DEAN WHITE ( 1er jet )

Quatre. Dans l'ombre de Paris.

« - Ok, c'est quoi ce bordel ? »

Dean fixe l'Observateur à ses côtés, non sans lâcher un juron faible. Giles ne lui accorde aucune réponse, se contentant d'observer les gamines attablées. C'est une blague, une funeste plaisanterie, hein ? Lorsque le conseil l'avait viré, Dean était persuadé de les voir pour la dernière fois. Pourtant, aujourd'hui, ils étaient tous réunis en face de lui. Le jeune homme n'a pas décroisé les bras, et d'une moue revêche, il avance comme un automate vers les marches. Une mezzanine portant plusieurs étagères remplies et aux barreaux de bois délicats s'élèvent au-dessus des rangées de table. Le désordre des filles potentielles contraste avec la pièce bien rangée. Les tables sont éparpillées, n'ayant de sens que la bonne volonté des gamines à vouloir s'unir en groupe. Voilà ce qu'elles sont, des gosses qu'ils vont envoyer à l'abattoir. 

- Des gosses ? commence Dean en serrant les dents. Ces potentielles sont à peine formées, dans tous les sens du terme. Qu'est-ce que vous voulez qu'on en fasse ?

- Hé ! s'insurge une voix dans le fond, à laquelle Dean ne prête pas attention.

- La plupart d'entre elles ont un Observateur depuis toujours, Dean.

- C'est qui ce mec ? demande une rousse dans le fond.

- Navré, mesdemoiselles, j'en oublie ma politesse, s'excuse Giles en approchant de Dean. Je vous présente Dean White, il ... possède des capacités non négligeables pour nous aider à accélérer le processus.

- Le processus ? répète l'intéressé en posant sa fesse droite sur le bord d'une table.

Ses prunelles observent les filles, qui en retour lui rendent leurs regards tantôt intrigués, tantôt inquiets. Sourcils froncés, le français fait la moue alors qu'un picotement étrange le démange dans la nuque.  Brusquement, ce dernier se redresse pour se détourner des tables amassés au centre. Dans le fond, une femme de taille moyenne à la peau mate et aux cheveux noirs comme l'encre l'observe de ses yeux émeraudes. Il doute qu'elle soit à 100% française, et il est clair qu'elle n'est pas totalement humaine. 

- ... Une sorcière ? souffle-t-il en se tournant vers Giles. Ca devient de plus en plus bizarre votre histoire.

L'anglais sait pourtant que Dean n'apprécie pas vraiment les sorciers.

- Je te présente Savannah, rétorque-t-il sans faire fi de son air buté. Elle nous sera aussi d'une grande aide pour ce qui va suivre.

- Et ce qui va suivre, c'est quoi au juste ? insiste le blond en se tournant à nouveau vers la fille.

Après quelques secondes de silence, la jeune femme lâche d'un ton morne :

- La fin du monde.

Le blond hausse les sourcils, décroise les bras et détend ses épaules larges.

- Ah. » fut tout ce qu'il parvient lâcher.