueusement tenait par la main le petit garçon, tout en serrant la main de son hôte.

 - Je dois vous dire, reprit-elle avec gêne, sans lâcher la main de la vieille dame, mon fils est comme ceci depuis sa naissance, il ne se comporte pas comme un humain et il croit communiquer avec les instruments. Les médecins disent qu'il est autiste. Heureusement, pour moi, il est également mélomane. 

Les deux femmes continuèrent leur conversation, pendant que le petit garçon regarda la porte qui le séparait de celui qui lui souriait hier. Il savait qu'il se sentait seul et qu'il gelait dans cette pièce. Il savait qu'à cet instant il ne souriait plus.

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⏰ Last updated: Feb 20, 2016 ⏰

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